Idem

Chapitre XII: Se reconstruire.

                  
                     Chapitre XII: Se reconstruire.

Léandre:

- Que voulez-vous de moi? Questionna Sarah Parker en s'étirant nue dans le lit.

- Simplement que vous écartez les cuisses. Répondit-il en enlevant sa chemise.

     Sarah lui obéit. Il se jeta sur elle et coucha avec elle. Comme souvent pendant l'acte il pensait à Jeanne. D'autant plus quand il couchait avec son "sosie". Voilà ce qu'était sa vie depuis quatre ans. Il alternait entre ses deux maîtresses et délaissait sa femme. Il n'était toujours pas père.

    Pendant que Sarah s'était assoupie, entièrement rassasiée, les mains derrière la tête il pensait. Comme toujours à Jeanne. En quatre ans, ils ne s'étaient pas parlés. Ils ne se voyaient que rarement lors de grandes occasions ou de drames. Le dernier était l'enterrement de Margaret, il y a huit mois. Elle ne l'avait pas regardé. Lorsqu'il croisait son regard par inadvertance, elle baissait les yeux de honte.

    À chaque fois, il mourrait d'envie de lui poser des milliers de questions. Il ignorait ce qu'elle ressentait depuis le décès de Edouard et si sa nouvelle vie lui plaisait. Elle était devenue une inconnue. Et cela le blessait horriblement. Jamais il n'aurait cru qu'elle pouvait vivre sans lui. Il en était absolument incapable. Il passait son temps à fumer, boire et couchait avec ses maîtresses. Parfois quand il avait bu, il trouvait le courage de rendre visite à sa femme dans sa chambre. Bien-sûr, il y avait les autres obligations familiales. Depuis la mort de sa mère, il était devenu officiellement le chef de famille.

     Les gens qui le voyaient ne pouvaient imaginer que cet homme fier et fêtard, n'aimait en fait plus la vie. Même ses amis ne s'en rendaient pas compte. Ils étaient plutôt heureux de le retrouver lors des soirées. Le seul qui aurait pu comprendre était George. Par ailleurs, ils s'étaient perdus de vu depuis 2 ans. George se consacrait à sa famille, sa femme et ses trois enfants. Il jalousait la vie se son ami. Personne ne savait que Léandre n'était plus qu'un corps sans âme, se laissant transporter aux grès de la vie.

   Il se mit à tousser violemment. Sarah bougea en grognant. Il ne fit pas attention à ses toux. Il en avait depuis plus de deux mois. Il attrapa une cigarette sur la table de chevet et l'alluma. Il sourit cyniquement en se disant "Si seulement la mort pouvait venir rapidement.". Par ailleurs, avec la malchance qu'il avait, il risquait certainement de vivre jusqu'à 80 ans.

   Une nouvelle fois, il se mit à tousser. La toux fut plus forte. Il dut se frapper le thorax. Dès qu'elle fut passée, il tira une nouvelle fois sur sa cigarette. Sarah se tourna sur le côté. Elle était agacée. De toute façon comme d'habitude, il n'allait pas tarder à sortir de cette suite. Et dire que celle-ci avait été son nid d'amour avec Jeanne. Il s'insulta intérieurement, il devait arrêter de penser à elle. Il avait mis quatre ans à se faire une raison. Pour sa santé mentale, il devait s'interdire d'espérer.

    Il se leva du lit et commença à s'habiller. Il dut s'arrêter car une toux intervint à nouveau. L'air pollué de New York ne lui allait plus, il aurait du faire comme Jeanne: s'exiler à la campagne dans l'Ohio.

Jeanne:

- Maman! Regardez-moi! Cria Victoire sur le poney.

- Je ne vois que vous! Ria Jeanne.

   Victoire se tint encore plus droite sur le poney. Elle affichait un sourire fier. La domestique qui tirait le poney ne put s'empêcher de rire. Et dire que les jumeaux s'apprêtaient à avoir 6 ans. Le temps était passé à une vitesse folle. Et jamais elle ne se serait imaginée se retrouver à la campagne en Amérique, dans une immense demeure constituée entièrement de bois, allongée sur une chaise longue blanche sur la terrasse. Elle, la citadine! Et pourtant, elle ne s'était jamais sentie aussi apaisée.