Chapitre 4

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 L’Etain n'est pas si mal que ça finalement, songea Dale confortablement installé à une table où il avait une vue imprenable sur l’entrée. Lui qui n'avait guère le temps de profiter de la vie, il se surprenait à aimer le décor de ce restaurant. Le cadre était lumineux et spacieux et quelques plantes tropicales se mêlaient à l'ensemble avec un goût exquis. À travers ses grandes baies vitrées, on pouvait admirer les étoiles scintillant dans le ciel nocturne.

Malheureusement, il n’était pas là pour profiter de la vue, d’un moment de détente autour d’un bon repas. Non, il était ici à dessein. Après avoir longuement interrogée Ambre, il avait finalement obtenu les informations qu’il désirait. Il devait prendre son mal en patience même si depuis une demi-heure maintenant, elle commençait à s’étioler. Néanmoins, il ne pouvait perdre de vue son objectif.

Tel un chasseur guettant sa proie (en l'occurrence, c'était bel et bien le cas) il pouvait observer à loisir tous les clients pénétrant dans le hall du restaurant sans être vu. Cela arrangeait bien ses affaires. Il ne fallait surtout pas que cet imbécile d'Atridès fuit en le découvrant sur place. Il tenait à faire d'une pierre deux coups : protéger la Salvis et obtenir sa vengeance.

Venger la mort de sa mère était l'une de ses nombreuses motivations. Il ne supportait plus l'existence depuis ce drame et il désespérait de trouver la paix un jour. Il était si prêt du but, tous ses siècles perdus à attendre le moment propice où enfin, il plongerait sa lame dans le coeur de ce monstre. Combien de fois avait-il imaginé la capture de Xander, puis celle de Zakar ? Durant combien de nuits avait-il rêvé de leur infliger toutes les tortures subies par sa mère, puis de les trucider ? Il avait perdu le compte.

Sur sa tombe, il s'était fait une promesse solennelle : les tortures qu'elle avait subies, il les leur rendraient au centuple. Ils verraient de quoi était capable une bête sauvage emplie de haine. L'heure de la vengeance avait sonné et ils paieraient, dut-il en perdre la raison. La colère, la rancoeur, la cruauté et la férocité l'habitaient depuis plus de sept cent trente-neuf ans. Son âme d'enfant était morte en même temps que sa mère. Il avait grandi trop vite en cultivant la loi du Talion. À bien y réfléchir, il n'avait plus ressenti de véritable émotion pour autrui, hormis pour les membres de sa famille.

Quant à l'amour... une idiotie aussi vaste que l'univers. Les femmes, il les aimait toutes. Pour lui, chacune d'elles possédait une forme de beauté que seul un oeil averti pouvait déceler. Il aurait fallu être un saint pour ignorer le désir voilant leurs regards. Or, il était tout sauf un saint. De temps en temps, elles lui parlaient d'amour, espéraient se faire aimer de lui. Mais jamais il n'avait ressenti le moindre frémissement de passion, juste un simple élan purement sexuel, un besoin du corps. L'amour, ce sentiment faisant perdre la tête aux meilleurs des hommes, les rendant complètement stupides, était une chose qu'il ignorait. Tout bonnement pour en avoir été si longtemps privé.

Pourtant, l'image d'un regard bleu-gris luisant de défi dansa devant ses yeux. Kara... Cette jeune femme avait touché une corde sensible en lui et il détestait perdre le contrôle de lui-même. Il l'avait énervé, voire même effrayé et bien que cela lui coûtait, il lui devait des excuses. Excuses dont il s'acquitterait bientôt. Revenant au présent, un mouvement derrière Xander capta son attention.

Une sublime jeune femme à la chevelure d'ébène se tenait légèrement à l'écart. Elle portait une robe écarlate. Lorsqu'elle se retourna, il découvrit sa divine peau d'albâtre dénudée, laissant son dos exposé à la vue de tous.

Kara.

Ainsi, la jeune femme de la bijouterie et la princesse Salvis ne faisaient qu'un comme il l'avait deviné... Il avala péniblement sa salive. Sa beauté l'avait frappé sous la lueur du lustre dans la bijouterie mais à cet instant, elle n'en était que plus éclatante, plus vibrante. Une délicieuse odeur flotta jusqu'à ses narines. Pourquoi ne l'avait-il pas remarqué plutôt ? Réussissait-elle à masquer le parfum de sa peau et comment ? Pourquoi réalisait-il seulement maintenant que cette jeune femme l'attirait ? Elle sentait si bon...

Sombres Héritages-1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant