J'avais mal partout. Chaque muscle de mon corps me faisait atrocement souffrir. J'avais l'impression d'être passé dans une lessiveuse. Mon crâne était comme compresser dans un étau. Tout était silencieux pourtant. Aucune agression extérieure. Je reposais dans un lit aux draps frais et j'avais l'impression d'être seule. Où étais-je ?
J'ouvris lentement les yeux sur le plafond en bois, caractéristique, de ma chambre.
J'étais de retour au chalet. Le cour d'eau chantait jusqu'à mes oreilles bourdonnantes. Ce fut le son le plus agréable au monde à cet instant. La tranquillité de la clairière n'avait rien à envier à ce monde si bruyant, dans lequel j'avais été plonger de force.
Tyler.
Je lui en voulais tellement de m'avoir trahi. Il m'avait promis de ne pas m'emmener en ville. Il s'était engagé à se limiter aux zones inhabitées. Il avait failli à sa promesse. Il en avait fait qu'à sa tête.
Il en avait eu pour son argent devant le misérable spectacle que je leur avais offert, à ses amis et lui-même. J'étais si en colère et honteuse.
Je m'asseyais en secouant légèrement la tête. Cela m'apprendra à faire confiance au premier venu. J'avais pourtant senti qu'il était un homme de parole. Cela m'avait poussé à agréer à sa proposition. Trop accaparé par mes envies d'évasions, je m'étais laissé berner par ses beaux yeux sombres. J'avais agi comme une adolescente en mal d'indépendance. J'avais été stupide. Cela aurait pu très mal finir. J'avais eu, encore une fois, de la chance. Je baissais les yeux sur mes mains, qui étaient ensanglantées quelques heures plus tôt. Elles étaient propres.
Je ne voulais pas le voir. J'étais très en colère.
Je fermais les yeux pour me concentrer sur les environs. Sa colère était toujours aussi irritante pour mes nerfs. Il était toujours là et il n'était pas seul. La peine immense de cet homme, qu'il semblait connaître, me dévora, à nouveau.
Je visualisais alors un immense mur, fait du métal le plus solide possible, autour de moi. Cela était un des exercices que le prêtre m'avait conseillé. Je n'y étais jamais parvenu jusqu'à ce matin. J'imaginais qu'il émergeait du sol par la seule force de mon esprit jusqu'à ce qu'il soit tellement haut que je n'en verrais même plus les rebords. Cela serait mon espace clos à moi. J'essayais, encore et encore. J'y étais parvenu le matin même. Je pouvais recommencer. Il le fallait.
Mon corps souffrait encore de ce qui s'était passé. Je n'étais pas en capacité d'en supporter davantage. À ma grande surprise, j'y parvins.
Peut-être fallait-il que je le désire si intensément que cela pouvait être presque palpable ?
Lorsque cela fut fait, mes yeux s'ouvrirent. Il n'y aurait que moi. Cela me permit de n'être dérangé que par ma propre colère. Je me sentais blessée. J'ai cru en lui. Cela était fini. Je voulais qu'il s'en aille. Je ne voulais plus le revoir.
Je me levais du lit, prête à lui faire comprendre qu'il n'était plus le bienvenu sur ma propriété. Ma mère m'avait pourtant prévenu.
« Ils sont tous pareils, ma fille. Ils tentent de t'appâter à coup de belles paroles pour mieux te trahir dès que tu as le dos tourné. Les hommes comme ton père se font bien trop rares, malheureusement.»
Je sortais de la chambre puis de la maison pour les retrouver sur ma balancelle, discutant de leurs voix graves.
— Il faut qu'on sache, prez. Ce n'est pas normal ce qui lui est arrivé.
— Je compte bien le découvrir, mon frère.
Les nerfs en pelotes, je fusillais son dos du regard puis me raclait la gorge. Ils se tournèrent dans ma direction, en alerte. Rok amorça un geste pour se lever mais je le stoppais d'un signe de main.
VOUS LISEZ
The young empath
RomanceNastya, jeune femme de vingt-deux ans, vit recluse, au cœur d'une forêt du Montana, avec sa mère. Quatorze ans plus tôt, ses parents ont pris la décision de l'éloigner de la population suite à un événement qui aurait pu lui coûter la vie. Seulement...