Chapitre 25 [2/3] ~ La Conflagration d'Errakys

100 19 10
                                    

- Précédemment - 

     Aria prit une poignée de sable qu'elle frotta entre ses doigts. Elle inspira à pleins poumons sa dernière goulée d'air. Serait-ce le même sur Lyréah ? Aurait-elle d'ailleurs à respirer, là-bas ?

     Son rythme cardiaque ralentit à mesure qu'elle se résignait. Tòphios apparut au-dessus de son corps, la hache brandie si haut dans le firmament que l'ustraloise eut l'espoir de ne rien sentir quand elle s'abattrait. Elle ne sut expliquer comment, mais elle entraperçut le visage d'Isach derrière ses paupières closes.

     Aria n'avait pas la prétention de croire qu'il l'avait pardonnée. Elle espérait tout du moins qu'il serait fier d'elle, de sa détermination à rester aux côtés de Noà tout au long du périple et, ainsi, de protéger celui pour qui il avait donné sa vie. Peut-être était-ce lui qui, par n'importe quel moyen, l'entraîna vers son havre de paix. Car quand l'arme de Tòphios s'abaissa sur sa cage thoracique, Aria Mornèl n'éprouva pas la moindre souffrance.

***

     L'armure aussi étincelante qu'une nuit étoilée, Androméda faisait face à son armée. Derrière elle et l'enceinte d'Errakys, seuls les hurlements couvraient les palpitations des cœurs. Un chaos sans précédent. Une anarchie à laquelle la reine n'avait encore jamais assistée. Le ciel, peint de rouge et d'ébène, semblait provenir des temps anciens, là où ne subsistait que la vacuité du berceau d'Ustral.

     L'elfe pouvait lire la peur dans les yeux de ses soldats. Elle aussi, craignait pour sa vie – bien que son royaume demeurât sa priorité. Son règne de deux cent treize lunes l'avait préparée à n'importe quelle situation. Pourtant, Androméda frissonnait à chaque fois qu'elle entendait le supplice d'un de ses guerriers ; à chaque fois qu'une pierre utilisée pour bâtir Errakys s'effondrait.

     Selon les dires de son messager, les nortox avaient trouvé un moyen de franchir le Lac des Elfes. Ce n'était plus qu'une question de minutes avant qu'ils parvinssent à infiltrer le royaume et y répandre leurs ténèbres. Cela, Androméda ne pouvait le permettre. Elle plongea son regard dans celui de chaque pèlerin, elfe, centaure ou élémentaire à portée de vue, puis redressa la tête.

— Ceci ne représente en rien le dénouement de notre histoire ! clama-t-elle haut et fort. Il ne s'agit pas du Souffle d'Haóg mentionné dans les manuscrits de nos ancêtres. Errakys a traversé toutes les épreuves auxquelles il a été confronté. L'extermination de Sâtomb, la Guerre des Lumières et le coup d'État de Nédrayal le Perfide n'ont pas suffi à le terrasser ! Pensez-vous alors que ces viles créatures ont une chance de l'atteindre ?

     Une clameur monta dans les rangs. Certains soldats se manifestaient déjà, le poing serré, l'épée brandie vers les étoiles.

— Je comprends et partage votre frayeur, mais je sais aussi que vous êtes les plus braves représentants de vos espèces respectives, poursuivit la reine. Nos ascendants elfiques, les divinités élémentaires, les astres des centaures... tous sont là pour nous protéger ! L'illustre roi Stelleüm et ses meilleurs guerriers drakkiens combattent à nos côtés ! Expliquez-moi donc : qu'avons-nous à craindre, ce soir ?

     Une explosion recouvra le tumulte des ustralois. Derrière le mur d'enceinte s'éleva un panache de fumée noire. Des débris de pierres et de restes carbonisés volèrent par-dessus, puis retombèrent aux pieds de la dirigeante. Androméda déflagra de l'intérieur tandis qu'un elfe archer se précipitait vers elle, la respiration saccadée.

— Ma reine ! Ma reine... anhéla-t-il. Ils utilisent leurs mages pour détruire nos fortifications !

     Une deuxième explosion fit trembler le royaume.

Le Conte d'Ustral. Tome 1 ~ L'Oracle du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant