Partie II: Aimez moi / Chapitre I: Paris.

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Chapitre I : Paris.

Un marchand exposait ses oiseaux aux passants au milieu du parc du Louvre. Ces derniers poussaient des cris admiratifs ou amusés. Le regard de Jeanne fut attiré par un couple d'oiseaux dans une belle cage dorée. Ils ressemblaient à des petits perroquets verts et de loin elle pouvait apercevoir que leurs faces étaient rouges. On aurait dit que les oiseaux se bécotaient. Le marchand dégarni et bedonnant avait un nœud papillon rouge. Il s'exprimait en faisant de grands gestes, il esquivait parfois des petits pas de danse. Cela ne manquait pas d'amuser les spectateurs.

« Mesdames, Monsieur, approchez ! Venez admirer ses oiseaux rares ! Les inséparables ! » Hurlait le marchand avec un accent exagéré, les bras écartés.

Des passant s'avancèrent en riant. Jeanne se concentra sur les oiseaux.

« Ils ne peuvent vivre l'un sans l'autre ! Si on les sépare... ils meurent ! » Quelques spectateurs poussèrent des petits cris de tristesse.

Jeanne se sentit immédiatement triste. Ce qui était ridicule puisqu'elle était consciente que le but du marchand était de vendre ses oiseaux. D'où sa manigance. En fait, depuis qu'elle était revenue à Paris il y a environ deux mois et demi, elle se sentait encore plus fleur bleue.

- Je vais acheter ces oiseaux... Déclara t-elle doucement. Elle avait honte d'avoir eu cette idée. Mais à cet instant, elle avait besoin de les acheter. Elle tourna la tête vers Anne. Son amie était avachie sur le banc, les jambes tendues. Anne la regarda, les sourcils levés. Elle arborait son habituel expression taquine.

- Vous allez les laisser mourir ! Achetez-vous plutôt une robe. Vous en prendrez plus soin ! Anne essayait en vain de cacher son sourire. Jeanne lui tapa amicalement l'épaule. Son amie cette fois ria aux éclats.

Comme cela faisait un bien fou d'être avec Anne. Elle lui avait terriblement manqué. D'où le fait qu'elles avaient éclaté en sanglots lorsqu'elles s'étaient revues. Oubliant les valises de Jeanne devant la porte de l'appartement. Elles avaient parlé des heures, Jeanne lui avait détaillé ses quelques mois en Amérique. Elle s'était souvenue de ses valises lorsque Anne l'avait interrogée sur les magasins dans ce pays. Les amies avaient dormi ensemble afin de continuer à parler tard dans la nuit. Bien entendu Jeanne lui avait raconté pour Léandre. Anne l'avait écouté et donné son avis telle une psychologue. Depuis, elle n'avait plus abordé le sujet. De même que leurs amis, Françoise, Alexandre, Paul et Émile n'avait pas tenté d'en parler. Anne avait dû les mettre au courant. Jeanne avait des amis extraordinaires.

Lorsque Jeanne était morose, Anne se contentait de lui sourire. Ainsi elle lui faisait comprendre qu'elle connaissait la raison mais qu'elle ne voulait pas remuer le couteau dans la plaie. Et quelle plaie ! Elle était géante et lui déchirait la cage thoracique. Comme lui avait dit Anne, le temps était le seul remède. Son cœur finirait par cicatriser. Jeanne ne pouvait que la croire. Anne aussi avait connu un chagrin d'amour. D'où son objectif : ne plus tomber amoureuse et finir vieille fille s'il le faut. Tant qu'elle était heureuse.

Et profiter de la vie, les amies connaissaient cela. Elles avaient retrouvé rapidement leurs habitudes. Le premier jour, Anne avait tenu à refaire visiter à Jeanne les grands monuments de la capitale. Telle une touriste. Puis depuis son retour les amies s'étaient baladées, avaient fait les magasins et enchaînées les soirées et restaurants. Anne était enchantée d'avoir son amie chez elle. Elles avaient toujours des sujets de conversation et des idées de promenades. Jeanne occupait la chambre d'amis. Anne vivait seule dans ce grand appartement. Sa personnalité ressortait de la décoration. Il y en avait peu mais chaque objet était original et placé à l'endroit parfait pour celui-ci. Sans oublier les centaines de livres qui gisaient dans différents coins de l'appartement. Jeanne avait dû laisser la plupart de ses affaires à New York. Ses parents lui envoyait des colis de temps en temps. Ce qui lui manquait particulièrement c'étaient ses livres. Elle avait pu en prendre que trois, les fleurs du mal de Baudelaire, Phèdre de Racine et Tristan et Yseult. Pour ce dernier, elle avait hésitait mais elle n'avait pas eu la force de le laisser. Elle était attachée émotionnellement à ce livre.

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