18 - Le garçon au manteau rose

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     Roméo était horriblement blême. L'inspecteur Bianchi se leva de la chaise où il était assit, et fit un discret signe de la tête à l'étudiant en l'incitant à le suivre. Roméo était paralysé par la peur et par sa boule d'angoisse qui nouait son ventre.

« Je n'ai pas toute la journée ; viens, ordonna l'inspecteur en insistant.

     Roméo se pinça les lèvres avant d'obéir. Ils allèrent tout au bout d'un rayon de la bibliothèque universitaire pour s'isoler et l'étudiant colla son dos contre les tranches des livres, le plus loin possible de Bianchi.

— Quoi ? demanda Roméo en le regardant de haut en bas.

     Bianchi soupira.

— Écoute, petit, je sais qu'on ne s'est pas présenté de la bonne façon la dernière fois et je sais que tu dois te demander pourquoi je suis là.

— En effet. Les inspecteurs ne sont pas bibliothécaires, normalement.

— C'est parce que c'est ma couverture. Je suis en mission.

— Pourquoi ?

     Bianchi sortit une photo de la poche intérieure de sa veste. Roméo secoua sa tête et ferma les yeux en voyant « Jules ». Il était mort ; il ne pouvait pas lui foutre la paix une bonne fois pour toute ?

— Je vous l'ai déjà dit, je vous ai déjà raconté ce qu'il s'était passé cette nuit-là ! siffla-t-il entre ses dents.

— Tu ne connais même pas sa véritable identité ?

— Pour être honnête avec vous ; je m'en fiche un peu.

     Bianchi sembla réfléchir un instant.

— Est-ce que tu me prendrais au sérieux si jamais je te disais que tu es en danger ? Un danger invisible, que tu ne peux ni voir, ni toucher, et qui nécessite l'aide de forces supérieures.

     Roméo souffla de lassitude.

— Écoutez ; j'ai eu mon semestre, je veux juste me détendre avec mes amies, et c'est tout. Je ne suis pas en danger. À vrai dire, je n'ai jamais été aussi serin de toute ma vie, aussi courte soit-elle. Alors arrêtez de m'espionner, et allez voir ailleurs si j'y suis ! »

     L'étudiant réalisa qu'il venait de monter le ton. Il souffla, secoua sa tête et partit sans attendre que Bianchi en rajoute une couche.

     Louise et Mathilde s'attendaient certainement à ce qu'il leur raconte quelque chose, mais l'air agacé de Roméo ne leur laissa pas vraiment de choix ; elles le regardèrent prendre ses affaires et quitter la bibliothèque d'un pas pressé.

     Au loin, Bianchi soupira avant de sortir son téléphone pour prévenir Luciania.

———————

— Quelques semaines auparavant —

— Italie, 3h08 —

(vu que l'auteur a malheureusement fait le choix d'Allemand LV2 en quatrième au collège [et encore, il faut le dire rapidement], les paragraphes suivants seront en français, et non en italien)

     Luciania était enveloppée dans un plaid en Minky (mais si, vous savez, ce tissu en polyester extra-doux), une tasse de thé tiède entre ses mains. Devant elle se trouvait une demi-dizaine d'écrans, tous allumés, qui affichaient divers diagrammes et tableaux.

     Et soudainement, l'un d'entre eux émit une bruyante protestation. Luciania sembla se réveiller d'un coup ; manquant de faire tomber sa tasse par terre. Elle prit une seconde le temps de poser son thé sur le bureau, et elle se rapprocha de l'écran pour être sûre de ce qu'elle voyait.

Roméo aux Enfers [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant