Coeur fébrile

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Mourir

Quitter la vie

Perdre la vie. 

Quitter ce monde et rejoindre un autre, si toutefois il y en a vraiment un... 

Comment une personne, en vie et qui est sur le point de franchir la frontière ultime, peut s'assurer qu'elle n'a absolument rien regretté de sa misérable vie et qu'elle peut mourir en paix? Comment peut-on être en paix alors que cette lumière forte et aveuglante se précipite sur nous?  D'ailleurs, pourquoi repense t'on la mort à travers cette image lugubre? La lumière représente pourtant la connaissance ou encore le divin et est  tout à l'opposé de quelque chose d'effrayant, elle se veut justement plus rassurante, alors pourquoi cette image nous aspire que peur et appréhension?

 Peut-être parce que seulement une fois mort, la connaissance sur le futur nous vient ou encore mieux, Dieu pour les croyants. Mais malheureusement, personne à ce jour n'est revenu d'entre les morts pour nous annoncer la suite, si elle existe. Pensez-vous qu'on agirait différemment si l'on savait la suite? Pensez-vous que le sens de notre vie serait éclairé par cette connaissance ?

Tout ce que l'on peut dire pour l'instant ne sont qu'hypothèses jamais démontrées. Trop de questions et pour funestes réponses  des "peut-être" et jamais assez de "parce que". 

Le suicide, se donner la mort. Pourquoi  qualifie-t'on cet acte d'accablant et de misérable? Toutefois, il faut bien souligner qu'on dit donner, comme l'on donne un cadeau. Je ne dis pas que c'est la meilleure solution car on se prive tout de même de toutes les infimes chances de retrouver la vie, sous n'importe quelle forme qu'elle soit. Croyez-moi, si je n'avais qu'un seul moyen de m'y accrocher, je le ferais, ne serait-ce que pour donner une chance à mon âme. 

 Le suicide est un acte horrible et désespéré mais celui qui se donne la mort reflète tout le contraire. Se dire que je vais mettre fin à ma vie, là, à l'instant. Se dire qu'on va quitter tout ce qu'on a connu et qu'on va affronter l'au-delà, seul. Quitter ce monde, ne plus exister. Et bien vous pouvez trouver cela étrange mais selon moi, le suicide est l'acte le plus poétique et sublime de l'homme. 

Seulement, je ne fessais pas partie de ces courageux. La mort était venue à moi sans que je ne l'ai appelée, prête à rompre le fin fil de ma vie. 

-ROULE PLUS VITE! Ma tête posée sur sa cuisse, nous deux sur la banquette arrière d'une voiture, Oscar hurlait sur son père qui conduisait : MAS RAPIDO ( PLUS VITE)!!  Je crois ne l'avoir jamais vu si paniqué, si effrayé. 

Je glissa ma main tremblante la sienne dans la mienne tandis que son autre large main compressait mon épaule, là ou le petit bout de plomb s'était logé en moi.  Il posa enfin son regard sur moi... Je lui dis d'un murmure:

 -Oscar... J'ai peur.  Une larme salée dévala ma joue.  Les lumières faibles des lampadaires  défilants nous éclairait faiblement. Tout les sons, toutes mes sensations étaient réduits à néant contrairement à mes émotions.

 Voyez-vous, ma plus grande faiblesse est l'amour. J'aime trop de personnes pour pouvoir oser les faire souffrir. Et savoir que je vais le faire à mes dépends m'effraye. J'ai peur oui, j'ai peur de la mort qui se nargue à quelques mètres de moi, mais j'ai aussi peur de mettre à terme l'amour que j'éprouve envers certaines personnes car je ne serai plus là. J'ai peur pour eux, j'ai peur qu'ils ne se relèvent pas après mon départ et que même si ils ont l'air en vie, les flammes dans leurs coeurs s'éteignent à tout jamais ne laissant que vide et obscurité.

-Hey, regarde-moi, regarde-moi! Tu n'as pas à avoir peur entendio? Rien ne t'arrivera. 

-Oscar... Je secoua la tète délicatement de gauche à droite et plus de larmes dévalèrent mes joues. Je ne vais pas y arriver... 

Ne pensez pas que j'abandonne le combat. C'est une bataille dont je suis seulement spectatrice et non actrice. Lorsque quelqu'un guérit du cancer, nous allons dire: il a gagner ce combat, il s'est battu. Mais que dit-on de celui qui a succombé à cette guerre? Nous ne disons pas qu'il a perdu alors pourquoi dans le cas contraire, nomme t-on cela comme une victoire? 

J'étais comme un malade sur mon lit de mort, mes visiteurs m'encourageaient pour que je me batte mais entendez-vous que je ne peux rien y faire? 

Il se rapprocha de moi, le visage humide:

  -Non, arrêtes... Je ne veux pas t'entendre,pas ça, il faut que tu gardes tes forces.

J'ignorai ce qu'il me fessait le plus mal, était-ce ma poitrine qui me brûlait ou le simple fait  de le voir ainsi? J'avala difficilement ma salive et lui répond péniblement comme si chaque parole alourdit ma peine. 

-Laisses-moi, laisses moi te dire tout ce que je n'ai pas eu le courage d-de le faire.Avant qu-qu'il soit trop tard.  Il me serra la main et ne me quitta pas des yeux. Après un court instant, il hocha de la tête. Je le ressentais, si il disait un mot de plus, il allait craquer devant moi. 

-Tu lui diras que je le pardonne. Je dirigea mon regard vers le siège du conducteur où était installé Ray.  Je le pardonne parce qu'il a pensé te protéger et j'inspira par la bouche et l'infiltration de l'air sonnait plus comme un sifflement, si je suis capable de le faire, tu peux le faire. Accepte le, accepte son amour tout comme le mien. Oui Oscar, j-je, ma lèvre tremblait, j'avais la sensation de m'enfoncer dans un lac gelée au fil des secondes, Je t'aime et c'est pour ça que j'ai fais tout ce que j'ai fais jusqu'à présent. Pour nous, pour nous donner une chance de s'aimer sans problèmes mais... Une larme dévala ma joue. J'ai échoué, je n'ai pas réussi à nous p-protéger, je n'ai pas réussi à avouer mes sentiments parce que j'avais la trouille. 

La voiture prit un virage serré et je me crispa sous la douleur. Oscar rejeta mes cheveux de mon visage et s'approcha pour me murmurer: 

-S'il te plait, je t'en supplie, ne me laisses pas... Ne me fais pas ça, j'ai besoin de toi... Une goutte d'eau tomba de sa joue pour atterrir sur la mienne. Avec peine, je caressa son visage de ma main glaciale:

- Je ne t'abandonnes pas Oscar, je serai toujours là dans ton coeur et si il le faut, aime-en une autre pour combler l'autre creux.  Je te souhaite de trouver le bonheur, t-tu le mérites...

Il secoua la tête et dit: 

-J'en suis incapable... Pas sans toi

Je me commémora les derniers paroles de mon défunt grand-frère et réalisa que je ne les avais jusqu'à ce jour comprises qu'à moitié. 

Aaron, tu avais autant peur pour moi que moi pour Oscar, tu savais que ça allait être dure de vivre sans toi tout comme je le sais pour Oscar, tu savais que la mort allait t'emporter loin de moi tout comme moi pour Oscar, alors tu m'as dit: 

-"N'abandonne devant rien ni personne, t-tu es mon combattant et je veux que tu gardes cet éclat de joie dans tes yeux même quand je ne serai plus là."  Comme me l'avait dit Aaron avant de s'éteindre.  Je rajouta: Promet le moi, promet moi aussi que tu veillera sur ma famille, dis leur que je les aimes et qu'ils doivent continuer de vivre. Dis à mon frère d'être courageux et embrasses ma nièce pour moi... Une de ses larmes me caressa une fois de plus le visage. 

D'un murmure presque inaudible, il me souffla: 

-Je te le promets Aaliyah.  Il serra d'autant plus ma main dans la sienne et y déposa un doux baiser. 

Alors que je sentais mes dernières forces me quitter, je gémis:

-Oublie pas q-que je t'aime. Mes yeux papillonne de fatigue et Oscar dit pour la toute première fois de sa vie, une parole qui n'aurait jamais pensé franchir ses lèvres :

-Je t'aime.

Le sommeil me porta comme ma mère me couvait et sur ces belles paroles, je m'enfuis vers la lumière.













-Xoxo GunOnFire

The Way Of The Light /O.M.B.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant