Chapitre 52

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Dans le cachot sombre et humide, où elle était enchainée en compagnie de son bourreau, Kara réprima un long cri de douleur. Lors de son réveil, elle avait réalisé toute l'horreur de sa situation. Tout le monde croyait que les monstres n'existaient que dans l'imagination ou dans les cauchemars. Rien n'était plus faux. Elle avait toujours cru en leurs existences, avait appris à les craindre et à les combattre. Cependant, cet homme était aux antipodes de tous ceux qu'elle avait déjà connu. Le mot monstre prenait une nouvelle envergure avec lui. Physiquement, il était différent de leur première et brutale rencontre. Sa chevelure argentée avait pris la teinte de l'indigo le plus vif, couleur qu'elle excrétait, puisqu'elle appartenait à cette garce de Lanikai.

Dans son regard sombre pétillaient la démence, la haine et une espèce de joie perverse. Elle déglutit en tirant sur les chaines qui emprisonnaient ses bras au mur. Contre la pierre glacée coulait un liquide poisseux dont l'odeur putride lui soulevait l'estomac, souillait sa peau et les lambeaux de sa chemise de nuit. Un lourd collier de métal lui comprimait la gorge et elle parvenait à peine à respirer. Ses chevilles étaient elles aussi enchainées. Tout son corps était écrasé contre ce mur, dans ce cachot digne d'un avant-goût de l'enfer. Dans l'obscurité faiblement éclairée par deux torches, elle discernait la silhouette gigantesque de son tortionnaire.

Au creux de sa paume, il tenait une dague dont la lame dentelée et ruisselante de sang lui avait arraché des larmes de souffrance. L'odeur de son sang lui montait à la tête. La douleur au niveau de ses cuisses tiraillait sa chair si profondément que tous ses muscles en frémissaient. Elle souffrait atrocement et elle savait que cette douleur n'était que le commencement d'un jeu beaucoup plus pervers et cruel. Il s'approcha d'elle. Du bout de la lame, il effleura sa joue striée de larme. Elle détourna la tête du mieux qu'elle le pouvait malgré le collier.

— Je vais adorer t'entendre me supplier Salvis.

— Va te faire foutre foutu psychopathe, marmonna-t-elle en serrant les poings si fort, que ses tendons émirent un claquement sinistre.

Il sourit, dévoilant des dents trop blanches pour un homme doté d'une âme aussi noire.

— Des volontés plus puissantes que la tienne ont plié sous ma lame.

Jamais, elle ne lui ferait ce plaisir. Ce malade pouvait la mutiler, la torturer jusqu'à ce qu'elle en meurt, mais elle ne crierait, ni ne supplierait.

— Tu n'éprouves donc aucune peur ?

Elle le foudroya du regard en redressant la tête fièrement. Il se mit à rire. Le son provenant de sa bouche était si effrayant, qu'elle sentit un long frisson glacial glisser le long de son dos. Il happa son menton entre ses longs doigts noueux et plongea son regard dans le sien. Il était totalement habité par la cruauté.

— Regarde-moi bien Salvis, mon visage sera le dernier que tu verras.

— Espèce de taré ! Hurla-t-elle en lui crachant au visage.

Riwan essuya la trainée de salive ensanglantée du bout des doigts, observa le liquide rouge et le lécha avec gourmandise. Les yeux écarquillés, elle le dévisagea.

— Délicieux. À la réflexion, j'ai bien envie de te garder en vie, juste pour gouter la saveur de ton sang. Il brûle de rage, de puissance et cette note fruitée est digne d'un grand cru.

— Je vous tuerai !

Une ombre narquoise traversa son regard.

— J'aimerais beaucoup en avoir la démonstration. Si je te libérai de tes chaines, serais-tu capable de te battre contre moi ? Serais-tu apte à te servir de tes immenses pouvoirs ? J'en doute, tu es faible ! Un misérable insecte que j'écraserai sous mes pieds.

Sombres Héritages-1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant