Idem

Chapitre X: Du temps.

Chapitre X : Du temps.

- Que se passe t-il ? Questionna Louis dans le dos de Jeanne.

Elle ne l'écoutait pas. Elle avait besoin de sortir de la salle de bal et de s'asseoir au calme pour réfléchir. Le grand salon jouxtant la salle de bal conviendrait. Son attention se focalisa sur un fauteuil en soie cyan dans le coin le plus reculé de la pièce. Elle s'y assit en se tenant la tête.

- Jeanne... Parlez-moi. Murmurait Louis en lui caressant les cheveux.

Elle releva les yeux vers lui. Il était agenouillé devant elle. Le regard anxieux. Elle se fit la remarque qu'il était magnifique. Ce qui la tracassa encore plus.

- Je suis désolée Louis mais je ne peux pas parler de ce sujet avec vous.

Il allait sûrement être vexé par cette réponse. Cependant cela était la vérité. Elle ne pouvait pas lui dire à quel point le regard de Léandre l'avait troublée. Et cela quand elle dansait avec lui. De plus, elle se sentait prisonnière entre son amour maudit pour Léandre et les sentiments naissants interdits qu'elle éprouvait pour lui. Ce dernier ne parut pas vexé par cette réponse. En effet, il lui sourit tendrement. Il comprenait. Louis était vraiment un homme bon.

- Voulez-vous que j'aille chercher Anne ou Alexandre ?

- Oui s'il vous plait.

Il lui déposa un tendre baiser sur la joue et sortit du grand salon. Dans quelle situation s'était-elle mise ? Ce mariage était une véritable torture. Elle devait cacher ses sentiments alors qu'elle se trouvait en face de Léandre et sa femme. Cela était d'autant plus difficile que celui-ci ne la regardait jamais. Ou seulement quand elle prenait la parole. Quel changement depuis son départ. Léandre était froid, distant et peu bavard. Les seules attentions qu'il accordait était pour sa femme. Cela était normal à vrai dire mais ce comportement blessait Jeanne. En fait au fond d'elle, elle espérait qu'elle garderait une place particulière dans son cœur. À croire que leur histoire n'avait pas eu la même importance pour lui. Il semblait avoir tourné la page plus rapidement qu'elle. Se prendre la vérité si violemment était difficile mais elle savait à présent qu'elle devait faire de même. Et même si elle ne s'en rendait pas compte, elle devait dès à présent refaire sa vie sans lui. Et c'est ce qu'elle avait fait en se libérant lorsqu'elle dansa avec Louis.

Pendant un instant elle avait baissé les barrières qui lui protégeaient le cœur. Et lorsqu'ils s'étaient regardé intensément, les sensations de bien être et les papillons dans le ventre avaient refait leur apparition. À sa plus grande surprise. Elle avait été sur un petit nuage jusqu'à ce qu'elle croise le regard de Léandre. Pourquoi celui-ci avait choisi ce moment précis pour daigner la regarder ? Dans ce regard elle y avait décelé en grande partie de la colère mais elle avait cru y voir aussi de la nostalgie et de la tristesse. Et surtout elle s'était sentie terriblement honteuse comme si son comportement était déplacé. En y réfléchissant cela l'était, elle ne pouvait éprouver des sentiments pour le frère jumeau de son ancien amant.

Jeanne pencha la tête en arrière. Elle allait devenir folle. La vie s'acharnait sur elle. Heureusement qu'Alexandre la soutenait. Elle n'aurait pas réussi sans lui. De plus, il tenait son rôle à merveille. Même s'il avait rajouté un semblant de relation amoureuse entre eux juste pour énerver Léandre. Jeanne connaissait parfaitement Alexandre. Elle savait que cela l'amusait. Au départ elle était gênée. Ensuite elle s'était dite que Léandre se trouvait avec sa femme donc elle ne devait pas priver Alexandre de ce nouvel amusement.

Alexandre fit son apparition dans le grand salon. Son éternel sourire cynique et charmeur avait laissé place à un air contrarié.

- J'aurais dû m'en douter que vous vous étiez exilée. C'est ce que vous faites quand vous êtes contrariée. Constata Alexandre.