Partir pour oublier...

Chapitre 23

PDV JUDE

Une tornade de sentiments.

La réalité est comme une claque violente. Lorsque vous pensez avoir échappé à vos peurs et à vos problèmes, ils reviennent vous hanter tel des âmes vicieuses. C'est dur de se rendre compte que tous vos efforts, toutes vos constructions ne sont que des chimères. J'ai cru que fuir la vérité me sauverait. Je pensais sincèrement que noyer tout ce chagrin était la meilleure solution. Elle l'était. Cependant, quand l'alcool redescend, quand vous êtes seul dans votre lit, la réalité vous rattrape comme un boomerang incessant. Lorsque la nuit tombe et que je fixe mon plafond, le même refrain tourne en boucle dans ma tête. C'est si dur de faire constamment comme si tout allait bien. C'est si dur de passer mes journées à tenter de l'oublier, de la chasser de mon esprit.

Les souffrances ne guérissent pas avec le temps. Elle se cachent et ressortent au moment où tout va mal.

Assis sur ce tabouret miteux, je fixe le fond de mon verre. Il n'y a plus qu'une lisse épaisseur de whisky. Je sens les regard de plusieurs femmes  sur mon profil. J'aimerais disparaitre. Je voudrais ne plus être la distraction de la soirée. Je voudrais juste être seul avec mon verre. Je voudrais ne plus sentir le jugement de chaque personne de cette putain de ville.

Je vois le barman danser entre shaker, bière à pression et shoot. Il s'affaire comme si sa vie en dépendait. Il me donne le tournis et je ne supporte plus cette boite. Je ne  supporte plus ces gens.

Je me lève et  me dirige vers la sortie de l'enseigne en espérant être assez bourré pour m'endormir quand je serai chez moi. Je ne veux plus penser. Je regarde mon téléphone : 2 heures 30.

Je bouscule plus d'une personne en espérant trouver la paix le plus rapidement possible. Cependant, lorsqu'on est au plus bas, la vie peut être une sacré connasse. 

- Fais attention, toi !

Je suis stoppé net. Je prie tous les dieux pour que Joy ne soit pas juste derrière moi. Malheureusement, c'est bien une belle brune aux yeux bleus qui me fixe.

- Jude ?

- Joy ?

Je l'observe sans retenue. Elle porte une petite robe blanche avec un décolleté un peu trop... plongeant. Je déglutis difficilement. Elle s'est faite un trait d'eye-liner et elle porte un rouge à lèvre chair. Personne ne pourrait remettre en question la beauté de cette femme.

- C'est qui ? Demande une voix grave.

Mes yeux s'accrochent directement à la personne qui se tient derrière elle. Un grand brun la tient par la taille. Il a une barbe vraiment laide et des yeux verts. Elle a voulu trouver un substitut barbu de moi, ou quoi ?

- Une connaissance, lâche Joyana en continuant de regarder ma réaction.

Je fronce les sourcils plus que nécessaire et une jalousie sûrement déplacée prend possession de mon corps.

- Et bien... Bonjour, dit le crétin en me tendant la main.

Je fixe sa main avec un air dégouté. Il voit mon expression et me lance un regard noir.

Joy regarde l'échange avec une sorte d'appréhension.

- T'es qui ? Je demande au gars.

- Une nouvelle rencontre. On s'amuse ce soir, répond ce con  avec un sourire pervers.

Je. Vais. Le. Défoncer.

- Bonne soirée, Jude... Tu partais ? Ajoute mon ex.

Toutes mes idées noires s'envolent laissant place à un sentiment de protection intense. Je ne vais pas la laisser avec ce pervers.