Chapitre 4 : Rok

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Nous nous étions rendu au cimetière, en pleine forêt afin de livrer le corps martyrisé de cet enfoiré de Dino à la terre. Ce connard aura eu ce qu'il méritait. Il n'avait pas été difficile à trouver. Cet abruti s'était réfugié chez des parents à lui. Il nous fallut, seulement, être patient pour le cueillir discrètement lorsqu'il fut seul. Un jeu d'enfant. Il ne pouvait, de toute évidence, pas compter sur les fédéraux pour le protéger.

Nous l'avions gardé quelques jours dans nos locaux. Nous devions le faire chanter avant de le mettre en cage. Je devais savoir ce qu'il était allé raconter aux autorités. Aussi, nous avions appris qu'il ne bossait pas pour les fédéraux. Il avait été franchement intéresser pour intégrer notre groupe mais voilà que les autorités étaient entré en jeu. Ils l'avaient contacté avec une proposition qu'il n'avait pu refuser. Cela aura été la pire erreur de sa chienne de vie. Malheureusement pour les fédéraux, nous ne divulguions que très peu d'informations aux nouveaux. Ils n'étaient que des larbins à notre service.

Je me rappelais encore le moment où il s'était ramené dans l'espoir d'être recruté par les Hell's Bet. Dino avait été briefer à la perfection car aucun de nous ne s'était douté de quoi que ce soit. Les conséquences, pour lui, vont de pair avec sa faute.

North jeta la première pelletée de terre sur le corps ficelé de Dino alors que celui-ci essayait de crier derrière ses bâillons. J'observais la scène avec satisfaction. Il allait, très certainement, être recherché. Je savais que ça allait fouiner de notre côté. Ils pouvaient toujours venir à notre rencontre. Cela était toujours un plaisir de voir les fédéraux se ramasser.

En pleine contemplation de notre œuvre, je fus surpris par une aberration. Une voix féminine, au loin, qui nous figea tous. Je guettais les alentours prêts à balancer cette personne au côté de Dino.

Il y avait quelque chose qui clochait. Ce n'était pas une voix qui me prévenait de m'écarter de la scène, les mains en l'air. Cela ressemblait plus à un chant tranquille.

Qui pouvait bien se trouver aussi profondément dans les bois ? Même les randonneurs ne s'aventuraient pas dans cette partie de la forêt, réputée trop dangereuse.

J'ordonnais aux gars de poursuivre leur boulot alors que je m'éloignais déjà pour découvrir à qui appartenait cette voix. S'il y avait un témoin potentiel, il fallait que je m'en assure. Je ne me débarrassais pas d'un cloporte pour m'en coltiner un autre.

Je m'enfonçais dans la forêt, suivant le chant, tel un pirate attirer par le chant des sirènes. Je n'en comprenais rien, semblant être dans une autre langue. Plus, je m'éloignais du cimetière, plus l'obscurité engloutissait tout sur son passage jusqu'à ce qu'une faible lueur apparût à trois cents mètres de là. Je m'immobilisais un instant, méfiant. La voix se remit à chantonner et elle provenait bien de cette sorte de clairière. Y avait-il des campeurs dans le coin ?

Je repris ma marche et me rendis compte de mon erreur.

Il ne s'agissait pas de campeur mais plutôt d'un chalet. Cela faisait des années que nous enterrions nos paquets encombrants dans ces bois et jamais je n'avais repéré cette maison. Il y avait un feu qui brûlait à l'intérieur, ce qui indiquait que l'endroit était habité.

Mon regard se posa sur une balancelle, devant le chalet, lorsque la voix se fit entendre, à nouveau. Une femme si trouvait. Je me dissimulais derrière un arbre pour l'observer, sans être vu, comme un foutu psychopathe. Elle semblait jeune. Elle était fine, presque maigre. Ses cheveux noirs étaient si longs que ceux-ci traînaient sur la terre sèche. Ses deux mains étaient posées sur son ventre. Que faisait-elle dans cette parcelle de forêt complètement vierge de population d'ordinaire ?

The young empathOù les histoires vivent. Découvrez maintenant