Chapitre 27 [2/2] ~ Jusqu'aux Terres Illusoires

151 18 22
                                    

- Précédemment -

— J'exige que tu prennes un deuxième émissaire avec toi pour représenter notre royaume et assurer ta sécurité. Si Valstôd refuse, je t'ordonne de ne pas négocier et de rentrer immédiatement. Androméda et moi-même tâcherons de prévenir Uklandôme pour retirer Loréïze du traité. Sommes-nous d'accord ?

     Malgré son air contrarié, Kalyö acquiesça.

— Merci, mon roi.

— Très bien, conclut la Lumière après s'être tournée vers la reine des elfes. D'autres choses à ajouter ?

— Tout est clair et concis, lui répondit-elle avec un sourire. Mon épée et mon allégeance sont au service de Drakkä pour les futurs combats.

     Stelleüm exécuta une révérence, puis s'adressa à ses citoyens :

— Préparez vos affaires. Nous retournons sur Drakkä dans quelques heures. Pour les quêteurs, Dylix sera de retour sur Errakys demain, dans la matinée, alors profitez de vos derniers moments ici. Il y a de fortes chances que lorsque vous reverrez ce royaume, Ustral aura, en bien ou en mal, complètement changé.

***

     La nuit parut à travers les contrées montagnardes d'Ustral. Incapable de dormir, Noà s'extirpa de son lit, quitta la chambre qu'Androméda lui avait octroyée et s'immisça à l'extérieur du château. L'air frais lui fit le plus grand bien. Son esprit, à la fois vide et saturé, divaguait entre les tours qu'il venait de vivre et ceux qui se profilaient, à tel point qu'il n'arrivait plus à raisonner convenablement.

     Noà déambula dans les ruelles sans aucune lucidité. Il laissa le silence nocturne apaiser ses maux, le vent froid caresser sa peau. Malgré l'odeur de mort encore imprégnée dans l'air, le xomythois respira à pleins poumons chaque goulée comme si c'était la dernière. Un geste dérisoire, pourtant devenu si rare...

     Les étoiles parsemaient le royaume de leur lumière et se reflétaient sur les toitures des habitations. Une ineffable beauté dans laquelle Noà finit par se perdre. En dépit de tout ce qu'il réservait au continent, Arkalax n'arriverait jamais à les dissiper. Ces lueurs astrales, si puissantes et si majestueuses, nées pour éternellement briller. À cette pensée, Noà ne put s'empêcher de sourire. Peut-être que les élémentaires les plus croyants avaient raison. Peut-être que ces étoiles renfermaient l'âme d'un défunt, dont la mission était de guider ceux pour qui la foi avait été endommagée. Lui-même avait douté, ces derniers temps. Les dieux avaient laissé son village natal sombrer dans les flammes et le sang. Ils lui avaient retiré Aurora, Isach et Töm, l'avaient condamné à fuir dans la sempiternelle crainte de rejoindre ses proches disparus. Mais ils lui avaient aussi permis de survivre, d'entrevoir l'espoir d'un lendemain heureux ; un horizon découvert de nuages ténébreux.

     Noà se laissa entraîner par lui-même, ignorant la douleur de sa jambe blessée qui s'éveillait. Il traversa la Grand-Place, au cœur de laquelle la gueule de Xyond trônait, plantée sur un pieu aussi haut qu'une maison. Puis, inconsciemment, il franchit plusieurs portions détruites du mur d'enceinte et déboucha sur la rive du Lac des Elfes.

     Une silhouette attira son attention, à quelques mètres d'où il se tenait. En dépit de l'obscurité, Noà dut plisser les yeux pour voir de qui il s'agissait. Lorsqu'il la reconnut, il émit un rire nerveux et la rejoignit.

— Pourquoi est-ce que ça ne m'étonne pas de toi ?

     L'air pensif, Iryanä tourna la tête. Elle lui sourit, se décala de sa serviette posée sur le sable humide et l'invita à s'asseoir.

Le Conte d'Ustral. Tome 1 ~ L'Oracle du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant