Chapitre XIII: J'attendrai ton retour.

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                                                            Chapitre XIII : J'attendrai ton retour.

        Jeanne faisait tourner le camée dans sa main depuis environ une demie heure. Assise sur un carton, elle faisait le point sur sa relation avec Louis. Bientôt deux mois qu'elle était de retour à Paris et elle ne lui avait pas écrit. Selon elle l'éloignement lui permettrait de comprendre l'ampleur de ses sentiments. Et cela en y réfléchissant de manière lucide et surtout sans l'avoir face à elle. Ainsi ce qui ressortirait de ses réflexions ne pourrait être que la meilleure solution, moralement et pour son cœur.

        Par ailleurs, elle avait fait son possible pour repousser ces moments de remise en question. Et son nouvel appartement avait été un bon prétexte. Grâce au financement de son père, elle l'avait acquis il y a deux semaines. Bien entendu elle aurait préféré l'acquérir par ses propres moyens mais la société ne lui en donnait pas la possibilité. De ce fait, elle avait dû rester silencieuse lors de la visite d'un ami d'Henri. Son père ne voulait pas donner son approbation tant qu'il n'aurait pas reçu l'avis de son ami. Quoi qu'il en soit, elle avait eu le coup de foudre pour ce petit appartement près du Louvre. Il avait une cuisine, un grand salon qui faisait office de salle à manger, une chambre et un grand balcon où elle s'imaginait déjà y flâner en regardant les passants. Depuis quelques jours, ses amis et elle ramenaient ses affaires.

        L'appartement parfait prenait forme, la décoration de style boudoir était quasiment finie. En effet, Jeanne se trouvait assise sur le dernier carton face à l'immense bibliothèque dans le salon. Et le seul objet pour lequel elle n'avait pas trouvé la place idéale était le camée offert par Louis. Elle ne pouvait pas le mettre dans sa boite à bijoux, l'endroit était trop impersonnel. Jeanne se trouvait bête d'être autant attachée à un objet. Bizarrement, elle avait eu moins de difficultés pour ranger les anciennes lettres de Léandre. Même si elle n'avait pas trouvé le courage de les brûler. Elle regarda la cheminée en marbre gris, puis le petit piano en bois. Elle ne savait pas pourquoi elle l'avait acheté dans une brocante car elle ne savait pas en jouer. Seuls Alexandre et Louis avaient cette faculté. Elle se leva et posa le camée au milieu d'une partition. Elle pencha la tête afin de réfléchir à cette place et elle la trouva parfaite pour l'objet. Elle retourna s'asseoir sur son carton alors qu'elle avait un jolie fauteuil en velours rouge. Elle continuait à fixer le camée et elle comprit. Elle accordait trop d'importance à cet objet car il symbolisait son éventuelle relation avec Louis.

        Jeanne ne lui avait pas écrit et pourtant sa main lui démangeait de le faire. Elle avait besoin de savoir comment il allait. En fait avec une lettre de sa part, l'absence serait plus soutenable. Mais elle voulait se tester et surtout elle ne savait pas ce qu'elle lui dirait. Désormais elle avait besoin de lui, elle se sentait apaisée en sa présence, il la faisait rire et les papillons dans son ventre étaient réapparus. Elle avait conscience que ce rapprochement s'était fait au départ car il était le sosie de Léandre. Au fur et à mesure sa vision avait évolué naturellement et elle différenciait parfaitement les deux hommes. Les sentiments étaient nés et ils n'avaient aucun lien avec son histoire avec Léandre, seul Louis en était la cause. Elle était heureuse à ses côtés. Et depuis la rupture avec Léandre, le retour du bonheur était inespéré. Allait-elle se priver de ce bonheur uniquement car il était le frère de Léandre ? Louis était vraiment un homme extraordinaire. « Pourquoi lui ? » était certainement la question qu'elle se répétait sans cesse. Pourquoi n'éprouvait-elle pas ce genre de sentiments pour un autre homme ? Ce n'était pas ce qui manquait sur terre. Depuis son retour, aucun ne lui avait plû. À présent la grande question était de savoir si ses sentiments étaient plus forts que sa conscience.

        Jeanne souffla et passa la tête entre ses jambes. Selon Anne cela était une technique de relaxation. Cette dernière avait raison, cela fonctionnait.

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