Chapitre IX: Plus jamais.

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Chapitre IX : Plus jamais.

    Le regard perdu dans le vide, elle ne faisait que de penser depuis qu'elle s'était installée dans le train. Son flot de pensées ne suivait pas de fil logique. Il allait de Léandre, à Louis et inversement. Parfois vers ses amis. Elle regarda le jonc qu'ils lui avaient offert. Eux aussi lui manquaient terriblement. Puis elle se fit une réflexion, ce train l'emmenait de son passé à son futur. Elle avait suivi son cœur, cela ne pouvait être que le bon choix. Et pourtant, elle se sentait terriblement angoissée. Elle se demandait sans cesse l'accueil que lui réserverait Louis. S'il était en colère et qu'il ne lui parlait pas, elle comprendrait parfaitement. Sa fuite avait été inadmissible mais nécessaire pour qu'elle réfléchisse loin de tout. De plus, elle avait revu Marine. Et pire, s'il ne voulait plus d'elle ? Elle eut un frisson à cette idée épouvantable. Les yeux lui piquaient et pourtant elle ne trouvait pas le sommeil.

Elle porta son attention sur la femme et sa petite fille devant elle. La mère lisait une histoire et décrivait les images. Parfois elle relevait la tête et souriait comme s'il y avait une sorte de lien entre les mères voire les futures mères. Elle avait aussi remarqué que les gens regardaient souvent son ventre arrondie. Certains par curiosité et d'autres lui souriaient. Une femme enceinte apportait une sorte de gaieté autour d'elle. Cependant des personne l'avaient aussi regardé méchamment. Une femme enceinte ne pouvait se trouver seule. Elle se rendit compte qu'elle avait la main sur le ventre. Cela devait être le cas depuis le départ. Le train eu des petites secousses. Elle eut le réflexe de le protéger en le tenant plus fermement. La campagne laissa place à la ville. Elle était de retour chez elle. Comment Louis allait-il réagir ? Bizarrement elle ne s'était pas posée cette question avant. Elle eut une bouffée de chaleur et essaya de faire de l'air avec sa main. Elle eut envie de faire demie-tour mais elle s'insulta intérieurement. Elle devrait affronter l'homme qu'elle aimait. Et même s'il n'avait pas le comportement qu'elle espérait au moins elle n'aurait pas de regrets.

- Mesdames, Messieurs, nous arrivons à la gare de Paris Nord d'ici deux minutes. Informa un contrôleur en uniforme en passant dans le couloir.

Jeanne ferma les yeux. Elle fit un geste qu'elle n'avait plus fait depuis longtemps, elle pria. À cet instant, seule une force supérieure pouvait lui venir en aide. Le train commença à ralentir. Elle ne savait pas ce qu'elle pouvait faire. Donc elle se concentra sur ses mains jusqu'à l'entrée du train dans la gare. Machinalement, elle regarda le quai. Quelques personnes s'y trouvaient. Elle repositiona son foulard pourpre. Elle se leva et défroissa sa robe grise. Elle regarda où se trouver sa valise. Elle se tint les hanches pendant qu'elle réfléchissait à la façon dont elle allait la descendre sans se blesser.

- Je vais vous la descendre. Proposa un homme d'une trentaine d'années.

- Je vous remercie.

Il la fit descendre et la posa devant elle en souriant. Elle lui rendit son sourire. Puis elle tourna la tête vers la gauche, elle vit un homme sautait afin de regarder à l'intérieur des wagons alors que le train était toujours en marche. Ce fut au tour de son wagon et elle vit son visage.

- Louis. Murmura t-elle.

Leurs regards eurent seulement le temps de se croiser. Celui de Louis brilla. Il arrêta de sauter et resta sur place. Jeanne se précipita vers la sortie en tirant sa valise. Elle trépignait d'impatience et ne pouvait s'empêcher de taper du pied. Avait-elle bien vu ? Semblait-il réellement heureux de la voir ? Cela ne pouvait être possible après ce qu'elle lui avait fait. Le train s'arrêta enfin. Elle força sur l'ouverture. Et les portes s'ouvrirent. Elle posa sa valise sur le quai. Elle se mit sur la pointe des pieds afin de le chercher. La foule remplissait déjà le quai. Elle le vit enfin. Les larmes lui montèrent aux yeux. Il avait adopté la même attitude qu'elle. Les cheveux ébourrifés, il portait un jean noir et une chemise en lin blanche. Elle le trouvait encore plus beau que lorsqu'elle était partie de New York.

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