15 - Premier semestre

1.7K 203 24
                                    

     Il s'était écoulé plusieurs semaines depuis que Roméo s'était rendu à la bibliothèque de sa ville. Il n'osait toujours pas poser de questions à Silcharde, mais ce dernier, bien qu'étant un démon, ne semblait pas vraiment vouloir faire de mal à l'humain. Au pire des cas, il arrivait que Silcharde fasse peur à Roméo par inadvertance, car malgré sa taille, il était relativement silencieux et discret, et au mieux, l'humain sentait bien que le démon faisait de son mieux pour tenter de comprendre le monde dans lequel il était temporairement coincé.

     À vrai dire, Silcharde se comportait comme un animal de compagnie doté de parole. Mis à part cela, il s'occupait toujours des cauchemars de Roméo, et il ne demandait pas grand chose ne retour ; si ce n'est du pain. Silcharde adorait le pain. Roméo avait été surprit par cet aveu, avant que le démon ne lui explique que c'était normalement avec cet aliment qu'on le faisait venir dans le monde des humains ; et non pas avec un sacrifice. Tous les jours, Roméo lui donnait donc un baguette de pain. Et petit à petit, la peur qu'il ressentait vis-à-vis de Silcharde s'estompa.

     En plus de tous les évènements de ces dernières semaines, les examens de fin de semestre arrivaient. Roméo n'avait jamais été peu loquace ces derniers jours et il lui arrivait de passer des soirées entières et des week-ends sans prononcer le moindre mot, sur pour marmonner à mi-voix une phrase de son cours.

« Tu devrais faire une pause, dit la voix de Silcharde à son oreille.

     Roméo se tourna lentement vers lui.

— J'ai fait de la nourriture, ajouta le démon en tentant de le convaincre.

— D'accord, d'accord... soupira Roméo en se relevant.

     Comment avait-il fait pour ne pas sentir la douce odeur qui flottait dans son appartement ? Il poussa ses cours sur une partie de la table et le démon parti dans la cuisine. Roméo s'occupa de mettre deux assiettes sur la table. Silcharde n'avait pas vraiment besoin d'assiette, mais il aimait bien faire « comme les humains » et de toute façon, c'était malpoli d'être le seul à avoir une assiette devant lui. À ce même moment, son interphone sonna, et les deux résidents de l'appartement se regardèrent dans les yeux.

— Reste dans la cuisine et ne sort pas. Prend juste ton apparence humaine, au cas ou, d'accord ?

     Silcharde se contenta d'hocher la tête et il referma silencieusement la porte de la cuisine.

— Oui ? demanda Roméo en appuyant sur l'interphone.

Bonjour, Monsieur Deschamps ? grésilla une voix à l'autre bout.

— Euh, oui ?

Je suis l'e... L'inspectrice Luciania et je suis accompagnée de l'inspecteur Bianchi. Est-ce qu'on peut rentrer vous poser quelques questions ?

     Le teint de Roméo pâlit. Il se tourna vers la porte de la cuisine et vit que cette dernière était ouverte. Silcharde, sous sa forme humaine, semblait l'interroger du regard. Roméo haussa les épaules. Silcharde se contenta de poser un index sur ses lèvres avant de refermer la porte silencieusement.

— Euh... Oui, bien sûr, finit-il par répondre.

     Il appuya sur l'interphone et la porte en bas de sa résidence se déverrouilla.

— Qu'est-ce que je suis supposé faire ? demanda-t-il à Silcharde.

— Rien. Ne t'inquiète pas. Ne dit juste pas que je suis là, d'accord ?

— Mais enfin, je ne vais pas crier sur les toits qu'un démon vit dans mon appartement ! Personne ne me croirait en plus !

     Silcharde se contenta de lui sourire et il s'enferma de nouveau dans la cuisine. Trois coups retentirent sur sa porte et Roméo déglutit, avant de l'ouvrir. Il se retrouva face à une femme et un homme. Ils portaient tous les deux des lunettes de soleil et un costume. Autour de leur cou pendait une plaque d'officier.

Roméo aux Enfers [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant