Le Conte d'Ustral. Tome 1 ~ L'Oracle du Temps

Chapitre 22 [3/3] ~ De Lumière et de Glace

- Précédemment -

— Hé, les gars ! On a trouvé ! Venez !

     Tandis que l'écho de Töm résonnait dans l'air, Warmaugh entier se figea.

     Les lumières s'éteignirent.

     La brume se dissipa.

     La température chuta.

     Brisé par les respirations entrecoupées des quêteurs, le silence mortuaire remonta de l'abîme le même râle qu'avait pu entendre Noà. L'élémentaire invoqua aussitôt son pouvoir divin pendant que Töm, paralysé par la peur, se tenait immobile.

— Qu'est-ce que j'ai foutu...

— Ramène-toi ! lui ordonna Kalyö, la corde de son arc déjà tendue.

     Le grognement se rapprochait de plus en plus, s'échappait des innombrables gouffres dévoilés par la levée du brouillard. Noà ne savait même pas sur lequel se focaliser.

     Töm rejoignit ses alliés quand le râle s'estompa. Plus lourd et plus pesant que jamais, le silence les força à retenir leur souffle. Leurs membres devinrent aussi raides que la pierre. Les secondes se changèrent en minutes. Cependant, une seule d'entre elles suffit à réenclencher le cours du temps et déverser ce que Warmaugh, depuis le début, cachait dans ses entrailles.

     Un déluge de flammes émergea d'un des précipices et embrasa la caverne.

     Dès lors, tout s'enchaîna rapidement. Trop rapidement.

     Noà discerna une ombre écailleuse surgir du gouffre tandis que la déflagration continuait de se propager autour de lui. Un cri strident et reptilien résonna dans son être, puis, avant de pouvoir réagir, il fut emporté dans les airs.

     À trop vouloir chercher un moyen d'atténuer sa chute, elle n'en fut que plus douloureuse. Noà retomba sur l'épaule et se cogna l'arrière du crâne contre un rocher. Sa vision s'amoindrit. Ses oreilles sifflèrent. Un liquide chaud se mit à couler le long de sa nuque et, quand il comprit de quoi il s'agissait, il se pétrifia.

     Le temps ralentit. Même blessé, Noà utilisait chaque seconde qui lui était donnée pour se rendre compte de la situation. À plusieurs dizaines de mètres, des formes et des couleurs s'entrechoquaient les unes aux autres. Une silhouette dansait autour d'une créature gigantesque, plongeait au sol, évitait les incendies lancés dans sa direction. Noà tourna la tête et distingua une deuxième forme se rapprocher de lui. Elle lui agrippa le bras, essaya de le relever tout en lui parlant, mais il ne saisit que la moitié des mots.

     Un déclic se fit dans son corps au moment où il invoqua son pouvoir divin. La Foudre d'Aelèk rugit en lui. Une énergie revigorante lui permit de retrouver ses esprits et lui donna la force nécessaire pour se redresser. Noà discerna finalement Töm à ses côtés, puis tourna la tête vers Kalyö, en plein combat avec un immense dragon.

     Bien loin de la carrure de Dylix et Kréah, le monstre ailé, un nombre incalculable de fois plus imposant, semblait tout droit sorti d'Hoxynûr. Son corps était aussi noir que l'obsidienne. Ses ailes translucides, en partie déchirées et brûlées, se déployaient pour lui octroyer une envergure démesurée. De taille diverse, des pics acérés émergeaient de sa peau et sa gueule telles des excroissances, auxquels s'ajoutait une lueur démoniaque dans ses iris rouge sang. Noà aperçut la queue du dragon, longue et abîmée, qui l'avait envoyé valdinguer quelques secondes plus tôt. Sur chaque partie du corps de la créature, il décelait un élément supplémentaire capable de le tuer.