Partir pour oublier...

Chapitre 25

POV JOY

Je mentirais en disant que voir Jude dans cet état ne m'a pas brisé le cœur. Toutes ses plaies, tout ce sang, son sang... J'ai laissé tomber ma carapace de fille forte pour laisser place à la fille stupidement amoureuse. Oui, je suis amoureuse de Jude. Je ne pense jamais l'avoir nié mais le voir si mal a fait sauter cette certitude à mon visage. Je ne suis pas le genre de fille à mentir sur ce que je ressens. Oui, je n'ai jamais cessé d'aimer Jude mais l'amour ne suffit pas toujours. On dit que l'amour guérit les blessures et apaise les mœurs, moi, c'est tout le contraire. L'amour m'a brisé, l'amour m'a fait perdre confiance en moi et l'amour ne me laisse que la trace de mauvais souvenirs. Je ne crois plus aux fins heureuses.

Je me lève pour la centième fois de mon fauteuil pour aller voir comment va mon ex. Il ne s'est toujours pas réveillé. Il est désormais 14 heures. Je respire en me disant qu'avec l'aide de Matt et Lucie, je l'ai parfaitement soigné. Tu as fait de ton mieux Joy, je me répète.

Je retourne dans mon fauteuil et me remets à fixer le plafond blanc de ma maison. Je me demande ce qu'il lui est arrivé. Comment a-t-il pu rentrer si amoché ? Pourquoi venir me voir, moi ? Qui lui a fait ça ?

En le quittant la veille, je pensais qu'il allait rentrer chez lui. Je me suis bien trompée et je suis déçue de la façon autodestructrice qu'il a de vivre sa vie. Il a un frère à garder, des boulots à gérer mais il préfère s'attirer les ennuis de tous les gars de la ville.

Mon téléphone se met à vibrer. Je sursaute légèrement.

- Oui ? Je réponds légèrement ailleurs.

- Joy ? C'est Max.

Je souris. Cela fait des jours que l'on n'a pas parlé. Je commence à arpenter mon appartement comme à chaque fois que je suis au téléphone. Une manie.

- Max ! Je suis contente de t'entendre. Tu vas bien ?

- Parfaitement bien ! On ne s'est pas vu depuis longtemps...

- Oui... Je suis désolée. C'était assez mouvementé en ce moment.

Je pense directement à Anna, à Jude, à ma vie merdique, en fait.

- Justement, tu ne voudrais pas me raconter ta vie autour d'un café demain ?

Je grimace à l'idée qu'il veuille toujours plus avec moi.

- En ami, précise-t-il comme si il avait lu dans mes pensées.

- Oui... Alors, on se voit demain au café ? Lequel ? Il y en a réellement des tonnes dans cette ville, Max ! Je rigole.

- Quelle question idiote, Joy ! Je te parle de celui du centre... Notre quartier général..., dit-il avec une pointe de nostalgie.

Je suis légèrement mal à l'aise face au ressassement de nos anciens souvenirs de couple.

- Ok ! Le centre, parfait. A quelle heure ?

- 14 heures ? Demande-t-il.

- Je ne fais strictement rien pendant les vacances donc ça me va ! Je rigole.

Je l'entends rire et mon cœur se réchauffe. Malgré la petite ambiguïté qui persiste de son côté, il reste un très bon ami à moi. Le voir me fait énormément plaisir.

- Trop cool ! J'ai hâte de te voir, ma belle.

- Moi aussi, Maxens. A demain !

Je raccroche le sourire au lèvre. Je vais pouvoir parler avec un véritable ami et un poids s'enlève de mes épaules.