chapitre 12

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Le gala commence dans une heure et il nous faut cinquante minutes pour y aller. Je pense que Syllana fait exprès de prendre son temps et sa m'énerve. La maquilleuse, la coiffeuse et la styliste sont déjà reparties.

Elle se montre finalement deux minutes plus-tard, et je dois reconnaître qu'elle est sublime. Elle a mis une longue robe rouge à dentelle moulante avec le buste en dentelle rouge également. Ses cheveux sont bouclés et elle a sa raie sur le côté. Niveau maquillage, elle a du doré sur les paupières et du mascara et du rouge à lèvre rouge sur les lèvres. Je n'avais jamais remarqué à quel point ses lèvres sont pulpeuses. Je la vois me détailler un court instant puis détourner la tête. On monte tous les deux dans ma berline bleue nuit et je fais bien attention à verrouiller les portières. Durant le trajet, ni elle ni moi ne parlons. Ça tombe bien, je n'ai jamais été quelqu'un de bavard.

Quand on arrive, en bon gentleman, je vais lui ouvrir la portière.

- C'est bien d'avoir un portier, commente-t-elle.

- La prochaine fois je t'écrase la portière dessus.

Elle échappe un rire. Léger, mais un rire quand même. C'est la première fois que je l'entends rigoler. Je lui tends mon bras, qu'elle ignore.

- Faut faire genre qu'on est ensemble alors accroche toi à mon bras, et plus vite que ça.

Comme elle ne s'exécute pas, j'ajoute :

- Tu sais ce qui arrive quand tu me contraries.

Elle lève les yeux au ciel et cale son bras dans le mien.

- Au fait, tu penses quoi de mes chaussures ? fait-elle en relevant le bas de sa robe.

Oh la pute. C'est les chaussures avec lesquelles elle m'a assommé il y a quelques jours. Elle n'a vraiment pas froid aux yeux.

- Attention trésor. Si tu me cherches, tu vas me trouver.

C'est en même temps une menace et un avertissement. On entre dans la salle de réception et la première chose que je remarque, c'est toutes les putes qui ont été payés spécialement pour la soirée. Il y en a une dizaine regroupées dans un coin de la salle. Vu les regards aguicheurs qu'elles lancent à tous les mecs présents dans la salle, ça se voit qu'elles ne sont pas forcées à faire ça. Personnellement, je ne fais pas affaires avec les proxénètes. Ma mère, le peu de temps que je l'ai connu, m'a inculqué le respect de la femme. Bon, c'est vrai que je ne respecte pas tout ce qu'elle m'a appris, mais même si j'ai déjà levé la main sur des femmes à plusieurs reprises, je n'en ai jamais agressé sexuellement parlant.

- Sohan ! Comment ça va ? Toujours les cheveux blonds !?

- Francisco ! Et ouais, c'est ma marque de distinction !

- En terme de marque de distinction, ta cicatrice suffit amplement.

Je lui mets un faux coup de poing dans l'épaule tandis qu'il se marre. Je le vois regarder Syllana.

- Je te présente Syllana Johnson, mon...

- Otage, oui, je sais. Bonjour mademoiselle. J'espère que Sohan s'occupe bien de vous.

- Oh, si m'enfermer dans une espèce de chambre lugubre sans fenêtre c'est être bien traité, alors je suis extrêmement bien traité ! dit-elle, ironique.

- Sohan ! Tu as vraiment...

- Ouais, pas besoin de s'éterniser sur le sujet. Pourquoi Lewis est là ?

Lewis est le chef du plus gros cartel de drogue d'Angleterre et aussi mon pire ennemi. On a jamais pu se blairer. Oh, et c'est le frère de Julia. Julia l'aidait à gérer le cartel avant, puis elle a voyagé jusqu'ici et a perdu sa virginité avec un surfeur et à ce qu'elle m'a dit, depuis elle ne peut plus se passer du sexe et du soleil. Le truc, c'est que le cartel de Lewis est un des cartels avec lequel je fais le plus d'échanges, c'est donc pas pratique d'être ennemi avec lui. Enfin bon, bref.

- C'est normal qu'il soit là. C'est une personne importante pour le réseau.

J'hausse les épaules.

- Il était pas obligé de faire le déplacement.

- Bon, pas de mauvais esprit ce soir s'il te plaît. Je vous laisse, il faut que j'aille parler aux nouveaux arrivants. Profitez bien de la soirée !

Syllana hoche poliment la tête tandis que je l'entraîne avec moi vers Lewis. Il ne cache pas son dégoût de me voir.

- Comment ça va Lewis ? Tu veux des nouvelles de ta soeur ? Oh, je la prends quasiment tous les jours sur mon bureau et elle kiff ça.

Je sais que Julia, c'est son point faible.

- Et si tu la fermais un peu pour changer ? demande-t-il en posant son verre, signe qu'il est prêt à se battre.

J'éloigne Syllana de moi et desserre ma cravate.

- Attends, je t'ai pas tout dit. Elle kiff encore plus qu'avant quand je rentre mes doigts dans sa...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'il envoie valser son poing dans ma figure.

otageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant