La semaine qui suivit fut l'une des pires qu'Astre eut vécue depuis le début de sa scolarité. La douleur, d'abord superficielle, s'était lentement approprié le corps du jeune homme, le réduisant progressivement à une triste marionnette esclave d'une effroyable agonie.
Les membres engourdis jusqu'au bout des doigts, le visage creusé par une fatigue intarissable, il dépensait l'entièreté de ses jours à attendre la visite d'un visage familier, enfoncé dans les draps glacials de l'infirmerie, déserte en cette période de l'année.
Chaque matin, le jeune noble se réveillait avec l'affreuse surprise d'avoir perdu une nouvelle de ses facultés. Cela pouvait être quelque chose de bénin comme l'altération de ses perceptions auditives et visuelles ou bien, à des degrés plus alarmants, des troubles cognitifs inquiétants, de lourdes pertes de mémoire...
Ayant pris conscience de la situation critique du Phantomhive, l'infirmière, Madame Bealher, s'était résolue à interdire l'accès de l'infirmerie à toutes visites extérieures pour maintenir le garçon dans un climat de calme et d'équilibre nécessaire à sa convalescence. Mais le pauvre ne s'était pas remis de cette décision. Et après maintes protestations, il avait tout de même réussi à obtenir de la vieille dame la permission que Sullivan puisse continuer à venir le voir, les soirs vers 21 heures. En effet, la jeune Allemande avait pris l'habitude de veiller sur lui après ses repas au réfectoire. C'était une sorte de rituel qui s'était instaurée entre eux depuis qu'Astre était alité, et qui représentait le seul moment de bonheur égayant les journées mornes du petit noble.
Pourtant, le jeudi matin vers 10 heures, tout dégénéra.
Malgré les consignes claires affichées en énormes caractères sur la porte, Ciel entra dans l'infirmerie, un gros paquet enrubanné sous le bras droit.
Son visage se crispa d'agacement lorsqu'il aperçut Sieglinde, assise au côté de son cadet, leurs deux mains étroitement entrelacées.
Il ignorait quelle était la nature de leur relation, mais cette fille s'octroyait le droit d'occuper la place sacrée du chevet de son frère sans même avoir au préalable consulté son opinion.
- Qu'est-ce que tu fais là, la sorcière ? Questionna-t-il en jetant un regard plein de mépris à la brune, balançant le paquet sur le lit d'à côté.
- Je t'en prie Ciel. Murmura Astre d'une toute petite voix éreintée. Michaelis un démon, Sieglinde une sorcière, est-ce que cette mascarade n'est pas bientôt terminée ?
Les mots du petit s'étouffèrent dans une virulente quinte de toux qui réveilla l'inquiétude des deux autres.
Il parvenait à peine à aligner quelques mots. De simples actions telles que s'exprimer ou se mouvoir pour attraper quelque chose étaient devenues de véritables obstacles du quotidien.
- Ce n'est pas une mascarade. On sait tous qu'elle est pas normale ! Mon instinct ne se trompe jamais.
- Au diable ton instinct
Phantomhive ! Se récria la jeune fille, les joues écarlates. Si on t'entend tenir ce genre de propos, Scotland Yard aura une très bonne raison de vouloir te jeter au trou ! Je ne suis pas une sorcière !Un sourire narquois s'esquissa sur le minois du jeune comte.
- Vexée ? En déduit-il, le regard moqueur. Une noble comme toi, qui reste à l'écart en permanence, ne peut être que trois choses. Une asociale, une psychopathe aux aspirations sorcellaires, ou bien les deux. Ta nature de sorcière est une évidence pour moi. Tu perds ton temps à essayer de me prouver le contraire.
Elle serra les poings, visiblement contrariée par cette attaque méchante et purement gratuite, puis se leva, prise d'une impulsivité guidée par la colère.
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𝐓𝐡𝐞𝐨𝐫𝐲 𝐨𝐟 𝐁𝐫𝐨𝐤𝐞𝐧 𝐃𝐫𝐞𝐚𝐦𝐬
FanfictionCiel Phantomhive, jeune noble d'une extrême beauté, héritier de la plus grande famille d'Angleterre, est le garçon le plus populaire et le plus aimé de tout le Weston College, l'université de fortune Oxfordienne. Astre Parker, jeune garçon pauvre, m...