20 - Le lien

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     Roméo tremblait sans s'arrêter et sans pouvoir se contrôler. Devant lui, le prêtre, ses deux assistants et Luciania semblaient hors d'haleine. Ce qui était assez ironique, car Roméo, lui, avait vomit l'équivalent de deux repas, avant de cracher régulièrement de la bile.

« Rien à faire, marmonna le prêtre, ce démon est plus collant qu'une merde de chien sur une semelle de chaussure !

     Les larmes roulèrent sur les joues de Roméo bien trop facilement. Une main se posa sur son épaule et la pressa doucement.

— Tiens bon, Roméo, on va trouver une solution...

     L'étudiant n'arriva même pas à aligner deux mots avant de recracher de la bile. Luciania soupira devant ce spectacle et elle se releva, avant d'attirer l'attention des trois autres personnes pour qu'elles se mettent à l'écart.

— Je ne crois pas que l'exorcisme marche, avoua le prêtre, je ne sais pas qui est ce démon ni quel type de pacte ils ont passé, mais le lien est bien trop puissant. Personne ici n'arrivera à le rompre...

     Son regard glissa jusqu'à Roméo, qui avait les yeux clos.

— ... À part lui, probablement.

— Probablement ? demanda Luciania, il va falloir plus qu'un probablement. Bianchi était en train d'interroger le démon, je vais voir où il en est. Arrêtez la cession quelques minutes, il a besoin de reprendre ses forces, sinon son corps va lâcher et ce n'est pas notre but. »

     Le prêtre acquiesça et regarda Luciania quitter la pièce.

     L'exorciste, quant à elle, marcha rapidement dans les couloirs afin d'arriver devant une porte en bois qu'elle franchit prestement. Au milieu de la pièce se trouvait le démon à genoux, les bras écartés et fermement maintenus par des chaines bénites par le pape lui-même. La couleur de sa peau fit déglutir Luciania et elle s'avança prudemment au milieu de la pièce.

« Bianchi ? appela-t-elle en murmurant.

     Le rire guttural du démon lui répondit.

— Désolé, ton pote s'est pété deux phalanges en essayant de me déboiter la mâchoire.

     Il releva la tête. Ses cornes étaient bien trop présentes aux goût de Luciania, et Bianchi semblait avoir eu la même impression ; sa corne gauche était légèrement fendue et un mince filet noir, gouttant par terre, s'en échappait.

— Bianchi, il ne faut pas que tu blesses le démon ! Si tu le blesses, tu blesses l'humain aussi !

     Le collègue de Luciania apparut dans la pièce, la main droite enveloppée dans un bandage. Silcharde eut un rictus avant que cette même main ne s'écrase sur sa joue.

— Bianchi ! cria Luciania en attrapant son bras, arrête, pense à l'humain !

— Pourquoi l'humain ne lâche pas le nom de ce démon ?

— Peut-être qu'il ne le connait pas lui-même ?

— C'est étonnant, intervint le démon, il adore le crier, pourtant !

     Luciania eut l'air outrée.

— Il faut que l'humain rompe le lien avec lui, en conclut Bianchi.

— Tu crois vraiment que les mettre ensemble dans la même pièce est un choix judicieux ? Il l'air terrifié, le pauvre !

— Vous êtes sûrs que c'est moi qui le terrifie ? demanda le démon avec un sourire.

     Bianchi roula ses yeux dans ses orbites.

— Toi, la ferme.

     Il tira un autre bandage de sa poche qu'il utilisa pour bâillonner le démon.

Roméo aux Enfers [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant