Chapitre 40

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Harassé, Adriel traversait le terminal de l'aéroport international de Glasgow. Durant les dix heures passées à survoler l'Atlantique, il n'avait cessé de penser à sa soeur et de s'accabler de reproches. S'il n'était pas parti, s'il ne l'avait pas laissée seule, elle ne serait pas entre la vie et la mort. Il s'était exilé pour faire un pied de nez à leur fichue malédiction et le résultat était un lamentable échec. Il savait qu'il devait l'accepter et qu'il s'en porterait mieux, cependant, il ne voulait pas vivre ainsi. Il désirait être ce qu'il ne serait jamais. Un humain ordinaire et tout oublier...

Il bâilla et se dirigea vers l'escalator qui conduisait à la sortie. Il n'avait pas pris le temps de faire sa valise et portait le même costume que la veille. Son arme était glissée dans son holster et son insigne du FBI fourré dans la poche de sa veste noire. D'un pas lourd, il sortit en remontant le col de sa veste sur sa nuque. Une rafale de vent glacée lui fouetta le visage et il regretta son impulsivité. Il aurait bien eu besoin d'un manteau. Bon sang, il avait oublié à quel point il faisait froid en Écosse. Ramenant en arrière une boucle de jais, il héla un taxi et attendit sur le trottoir en soufflant sur ses doigts gourds.

Une mini noire se gara près de lui. Il fronça les sourcils. Il détestait ce genre de boîte de sardines qu'affectionnait sa soeur et Gabriella. Il leva les yeux au ciel et jura entre ses dents. La vitre du passager descendit lentement et il retint un grondement en avisant l'expression amusée de Gabriella. Elle ouvrit la portière, sortit de la voiture et se planta devant lui. Elle le fixait d'un air ennuyé.

– Seigneur, tu aurais pu prendre une valise. Regarde-toi, mon pauvre Adriel, on dirait que tu sors de ton lit.

– Ravi de te revoir, Gaby, railla-t-il.

– Trêve de plaisanteries. Je suis venue te chercher, je me doutais bien que tu n'aurais pas pensé à louer un véhicule. Enfin, c'est compréhensible.

Il écoutait distraitement le flot de paroles sortant de sa bouche. Elle n'avait pas changé d'un iota, toujours aussi volubile et agaçante. Il inspira en serrant les poings. Un homme immense sortit à son tour de la voiture. Un sourire malicieux s'étirait sur ses lèvres. Ses yeux bleu-argenté cerclés d'améthyste le dévisageaient. Une sensation étrange le parcourut. Il ne connaissait ce type ni d’Ève ni d'Adam et pourtant, il lui semblait familier. Ce sourire et ce regard lui rappelaient quelqu'un, mais il ne parvenait pas à mettre le doigt dessus.

– Bonjour, oncle Adriel, fit l'inconnu.

Adriel se pétrifia, le sang se retira de son visage et il jura.

–          Bordel, je ne te connais pas gamin et je ne suis certainement pas ton oncle !

–          Je t'avais prévenu, Kieran ! C'est une vraie tête de bois, rigola Gabriella.

Adriel détourna les yeux et saisit sans ménagement le bras de la jeune femme. Ses iris saphir lançaient des éclairs.

– Tu as intérêt d'avoir une explication logique à ce merdier. Ma patience a des limites, Gaby.

Les lèvres pincées de la jeune femme formèrent une moue irritée. Il connaissait cette expression et s'attendait au pire venant d'elle. Elle avait l'art et la manière d'entrainer son monde dans des plans plus que douteux.

– Je ne supporte pas ce ton moralisateur, Adriel. Je ne suis pas ta soeur et tu ferais bien de t'en souvenir.

– Si tu étais ma soeur, je t'apprendrais l'obéissance, grommela-t-il.

– À la bonne heure, je ne le suis pas. Bien, si sa seigneurie daigne nous suivre, je te promets de tout te raconter.

Une bourrasque glaciale le percuta et il sentit son sang se figer dans ses veines.

Sombres Héritages-1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant