Chapitre VIII: Tristan et Yseult.

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                                                                       Chapitre VIII : Tristan et Yseult.


Désormais, Léandre se trouvait seul dans l'allée. Il fixait la porte où il avait vu Jeanne pour la dernière fois. Il tentait de ralentir sa respiration. Il devait retrouver son calme afin de réfléchir de manière claire à ce qui venait de se passer. Il se caressait les lèvres, à l'endroit où elles avaient rencontré celles de Jeanne.

Jeanne, Jeanne, Jeanne... Malgré le fait que cette soirée fut formidable, bien mieux que ce qu'il avait espéré, jamais il n'aurait imaginé qu'elle l'aurait embrassé. D'où son incapacité à faire le moindre geste à l'instant où elle s'était jetée dans ses bras. Ce baiser avait été incroyable. Elle avait donc suivi son conseil, vivre l'instant présent. Il n'avait jamais donné meilleur conseil. Ce baiser avait été renversant. Absolument renversant. Il se fit la réflexion que c'était cela un vrai baiser. C'était donc son premier baiser. Les autres n'étaient qu'un prélude à l'acte charnel. Celui avec Jeanne était un baiser emprunt d'un désir sincère. Le besoin de toucher l'autre. Il permettait de faire comprendre ce qu'ils ressentaient sans parler. Elle avait ouvert une brèche et avait pénétré directement dans son âme. Il se remerciait d'avoir insistait pour la revoir. Il aurait voulu que ce baiser dure encore et encore. Mais face à son désir grandissant et ses gestes de plus en plus appuyés, il s'était détachée d'elle pour vérifier qu'il ne l'avait pas offensée. Malheureusement ce fut le cas. La preuve avait été sa fuite. Maintenant, seul dans l'allée il s'en voulait. Il aurait été inopportun de frapper à la porte pour demander à la voir au milieu de la nuit. Devait-il lui écrire une lettre pour s'excuser ? Léandre Collins écrire une lettre à une femme ? Il rit lui-même de son idée. Il n'allait pas rester là toute la nuit à espérer qu'elle ressorte. Il rebroussa chemin jusqu'à la voiture.

Cette nuit là il ne trouva pas le sommeil. Il ne cessait de se retourner dans ses draps de soie. Il se souvenait de ce baiser, du parfum de Jeanne. Fort et envoûtant telle que sa personnalité. Il éprouvait pour cette française des sentiments qui lui étaient étrangers. Il ne savait pas comment il devait agir face à cette situation. Il avait besoin de la revoir, de lui parler, de s'expliquer, de lui promettre qu'ils iraient au rythme qu'elle voudrait. Et avec chance, elle le laisserait peut-être l'embrasser une nouvelle fois et la serrer contre lui. Il irait au Victory demain. Uniquement pour la voir. Il ne devait pas la laisser s'enfuir une nouvelle fois. Voire pire définitivement. Il allait réparer sa faute avant qu'un autre n'en profite et la courtise. Jamais il ne laisserait cela arriver. Elle était à lui.

Il finit par s'endormir car sa domestique Suzanne le réveilla en lui apportant le déjeuner sur un plateau. Il flâna dans le manoir pensif, incapable de faire la moindre chose. À la fin de l'après-midi il emmena sa sœur faire les boutiques. Eve était une jeune fille sauvage de 16 ans. Elle ressemblait à une poupée avec ses grands yeux bleus, ses cheveux blonds et sa peau blanche. Elle n'avait pas encore l'âge pour fréquenter la société. Elle avait peu d'amis et sa seule compagnie était celle de son grand frère. Il adorait sa sœur. Il l'avait toujours choyée et protégée. Il essayait d'être le plus présent possible. Paradoxalement, dès qu'elle aurait l'âge de sortir, il empêcherait les hommes de son type s'approcher d'elle. Ils ne la mériteront pas. Tout comme Jeanne ne le méritait pas en fait. Il avait soupé avec sa mère, Margaret, et Eve. Il se forçait à manger en leur compagnie de temps en temps par principe. Cependant il avait pris congés auprès d'elles plus rapidement que d'habitude car il voyait l'heure tourner. Cela l'angoissait. Il ne voulait pas arriver au Victoria et se rendre compte que Jeanne était déjà partie. De plus, il avait promis à sa mère de rentrer tôt car son frère Louis rentrait d'Italie ce soir. Il se changea. Il portait un costume noir, une chemise et un gilet bleues marine avec des motifs plus foncés sur le gilet. Il vérifia sa tenue dans le rétroviseur de sa voiture plusieurs fois. D'habitude il avait une grande confiance en lui.

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