Roméo aux Enfers [MxM]

7 - Décisions, décisions...

     Roméo peinait à se reconnaitre dans le miroir. En quelques jours, Jules lui avait tellement mit la pression sur tout son être qu'il en avait eu des répercussions physique. Perdre un bon kilo et demi en quelque jours, il n'aurait jamais cru ça possible, mais il avait du se rendre à l'évidence lorsque son pantalon glissa de ses hanches lorsqu'il marcha dans son appartement.

     Ses nuits étaient bien trop agitées. Lui qui d'habitude était bon dormeur, cela faisait quelques jours qu'il se réveillait en sursaut et en nage dans ses draps, se réveillant probablement d'un cauchemar qu'il venait de faire, sans parvenir à s'en souvenir. Seuls ses cernes sous ses yeux en étaient témoins.

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« Il ne vous reste que les partiels pour vous rattraper, fit une voix qui semblait venir de loin.

     Roméo releva la tête ; son professeur venait de lui rendre une de ses copies, contenant pas mal de ratures.

— On dirait que tu ne t'es même pas impliqué dedans, dit-il en posant la copie sur sa table."

     Roméo baissa la tête. Il passa le reste de la journée perdu dans ses pensées. Ce soir, il y avait le concert de Jules auquel il devait assister. Il n'en avait pas envie, mais il lui avait déjà promis. À vrai dire, il appréhendait un peu, mais il ne pouvait plus reculer.

     Le lieu du concert était assez loin de chez lui, et assez tard également. Il prit un peu d'argent avec lui, et ne fit même pas l'effort de s'habiller autrement. Roméo prit juste le temps de jouer un peu avec Macaron avant d'aller tranquillement sur le lieu du concert. Étrangement, tous ses sens lui disaient de rester chez lui, de s'avancer sur ses devoirs et autres, mais rien à faire, il était déjà dans le tram qui l'amènerait au lieu du concert.

     C'était un petit bar assez en retrait des grandes rues, et il y avait déjà une bonne dizaine de personnes dehors, rigolant tout en sirotant une bière. Ils dévisagèrent tous Roméo lorsqu'il passa le pas de la porte. Il chercha Jules des yeux sans parvenir à le trouver, puis il s'avança vers le comptoir jusqu'à ce qu'un serveur le dévisage et lui adresse un petit coup de tête, l'incitant à se rapprocher.

« Qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-il en haussant la voix pour couvrir le bruit

— Rien ! Je suis juste là pour le concert ! répondit-il en hurlant presque, je suis là pour voir les, euh...

      Roméo fronça les sourcils.

— Ah, si, Satan's Sons ! dit-il précipitamment en ayant retrouvé le nom du groupe de Jules.

— Ils sont en bas, ils commencent dans cinq minutes ! »

      Roméo le remercia d'un mouvement de tête et tourna son cou pour regarder ce que voulait dire le barman en indiquant « en bas ». Il discerna un escalier et une rampe, qui menaient à un sous-sol. L'étudiant hésita quelques secondes avant de s'apercevoir qu'il y avait d'autre personnes derrière lui attendaient pour descendre. Il se résolut à s'engouffrer dans l'escalier menant au sous-sol.

     L'ambiance changea drastiquement. Les lumières étaient tamisées, et il discerna à peine les quelques tables entourées de tabourets. Au fond de la salle se trouvait une scène, avec déjà une batterie installée ainsi que deux pieds de micro.

     Quelqu'un le ceintura à la taille et il sursauta, se débattit avant d'entendre un rire qu'il connaissait déjà.

« Bah alors Roméo, t'es en avance ? s'exclama Jules en retournant Roméo vers lui.

     Comme d'habitude, il sentait l'alcool et la cigarette.

— Euh, bonsoir, je ne suis pas en retard ? demanda-t-il.

— Non, du tout, on commence dans cinq petites minutes ! Bon, j'te laisse, installe-toi et... Profite du spectacle ! »

     Roméo soupira et se résolut à se mettre bien au fond de la pièce, le plus loin possible de la scène et observa tous ceux qui entraient et sortaient du sous-sol. Et puis, un horrible crissement arriva à ses oreilles. Tout le corps de Roméo se tendit et il regarda la scène.

     Sans surprise, les Satan's Sons venaient de faire leur apparition et également d'attirer toute l'attention de la salle. Roméo s'en voulut un instant de ne pas avoir prit de boules Quies, mais en y réfléchissant, il s'en voulait aussi d'être venu, d'en avoir fait la promesse à Jules, de ne pas être resté plus longtemps à la BU et tout simplement de tout.

     Il se contenta de soupirer et jeta un coup d'œil à sa montre pour se rendre compte que seulement trois minutes s'étaient écoulées depuis le début du concert. Roméo prit son mal en patience.

     Ce n'est qu'à partir du second morceau qu'il regretta amèrement sa sortie. Tout se passa très rapidement. Quelqu'un hurla bien plus fort que Jules dans son micro, et Roméo n'eut le temps que de voir un verre voler à travers la pièce et s'écraser contre la pierre, des éclats volants un peu partout. Une jeune femme qui se trouvait à proximité hurla de surprise et de colère, avant de terminer sa bouteille de bière d'un coup et de se lever brusquement. Elle sauta sur l'homme qui avait lancé le verre et commença à violemment le frapper dans le foie. L'homme ne se laissa pas faire et agrippa le bras de la jeune femme, pour la faire basculer vers l'avant. Elle s'écrasa sur une table qu'elle détruit au passage. Certaines personnes tentèrent de sortir rapidement, mais d'autre (et à la grande surprise de Roméo, la majorité) se jetèrent dans le tas, rejoignant ceux qui étaient déjà en train de serrer les poings.

     Roméo, quand à lui, n'arrivait pas à bouger. Il était tétanisé et incapable de faire le moindre mouvement ; jusqu'à ce qu'un tabouret se fracasse juste à côté de sa tête. Il s'accroupit par terre, non sans avoir jeté un coup d'œil à Jules et à son groupe. Ils sautaient tous les trois sur la scène, visiblement amusés du spectacle qui se déroulait devant leur yeux. Roméo eut d'ailleurs l'impression qu'ils les encourageaient à continuer. L'étudiant fronça les sourcils et sembla enfin reprendre le contrôle de ses membres et il se décida à faire un pas sur le côté pour tenter de passer à travers la masse d'humains qui s'étaient entassé.

     Enfin, il aperçu la sortie et il s'y précipita presque, mais il ne calcula pas vraiment le coude qui arriva sur sa gauche et qui s'enfonça dans ses côtes, le faisant tomber par terre. Il ne réagit pas assez lorsqu'il vit dangereusement une chaussure venant involontairement heurter sa mâchoire. Roméo recula précipitamment, une douleur lancinante sur toute la partie gauche de son visage et il se rua dans les escaliers.

     Roméo remonta dans la partie bar et sortit immédiatement dans la rue. Il courut sans se retourner et monta dans le premier tram, après avoir hésité à rentrer à pied, les temps d'attente la nuit étant bien plus long.

« Plus jamais, plus jamais, plus jamais, PLUS JAMAIS ! » hurla-t-il dans sa tête, incapable de prononcer le moindre mot.

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     Le jeune homme regarda son reflet dans la vitrine. Il avait une démarcation rouge sur sa joue. Il soupira un bon coup avant de pousser la porte du salon de coiffure.

« Roméo ! Mon joli, ça faisait longtemps... Oh mon dieu c'est quoi ces cheveux ?!

     La coiffeuse se rapprocha à grands pas de Roméo et écarquilla ses yeux lorsqu'elle vit l'état de la partie gauche de son visage.

— Je veux avoir les cheveux lavande, s'il te plait, demanda-t-il d'un ton déterminé. »

     Elle ne lui posa pas plus de question et elle se contenta de prendre son manteau et de l'installer sur un fauteuil.

     Deux heures plus tard, Roméo passait la porte du salon de coiffure en se sentant de nouveau lui-même. Et au même moment, il reçut un appel de Jules. Il n'esquissa même pas un sourire en coin.

« Oui ? demanda-t-il en décrochant.

— Salut Roméo ! Ça te dit qu'on se voit ce week-end ? J'ai une bonne nouvelle à t'annoncer !

— Ça tombe bien, répondit calmement Roméo, il faut qu'on se parle. »

     Et il raccrocha au nez de Jules, ne voulant pas entendre sa voix plus longtemps.