Chapitre 39

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Dale se matérialisa dans sa chambre, Kara lovée contre sa poitrine. Il la déposa lentement sur le sol, la faisant glisser le long de son corps tendu. Elle lui sourit et regarda autour d'elle. Cette pièce était aussi grande que son appartement. Trois immenses fenêtres, dont une donnait sur un balcon, laissaient filtrer les rayons de la lune. Derrière elle trônait un lit dont la taille impressionnante suffisait à accueillir au minimum quatre personnes sans qu'elles ne se touchent. Jamais encore elle n'en avait vu de cette taille. Le doute l'envahit et elle se demanda s'il était le seul à y dormir.

Tu lui as promis de lui faire confiance, lui murmura sa conscience.

Oui, mais elle ne pouvait pas s'empêcher de se poser des questions. Elle ignorait tout de lui ou presque et elle brûlait de l'interroger. Elle se focalisa sur la chambre ; les questions viendraient plus tard. Elle déglutit en regardant les draps de soie noire. Elle détourna les yeux en rougissant et fit quelques pas dans la chambre.

Une armoire en chêne comprenant une dizaine de portes et autant de tiroirs occupait tout un pan de mur. Sous l'une des fenêtres, un grand coffre était verrouillé par un lourd cadenas en métal. Que pouvait-il bien y avoir là-dedans ? Elle brûlait de l'interroger, cependant, elle refoula sa curiosité et continua son examen. Des chandeliers en argent étaient disposés sur les commodes en bois sculptées et sur le meuble de chevet. Enchâssé sur le mur faisant face au lit, un superbe miroir d'environ deux mètres de haut attira son attention.

Sur le cadre en or, des gravures très anciennes s'étendaient sur toute la longueur.

Ná déan dearmad, trí dom, tá sé d'anam a fheiceann tú.

Elle se félicita d'avoir suivi les cours de gaélique lorsqu'elle était à l'université.

N'oublie jamais, à travers moi, c'est ton âme que tu vois. ”

Pourquoi avait-il besoin de se remémorer ces paroles ? Elle lui jeta un regard en coin. Il semblait fébrile. Une lueur dorée scintillait dans ses iris. Elle détourna le regard et traversa l'espace les séparant. Sous ses pieds nus, la chaleur et la douceur d'un tapis moelleux lui fit baisser les yeux. Les tons rouges, orangés et or se mêlaient, dessinant un motif gigantesque. Une sorte de bête...

Elle écarquilla les yeux, frappée d'incrédulité. Un dragon ? Non, cette créature dont les ailes se déployaient sur chacune des extrémités du tapis ne pouvait pas être un dragon. De toute façon, ils n'existaient pas hormis dans les légendes populaires. Drakion... N'était-ce pas ainsi que Redik avait nommé Dale, tout à l'heure ? Dragon, Drakion, ces mots se rapprochaient, avaient presque la même consonance.

– L'inspection est-elle terminée ? Interrogea-t-il.

Elle sursauta prise en flagrant délit de curiosité. Elle s'approcha de lui et chancela, soudain prise de vertige. Aussi vif que l'éclair, il se précipita vers elle et la reçut dans ses bras avant que sa tête ne heurte le sol. Il la souleva et l'allongea sur le lit. Sa peau d'albâtre contrastait agréablement sur ses draps. Et dire qu'elle était là, couchée dans son lit, là où il l'avait si souvent imaginée. Dans ses songes, elle était nue et lui tendait les bras en souriant.

La réalité était somme toute bien différente. Blessée et encore faible, elle n'avait rien de l'odalisque de ses fantasmes. Il s'en voulait de nourrir de telles pensées après tout ce qu'elle avait subit en si peu de temps. Sa maudite libido le torturait dès qu'il se trouvait près d'elle. Bon dieu, il n'était qu'une bête, un sauvage. Il cala un oreiller derrière sa tête, saisit sa main dans la sienne et la pressa doucement.

– J'ai peut-être un peu présumé de tes forces. Ta pâleur m'inquiète et tu as perdu beaucoup de sang. Tu dois te reposer, murmura-t-il en passant sa main libre dans ses cheveux ébouriffés.

Sombres Héritages-1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant