Chapitre VI: Sans vous.

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Chapitre VI : Sans vous.

Devant la porte de la chambre d'hôtel de Léandre, Jeanne se demandait comment elle avait pu se laisser convaincre par Alexandre. Et surtout, comment la situation avait-elle pu dégénérer à ce point. Elle se dit que puisqu'elle était devant la suite autant se montrer courageuse et affronter ce que Léandre souhaitait lui confier. Une chose était sûre s'il avait insisté auprès d'Alexandre pour qu'elle vienne, leur discussion allait être sérieuse. Donc elle devait rester confidentielle. Rendre visite au frère de son époux dans une chambre d'hôtel était loin d'être convenable. Par ailleurs, elle en voulait tellement à Louis qu'elle s'en fichait de lui à cet instant.

Elle souffla longuement et frappa à la porte grise clair. Rapidement Léandre vint lui ouvrir. Il semblait heureux de la voir.

- Entrez Jeanne. Dit-il en souriant.

Avec la peur qui lui tiraillait le ventre, elle entra dans la suite. Dès qu'elle vit le luxe de celle-ci, elle se fit la réflexion que cela n'était pas surprenant connaissant le jeune homme. La décoration était un mélange d'ancien et de moderne. Chaque meuble devait coûter une fortune. Elle n'était jamais venue au George V, cet hôtel luxueux de plusieurs étoiles, mais elle n'était pas déçue. Sa réputation était méritée. Léandre se mit devant elle. Il lui souriait toujours. Quel contraste entre son humeur et le sien !

- Voulez-vous un verre de champagne ?

Elle n'avait jamais eu autant besoin d'un verre d'alcool. Elle fut soulagée qu'il lui demande. De plus l'alcool lui avait toujours parmi de discuter de sujets qui l'angoissaient. Ce qui serait certainement le cas ce soir.

- Oui je vous prie.

Pendant qu'il débouchait une bouteille de champagne, elle enleva son chapeau rouge et son manteau de fourrure noire qu'elle posa sur l'accoudoir d'un fauteuil dont le tissu était fleuri et s'y assit. Nerveuse, elle se concentra sur les plis de sa robe crème dont le jupon était noir et tenta désespérément de les défroisser. Elle releva la tête lorsque Léandre lui tendit une coupe. Elle lui adressa un léger sourire et la prit. Léandre se plaça à sa gauche. Elle pensa qu'il était trop prêt d'elle.

- Est-ce que vous avez eu mal ? Demanda t-il en désignant les points de suture sur son front.

Il se montrait étrangement attentionné. En fait cela n'était pas surprenant car depuis qu'il lui avait dit l'aimer encore, il osait montrer qu'il se préoccupait d'elle. Particulièrement ce matin, il avait été en quelque sorte son sauveur. Elle frissonna en repensant à ce désastreux événement.

- Oui mais le médecin a été très rapide.

Puisqu'il la fixait et que sa gêne redoublait, elle but une gorgée de champagne. Détendu, Léandre fit de même.

- Je suis désolé pour ce matin. Je n'aurai pas dû venir à l'improviste. Avoua t-il sans qu'elle s'y attende.

Elle le regarda sérieusement prouvant qu'elle était surprise. Elle se sentait terriblement honteuse du comportement de son mari. La gêne lui donnait envie de pleurer. Elle avala discrètement sa salive afin de retenir les sanglots. Elle en avait assez de pleurer. Avant l'emménagement des Dumont à New York, elle ne pleurait que rarement. Désormais elle était devenue très sensible. Cela ne lui plaisait pas. Pas du tout.

- Vous n'avez pas à vous excuser. Même si vous n'étiez pas présent, il serait rentré ivre. Je vous remercie de m'avoir défendue.

Elle avait besoin d'une cigarette donc elle attrapa son sac Chanel noir et en sortit une. Elle ne comprendrait jamais comment sa relation avec Louis avait pu en arriver à ce point. Avant la naissance des petits, si quelqu'un lui aurait dit cela, elle lui aurait ri au nez. Elle était tellement perturbée qu'elle avait oublié de prendre son briquet dans son sac. Avant qu'elle ne pose la main sur celui-ci, une flamme apparut devant ses yeux. Léandre attendait près d'elle en la fixant intensément. La flamme semblait se refléter dans ses yeux. Il était diaboliquement beau. Sans détacher son regard de ses yeux noirs, elle se pencha pour allumer sa cigarette. Léandre revint à sa place, posa les bras sur le dossier du fauteuil et croisa les jambes.

IdemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant