Chapitre 35 : Nastya

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J'espérais ne pas avoir besoin de m'en servir mais je sentais bien que mon père n'allait jamais accepter ma relation avec Tyler. N'importe quel argument ne serait pas bien reçu. Il avait trop peur. L'épisode de l'hôpital, lors de mon enfance, l'avait traumatisé. Je ne pouvais le laisser repartir d'ici, sans avoir tenté d'arranger les choses. Il fallait agir.

Je ne voulais pas perdre mon père au profit de mon amour pour Tyler. Ils m'étaient trop importants tous deux alors je fis tomber le voile et analysais les émotions de mon père. Je le savais déjà mais la peur primait. Cependant, contrairement à ce que j'aurais pu croire, il n'avait pas seulement peur que mon don me tue. Il avait aussi peur de mon amour pour Tyler. Il avait toujours été le seul homme de ma vie et cela lui allait bien. Il avait peur de me perdre. Cela lui brisait le cœur. Cela était insupportable pour lui. Couper le cordon. Voilà ce qui le malmenait. Il n'y arrivait pas et ne le voulait pas vraiment. Jamais il me perdrait.

Il ne pouvait pas croire que ma relation avec Tyler puisse détruire cela. Je ressentais le besoin de le lui faire comprendre, même si au fond, il le savait. Il avait besoin de l'entendre de ma bouche. Un enfant restait toujours un enfant aux yeux de ses parents et personne n'avait aucunement l'intention de changer cela.

Je me levais et m'arrêtais à l'encadrement de la porte d'entrée fixant le dos de mon père.

— Papa, s'il te plaît, reviens. J'aimerais te dire autre chose.

Il pivota brusquement vers moi.

— Ah non, ne viens pas m'annoncer que tu es enceinte parce que là je ne réponds plus de rien.

Légèrement vexée et blessée qu'il puisse réagir de cette manière à cette grossesse inexistante. N'avais-je pas le droit à une vie, moi aussi ?

— Ce n'est pas ça ? Peux-tu revenir ?

Il s'avança et je retournais au salon. Tyler m'attrapait le bras alors que je comptais m'asseoir sur l'accoudoir du fauteuil et me tira sur ses genoux.

— De quoi voulais-tu parler d'autre ? souffla mon père.

Ma mère semblait plus tolérante face à la situation. Elle posa une main sur le bras de mon père en le regardant tendrement.

— Ouvre ton esprit, mon chéri. Notre fille est amoureuse. Ce n'est pas une fatalité, bien au contraire. Ouvre les yeux et regarde les siens briller de bonheur lorsqu'ils se posent sur cet homme.

Il renâcla puis me fixa. Il avait entendu bien des arguments pour le convaincre que je pouvais m'en sortir seule, à présent, mais cela ne venait pas de moi. Il n'avait pas foi en Tyler.

— J'ai beaucoup appris ces derniers temps. J'arrive, enfin, à poser le voile autour de moi pour protéger... à ma guise... et avec beaucoup de monde autour de moi. J'ai aussi aidé un homme, qui est devenu un très bon ami par la suite. Il avait perdu sa femme, morte en couches, le bébé n'a pas survécu non plus...

Ma mère mit sa main sur sa bouche, peinée par l'histoire de Knot. J'avais vraiment l'impression de retrouver ma mère, cette femme si tendre qu'elle avait été, jadis. Cela faisait du bien d'avoir son soutien.

— Mon Dieu... Pauvre homme.

Je me tournais, exclusivement, vers mon père, car ma mère connaissait déjà cette particularité de mon don pour en avoir bénéficié, par le passé. Nous n'en avions, cependant, jamais parlé à mon père.

— J'ai découvert que mon don n'était pas un fardeau dans tous ses aspects. Il peut être une véritable bénédiction... J'avais déjà pratiqué cette particularité, sans le vouloir, sur toi, maman, lui prêtant attention un instant.

The young empathOù les histoires vivent. Découvrez maintenant