Partir pour oublier...

Chapitre 15

POV JOY

- Bon anniversaire Joyana, bon anniversaire Joyana, bon anniversaire Joyana...

Je me réveille en sursaut. Je grogne en essayant de trouver d'où provient cette musique. C'est quoi cette connerie ?

Je me rends compte que ce son, plus qu'agaçant, provient de mon téléphone. Qui a mis cette sonnerie sur mon portable ?

- Putain, je lâche en éteignant le réveil.

Je n'ai pas le temps de me recoucher que l'on sonne à ma porte. Cette journée est définitivement affreuse...

- BON ANNIVERSAIRE ! Hurle Anna lorsque j'ouvre ma porte d'entrée.

Depuis que l'on s'est réconciliée au restaurant, on passe tout notre temps ensemble à sortir, à rire... J'imagine qu'elle a du  profiter d'un moment d'inattention de ma part pour programmer ce réveil insupportable.

- Merci, Ann'...

Elle me prends dans ses bras et me serre très fort. J'ai envie de lui dire que je ne vais pas m'envoler mais j'essaie d'enfouir ma remarque sarcastique.

- 20 ans ! T'es vielle, rigole-t-elle.

J'essaie de lui rendre son sourire mais mon effort est un échec. Je vois ma meilleure amie froncer les sourcils d'un air désapprobateur.

- Oh non, pas cette tête ! C'est ton anniversaire, merde. Oublies un peu tes 18ans...Tes 20 ans vont être mémorables, s'exclame Anna.

Son enthousiasme est à son paroxysme. J'aimerais être aussi joyeuse qu'elle...

Tu ne devrais laisser personne gâcher cette journée, Joy. Personne, surtout pas moi.

- Tu as raison, je réponds doucement.

Elle sourit satisfaite. J'ai peur de ce qu'elle prépare.

- Ce matin, c'est shopping, cet après-midi, on va retrouver Max et Maé et ce soir c'est la fiesta ! J'ai l'impression que c'est ton enterrement de vie de jeune fille, dit ma meilleure amie en rigolant.

Enterrement.

Je pense à mon père. Je pense à ces journées d'anniversaires que j'ai passé à ses côtés. C'est la première fois de ma vie que mon père ne sera pas...là. Je me demande sincèrement si cette journée contient un seul point positif. J'aimerais sentir les bras de mon père me serrer. J'aimerais qu'il me dise que tout va bien. J'aimerais qu'il me protège de ce monde beaucoup trop impitoyable. J'aimerais ne jamais l'avoir abandonné.

- On dirait que tu as vu un fantôme, lance Anna avec légèreté.

Elle ne sait pas à quelle point sa phrase et vraie...

- Non, tout va bien, je réponds en simulant un vrai sourire.

- Vas te préparer. Il est déjà 10h20 !

Je me dirige vers mon dressing, à l'étage. Je ne dors toujours pas dans mon lit. Cette chambre contient trop de mauvaises ondes. Le canapé me va amplement.

J'essaie de faire un effort vestimentaire en enfilant une robe et je me maquille légèrement.

Je redescends et aperçois Anna reposer quelque chose précipitamment. J'arrive à distinguer qu'il s'agit de...

- Tu faisais quoi avec mon téléphone ?!

Elle me regarde paniquée.

- Rien, il a sonné et j'ai voulu regarder. Tu connais ma curiosité maladive, tente-t-elle de se justifier maladroitement.