otage

chapitre 30

- Je... euh... commence Syllana, gênée.

- Non. Il ne s'est rien passé.

- Ah oui excuse-moi, j'avais oublié que tu préfères te taper la pouf de l'épicerie, dit-elle en partant s'enfermer dans la salle de bain.

Enfin, s'enfermer est un bien grand mot puisqu'il n'y a pas de verrou. Mais bon, je la laisse faire, si ça peut éviter que je lui saute dessus à nouveau. Cette meuf m'attire pire qu'un aimant autant qu'elle me saoule et que j'ai envi de lui mettre des baffes.

Le soir, je suis en train de faire cuire des petits pois carottes tandis que mon otage dort. Quand elle est sortie de la salle de bain, elle s'est installée sur le matelas gonflable que j'ai rebouché entre temps et n'a pas bougé de la journée. Je crois que je l'ai vexé en lui disant de faire comme si rien ne s'était passé. La vérité, c'est que je ne sais même pas ce qu'il s'est passé. Pourquoi est-ce que j'ai tellement eu envie de lui sauter dessus ?

Une fois que le repas, enfin si on peut appeler ça un repas, est prêt, je m'approche de Syllana et la secoue pour la réveiller puis lui tends son assiette, qu'elle prend.

- Merci, marmonne-t-elle.

Je me lève et m'assois sur mon lit, à quelques mètres d'elle.

- J'ai pensé à quelque chose, dit-elle.

Je lève la tête vers elle.

- C'est bientôt Noël, fait-elle en regardant le sol.

- Je fête pas Noël.

- Mais... moi si...

- Et alors quoi ? Tu veux que j'me déguise en père noël et que je rapporte un cadeau ? Rêve pas trop. Quoique ça pourrait être sexy...

Elle lève les yeux au ciel et s'emmitoufle dans une couverture avant de commencer à manger.

- Ma famille me manque, soupire-t-elle.

Les femmes ont le pouvoir de casser les couilles en parlant sans arrêt. Je me contente de l'ignorer.

- Et j'imagine que la tienne aussi... non ?

Je soupire. C'est vrai que j'aimerai les revoir. Mais si j'ai pu vivre cinq ans en taule sans pouvoir être à leurs côtés, même si il y avait des rares visites, alors je peux tenir tout un hiver.

- Franchement, t'as pas à te plaindre. Y'a des otages qui se font violer, battre et attacher. Avec moi t'es bien.

Elle hausse les épaules.

- C'est une façon de voir les choses. Mais tu as esquivé ma question.

- T'es chiante. Ouais, ma famille me manque, t'es contente ?

Elle ne répond pas et se contente de secouer la tête négativement.

- Pourquoi on arrive pas à s'entendre toi et moi ? demande-t-elle.

- T'es mon otage. On a pas à s'entendre.

- Et pourquoi pas ? On pourrait...

- C'est pas parce que j'étais sur le point de te baiser ce matin que tu fous prendre la confiance, ok !?

Ses yeux s'agrandissent légèrement, mais elle ne répond pas et se contente de poser son assiette puis se retourne. J'ai cru voir de la peine dans ses yeux. Pourquoi je m'en veux de lui en avoir fait ? C'est pas normal. Je souffle et pour passer le temps je décide de nettoyer mes armes. Ouais, chacun ses passes temps. Je m'ouvre une bière et la bois tout en parlant avec mes frères par message puis décide d'aller me coucher. C'est la première fois depuis quelques jours que Syllana ne dort pas avec moi et j'avoue que ça me fait bizarre. Je rabats la couette sur mon torse et ferme les yeux, puis tente de m'endormir en chassant de mes pensées la petite brune qui dort à quelques mètres de moi.