Chapitre 16

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POV MAE

L'air fouette mon visage. Le froid me donne l'impression de me recevoir des milliers de petits couteaux sur le visage. Courir a toujours été une véritable passion. J'aime me donner à fond et avoir l'impression de réussir quelque chose. Quand je foule le parc de Serrey en courant, j'ai l'impression d'être bonne dans quelque chose, d'avoir une forme d'utilité. La course à le même pouvoir que l'écriture sur mon bien-être.

Je n'ai pas continué mes études après le lycée et mes parents me le rappelle une fois par jour.  Je vis toujours chez eux par faute d'argent.

" Tu as bientôt 22 ans et tu vis toujours ici... Quel échec !" dirait ma mère.

J'espère qu'un jour l'histoire que je m'obstine à écrire sera lue par des milliers de personnes et que je fermerai la bouche à tout ceux qui n'ont pas cru en moi. J'aime écrire des histoires car c'est une sorte de voyage dans l'inconnu et je n'aime pas la routine.

J'observe le visage des passants en me demandant à quoi ressemble leur vie. Sont-ils tristes ? Heureux ? J'aime observer les gens et tenter de les cerner. L'humain est un puzzle qu'il faut prendre le temps de rassembler.

Ma respiration commence à devenir de plus en plus courte. Je n'en peux plus mais le sentiment de satisfaction à la fin d'un bon footing est indescriptible.

Je passe à côté du mall de ma petite ville natale. L'envie de m'arrêter et de manger un bon burger me prend. Il est tout de même 13heures. Quelle idée de courir à cette heure, Maé ?

En passant à côté d'un petit étang, je manque de renverser une passante.

- Désolé, madame ! Je m'exclame en m'arrêtant.

- Ce n'est rien..., répond la jeune fille en se stabilisant.

- Joy ?! Je manque de hurler.

Mon amie me fait face interloquée.

- Maé ! Je ne t'avais pas reconnu, ricane-t-elle.

- Bon anniversaire ! En vrai et pas par message..., je rigole.

L'expression enjouée de mon amie disparait pour laisser place à de la tristesse.

- Merci...

Je remarque alors les joues rouges de Joy. Elle a pleuré ça se voit à 10 km. Ses cheveux bruns au carré sont ébouriffés. Son mascara a coulé, laissant des petits sillons noirs. Je vois des tâches de terre sur sa petite robe jaune. Mon cœur se serre en voyant l'état pitoyable de mon amie le jour de son anniversaire.

- Tu as pleuré, Joy ?

Ses yeux s'ouvrent en grand comme si je venais de dévoiler un lourd secret.

- Euh... non, non !

Je lui lance mon regard " Ne me prend pas pour une cruche".

- Enfin...Pas vraiment, quoi...Marmonne-t-elle.

Je vois son masque d'indifférence s'effriter et quand je la prends dans mes bras, elle éclate en sanglots. Je sens mes yeux se mouiller. Je connais Joyana depuis plus de 10ans. Je l'ai toujours considérée comme la petite sœur que je n'ai jamais eu.

- Viens on va s'asseoir, je dis en l'entrainant sur un petit banc.

- Tu courrais... Je ne veux pas bousculer tes plans, souffle Joy.

Je rigole doucement.

- Tu passes avant la course Joy, voyons !

Elle me regarde avec tristesse et me fait un petit sourire. Mon cœur se fend...

Partir pour oublier...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant