Chapitre 38

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Juste après le départ de sa famille, Dale s'était assoupi dans l'un des sièges disposés dans le couloir. La fatigue conjuguée au stress l'avait terrassé et il commençait à peine à émerger du sommeil dans lequel il était plongé. Il s'étira lentement puis se leva pour se dégourdir les jambes. En bâillant, il jeta un bref regard sur sa montre. Vingt-deux heures. Cela faisait plus de quatre heures qu'il s'était dormi sur cette maudite chaise. Le corps fourbu, il regarda autour de lui. En principe, des infirmières devaient faire des tours de garde dans les couloirs, or, il ne voyait personne.

Un silence étrange régnait dans ce corridor aseptisé. Il fronça les sourcils, son odorat ne supportait pas l'éther et l'odeur des produits d'entretien. Il grimaça tout en se massant la nuque. Il avait oublié à quel point il détestait les hôpitaux. Tout dans ce décor, des murs d'un blanc criard, au linoléum beige en passant par les affiches médicales, lui fichait le bourbon. Il n'avait qu'une hâte sortir d'ici et retourner dans ses chers Highlands avec Kara.

Les visites étaient terminées depuis longtemps, mais personne ne lui avait ordonné de partir et ça lui semblait de plus en plus intrigant. C'était comme-ci cette partie de l'hôpital était vide, coupée du monde. Il grinça des dents. Rien dans l'atmosphère ne laissait présager un quelconque danger et il respira plus légèrement. Il ne tenait pas à se battre ici. Immanquablement, les soupçons se porteraient sur lui si cette aile du bâtiment venait à être détruite. La police l'avait longuement interrogé sur l'agression de Kara et ses réponses les avaient laissé perplexes. À n'en pas douter, à la moindre incartade, ils reviendraient à la charge. Il ne tenait pas à dévoiler sa véritable nature aux humains. Ils étaient tous craintifs, ne croyaient que ce qu'ils voyaient et redoutaient les choses qu'ils ne pouvaient expliquer avec la logique.

Il fit quelques pas dans le couloir et jeta brièvement un regard par-dessus son épaule. Toujours personne, aucun bruit de pas, ni de voix. Tout ce qu'il entendait, était le son des machines dans la chambre de Kara. Le calme avant la tempête, songea-t-il. Il entra dans la chambre et referma doucement la porte derrière lui. Kara était toujours inconsciente et n'avait pas bougé d'un pouce. Il vint s'asseoir dans le fauteuil près du lit et saisit sa main. Ses doigts lui semblaient moins glacés. Il les pressa et de l'autre main, caressa sa joue.

– Quand te réveilleras-tu ? Je n'aime pas te savoir dans cet endroit. Tu n'es pas en sécurité ici. Tu dois revenir, c'est un ordre !

Toujours aussi autoritaire.

Dale se figea. Il avait tellement envie d'entendre sa voix que son esprit lui jouait des tours. Son impuissance lui était insupportable. Il était là, vivant et en bonne santé tandis qu'elle restait plongée dans le coma. Lui qui avait l'habitude de tout contrôler, il réalisait que tous ses pouvoirs et son statut de chef ne lui servaient à rien. D'ailleurs n'était-ce pas sa faute si sa Kara se retrouvait couchée dans ce lit ? Il lui avait dit tant de choses horribles, l'avait rejetée alors qu'elle tendait la main vers lui, le regard confiant. Pour un peu, il se serait battu lui-même pour sa propre bêtise.

Tu n'y es pour rien, ne te fustiges pas.

Comment pourrait-il ne pas s'en vouloir ? C'était impossible et il avait beau ressasser les derniers événements, tout lui confirmait que, au final, c'était sa faute. Soudain, les doigts de Kara tremblèrent dans sa main. Il releva la tête et reçut le choc le plus heureux de sa vie. Les yeux grands ouverts, elle le dévisageait, une lueur chaleureuse vibrant dans ses iris.

– Ce n'est pas un rêve, chuchota-t-il.

Ça fait un petit moment que je suis réveillée.

– Pourquoi ne m'as-tu rien dit ?

J'ai un tuyau dans la gorge, comment veux-tu que je puisse parler ?

Sombres Héritages-1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant