Chapitre 15 : Nastya

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J'avais eu du mal à me remettre de cette impromptue sortie. Cela avait engendré d'insupportables migraines durant trois longues journées. La première journée, mon nez n'avait pas cessé de saigner.

Mes parents, qui étaient arrivé le lendemain, étaient resté un jour de plus en voyant mon état et cela m'avait fait du bien. Je les avais persuadé que cela ne résultait que d'un coup de froid. Mon père avait prévu de repasser après son travail, dans deux jours, afin de me ramener des médicaments après avoir constaté que je n'en avais plus. J'en avais abusé, bien évidemment.

Ma mère, quant à elle, avait profité de cette visite pour cuisiner, tout le week-end, cherchant à se faire pardonner mais je n'étais pas prête à cela. Je ne lui avais pas adressé la parole des deux jours où ils étaient resté. Je n'étais pas rancunière mais elle le méritait. Sa culpabilité m'avait, quelques fois, fait regretter d'être ainsi avec elle mais je n'y pouvais rien. Je ne parvenais pas à lui accorder mon pardon.

Ils étaient parties le matin même.

La journée était déjà bien entamée. J'avais nettoyé toute la maison comme une bonne fée du logis, en des gestes affreusement répétitifs. Puis j'étais allé au lac pour nager. Cela était devenu mon activité favorite. J'adorais m'y rendre. J'étais allongé sur ma balancelle, à présent, cherchant une activité quelconque qui pourrait me divertir.

Mes réflexions furent coupées par le bruit distinct d'un moteur. Une moto était en approche et je priais pour que cela ne soit pas Tyler. Je ne voulais pas le revoir tout de suite. Tout cela était encore trop frais dans mon esprit même si je devais avouer que sa présence me manquait. Néanmoins, j'étais moins vindicative concernant une possible visite mais pas avant un moment. Je lui voulais toujours.

Cependant, lorsqu'il était là, j'avais la sensation d'être unique, comme avec mon père. Ils ressentaient, tous deux, le plaisir d'être en ma présence et ne voulaient être nulle part ailleurs. C'était très agréable d'être spéciale pour quelqu'un.

Une moto noire se gara entre les arbres et l'homme descendit de son engin. Ce n'était pas Tyler mais Knot. Je m'étais beaucoup entraîné ces jours—ci à créé ce mur autour de moi. Cela était d'une facilité déconcertante, à présent. Seule, ma volonté pouvait dresser mes barrières. Cela était comme si j'avais, enfin, trouvé le bouton pour l'activer et que j'y avais, subitement, accès à ma guise.

Aussi, lorsque sa tristesse me percuta, instinctivement, le mur se mit en place. Cela me remplit de fierté.

Je l'observais enjamber sa bécane. Il était là pour une raison précise. Il avait besoin de mon aide et même si cela allait me demander beaucoup de contrôle, j'étais disposé à le faire. Personne ne devrait ressentir ce qu'il ressentait. Cela devait être intensément insoutenable à vivre au quotidien.

Ce pauvre homme était endeuillé de la mort de sa femme et son enfant.

J'avais réussi, ce que je m'apprêtais à faire, pour la première fois, il y avait cinq ans, sur ma mère, qui souffrait horriblement d'une dépression. Cela avait été le commencement de son exaspération de cette vie. J'espérais y parvenir sur lui.

Il s'approcha, d'un pas déterminé, et se planta devant moi.

— Bonjour Knot, le saluais-je en m'asseyant pour qu'il prenne place près de moi.

— Salut.

Il prit place à mes côtés en soupirant. Il était si accablé que je n'avais pas besoin de mon empathie pour ressentir sa peine. Je n'avais jamais perdu une personne que j'aimais autant qu'il aimait sa compagne mais si cela infligeait tant de souffrance, j'étais bien contente d'en être privé.

The young empathOù les histoires vivent. Découvrez maintenant