Idem

Chapitre II: Le présent.

Chapitre II : Le présent.

Jeanne se leva et se prit la tête dans les mains en répétant sans cesse « Oh mon Dieu ». Soudain Alexandre l'attrapa par le manteau et la força à le regarder. Il ne parlait pas mais la fixait intensément.

- Ne paniquons pas. Nous ne savons pas comment cela va se passer. Nous étions enfants lors de la première guerre.

Elle avait des difficultés à concentrer son attention sur son ami. Elle regardait autour d'elle et des pensées insensées la torturaient. Des gens couraient, d'autres étaient assis et même à terre. Certains pleuraient, certains semblaient tétanisaient. Alexandre la secoua.

- Jeanne ! Regardez-moi !

Elle mit un moment avant de faire le vide autour d'elle pour se concentrer sur son ami. Lorsqu'elle le fit, immédiatement elle pensa qu'il allait devoir être soldat. Il était sans femme et sans enfants. Il ne pourrait y échapper.

- Vous... (dit-elle en se mettant la main devant la bouche. Elle commença à pleurer). Vous allez être appelé.

Alexandre resserra sa prise sur les épaules de la jeune femme.

- N'y pensons pas. Nous aurions le temps d'y réfléchir. Pour l'instant, allez prévenir Louis. Je vais informer Françoise. Nous nous retrouverons chez vous après. D'accord ?

Elle acquiesça simplement de la tête.

- D'accord Jeanne ? Cria t-il d'une voix ferme.

- D'accord. Murmura t-elle.

Il lui fit un long baiser appuyé sur le front. Avant de se détourner d'elle, il lui demanda si elle réussirait à rentrer. Elle le rassura. Cependant alors qu'elle le voyait courir afin de sortir du parc, elle resta immobile à le regarder. Lorsqu'il disparut de sa vue, elle prit la direction opposée. Elle était tellement perdue qu'elle ne pensa pas à appeler un taxi. Elle marchait sans faire attention à ce qui se passait autour d'elle. La peur et l'étonnement sur le visage. L'avenir n'avait jamais été aussi incertain. Une chose était sûr, il promettait d'être sombre. Arrivée à mi-chemin, elle se rendit compte qu'elle se dirigeait vers son ancien appartement. Ils avaient emménagé dans un plus grand sur les Champs Elysés depuis plusieurs mois. Elle s'insulta intérieurement de sotte et prit la bonne direction.

Dans un croisement, elle s'arrêta et s'appuya contre un lampadaire. Elle avait horriblement mal aux pieds. Elle regretta d'avoir mis des talons hauts. Elle passa la main sur le front. Elle fut frappée par l'état d'esprit des Parisiens. Ils étaient plus survoltés que d'habitude. Ils semblaient être capables de piétiner tous ceux qui seraient un obstacle sur leur route. Elle avait hâte de rentrer. Elle avait besoin de voir sa famille. Et si elle le pouvait, elle les enfermerait dans leur appartement.

C'est avec soulagement qu'elle arriva devant son immeuble. Contrairement à d'habitude, le concierge n'était pas présent. Elle se demanda si cela était plus rapide de monter par les escaliers les quatre étages ou de prendre l'ascenseur. Elle opta pour le second choix. Par ailleurs, pendant qu'elle tapotait le sol du pied, elle se dit que l'ascenseur était trop lent. Donc, elle courut vers la porte donnant sur les escaliers. Elle prit sa robe dans la main et les monta en courant. Elle ouvrit brusquement la double porte rouge.

- Louis ! Cria t-elle.

Voyant qu'il ne répondait pas, elle traversa avec hâte le hall et la salle à manger.

- Louis ! Cria t-elle à nouveau.

Son cœur s'accélérait, elle avait l'impression d'avoir des difficultés à respirer. S'il ne répondait pas, elle savait qu'elle s'effondrait d'un instant à l'autre. Elle ouvrit la porte de la cuisine, il n'y était pas. Elle pensa à la chambre des jumeaux. Elle courut vers celle-ci espérant l'y trouver. Elle ouvrit doucement la porte. Louis se trouvait dans l'une des chaises blanches à bascule, il tenait Victoire dans les bras. Dès qu'il la vit, il mit son doigt sur la bouche pour lui signaler de ne pas faire de bruit. Elle laissa tomber la tête contre le bâti de porte. Son mari fronça les sourcils. Il la connaissait parfaitement donc lorsqu'elle était contrariée, elle ne pouvait lui cacher.