Roméo aux Enfers [MxM]

27 - Le contrat

     Eux qui étaient normalement très sûrs d'eux, Luciania et Bianchi se sentaient en ce moment curieusement oppressés. C'était probablement du en partie au fait que la porte soit encastrée dans l'encadrement, anéantissant toute chance de sortie rapide. Et puis, après tout, les cachots étaient fait exprès pour que personne ne s'en échappe. Ils avaient l'air bien malins maintenant, ces deux exorcistes.

     L'entité, nommons-là Silméo, tenait précieusement Saty dans ses bras, comme si elle avait peur qu'il ne tombe par terre.

« Qu'est-ce que vous entendez, par « avenir » ? osa enfin demander Luciania pour rompre le silence pesant.

     Bianchi lui adressa un regard noir. Elle se tourna vers lui.

— Quoi ? demanda-t-elle en murmurant.

— On ne s'abaisse pas à parler en premier !

— Si je n'avais pas parlé on y était jusqu'à la tombée de la nuit, et on a franchement autre chose à faire.

— Elle a raison, coupa Silméo.

     C'était vraiment perturbant d'entendre deux voix en parfaite harmonie et provenant de la même bouche.

— Ce que nous entendons par avenir, est un simple contrat.

— Nous le refusons ! cria Bianchi sans perdre de temps.

     Sa partenaire lui assena un coup pied dans le tibia pour le faire taire.

— Vous n'êtes donc pas intéressés par la survie de l'espèce humaine ? C'est curieux, se moqua Silméo.

— Si, appuya Luciania en regardant Bianchi, nous sommes intéressés. Et nous vous écoutons.

     Silméo sourit et sortit une feuille de papier pliée en quatre de la poche de son pantalon. Il la déplia sur la table et donna un exemplaire aux deux exorcistes.

— Nos termes sont simples. En échange de la vie, du corps et de l'âme de cet humain et de ce petit démon, je laisse votre monde tel qu'il est.

— Et si nous refusons ? demanda Bianchi.

— Alors je n'aurai d'autre choix que d'envoyer mes hordes de démons se repentir d'âmes et de sang d'innocents.

— Tout ça pour ça ? demanda Luciania.

— Ne faites pas les malins, nous sommes plus avantagés que vous.

— Ah oui ? Je serai curieux de voir ça, demanda Bianchi.

— Vous avez vraiment envie de vous battre contre une légion de démons plus en colère que vous ?

— Nous nous battrons pour les humains quoi qu'il advienne !

— De bien belles paroles, en effet. Alors qu'il se serait plus simple et moins fatiguant de signer une feuille de papier ? Voilà bien les humains, toujours à chercher une raison pour être les héros. Vous souhaitez vraiment sacrifier vos hommes pour tenter de tuer quelques uns des nôtres ? Soit, mais c'est perdu d'avance. Et vous le savez.

— Qu'est-ce qui vous fait penser qu'on est en infériorité numérique ?

— Oh, s'il vous plait. Vous avez passé les derniers siècles à envoyer un nombre incalculable d'âmes dans mon royaume, sans aucune justification. Il y a des personnes, en bas, qui n'attendent qu'un feu vert pour se venger. Je suis quasiment sûr que les Royaumes Célestes sont vides, d'ailleurs.

     Luciania et Bianchi se regardèrent, se concertant en silence. Ce que disait Silméo était probablement vrai, mais c'était assez dur à entendre de la part d'un démon logé dans le corps d'un humain.