Chapitre VI: Deux.

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Chapitre VI : Deux.


Les deux cousines étaient en terrasse dans une brasserie de la grande place. Après un bon repas, elles se partageaient une cigarrette face à la place en regardant les passants.

- Qu'est ce que cela fait d'être amoureuse ? Demanda Marine en rompant le silence.

Jeanne lui prit la cigarette de la main et aspirant fortement sur celle-ci. Elle recracha la fumée en réfléchissant à une réponse.

- C'est difficile à expliquer... On reconnaît ce sentiment que lorsque l'on a vécu.

- Justement je ne l'ai jamais été donc partagez ce secret ! Insista Marine en reprenant la cigarette.

- Je vais essayer. Quand vous êtes amoureuse, en sa présence vous avez l'impression que votre cœur se contracte. Vous sourirez bêtement en le regardant. Et malgré vos efforts, vos lèvres ne peuvent se contrôler. Vous vous répétez que vous avez de la chance de l'avoir. Que vous ne pouvez mettre de mots sur l'amour que vous ressentez. Et... (elle attrapa la cigarrette et prit une bouffée) lorsqu'il est loin, vous avez l'impression qu'il manque une partie de vous. Votre corps et votre cœur vous réclamment sa présence.

- C'est ce que vous ressentez pour Louis ?

- Oui... Avoua Jeanne la gorge serrée.

- Pourquoi n'allez-vous pas le retrouver ?

- Car je ne le mérite pas. Répondit Jeanne en écrasant la cigarrette dans le cendrier en verre.

- Simplement pour vos sentiments pour Léandre ? Questionna Marine les sourcils froncès.

- Oui. Même s'ils sont loin d'être ceux que j'ai pour Louis, j'aurais l'impression de le trahir.

Une odeur de vanille mit fin à leurs confidences. Auparavant Jeanne détestait cette odeur mais à présent, cette odeur lui donnait un haut de cœur. Elle ne sentait plus qu'elle. Précipitamment elle courut jusqu'aux toilettes une main aggripant sa bouche. Poussa les clients de sa main libre. Elle vida son estomac à plusieurs reprises. Elle se fit la réflexion qu'elle grossissait alors qu'elle vomissait souvent. Elle s'en était rendue compte lors de leur shopping avant de s'installer à la brasserie. Elle avait pris quasiment deux tailles. Cela était illogique. À moins que la taquinerie de Marine était réelle. Elle était peut-être enceinte.

- Non s'il vous plait pas cela. Murmura t-elle agenouillée à terre, la tête contre le mur.

Elle se rinça la bouche dans l'évier puis elle retrouva Marine qui l'attendait tournée vers la brasserie. Le front plissé, elle semblait être inquiète.

- J'appelle le médecin dès que nous rentrons !

Cette idée n'était pas si bête. Si sa cousine ne l'avait pas proposée, elle l'aurait fait.


Jeanne se rhabillait dans la chambre de sa cousine après son examen médical. Le médecin l'attendait avec celle-ci dans le salon. En fait elle avait insisté pour qu'il lui donne son diagnostic devant Marine quelque soit le résultat. Elle espérait tant que ce soit un virus. Avant de sortir, elle s'arrêta devant la porte fermée. Elle souffla plusieurs fois afin de se détendre. Ensuite elle ouvrit la porte donnant sur le salon. Marine était droite dans le fauteuil en velours vert clair, les mains sur les cuisses. Elle ne l'avait jamais vu aussi sérieuse. Le médecin rangeait son sac. Dès qu'il la vit, il se retourna vers elle.

- Vous n'êtes pas malade Mademoiselle Dumont.

- Oh comme je suis soulagée! Cria Marine en se levant brusquement.

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