Born to lose you T1 (Réécriture)

15- Rendez-vous

Haven

J'asperge mon visage avec une vague d'eau fraîche qui finit de me réveiller. Personne ne semble levé dans la maison, ce qui m'étonne particulièrement. 

Les seuls bruits sont les froissements de mes baskets lorsque je dévale l'escalier rapidement mais discrètement. Je prends un des post-its du frigo pour laisser un mot à mon frère, je ne lui ai pas dit que je sortais et encore moins avec un garçon mais je n'ai plus 10 ans, je ne vais certainement pas lui demander l'autorisation. 

J'enfile mon manteau puis je sors de la maison, l'air frais me coupe le souffle. Il fait si froid pourtant le ciel est assez dégagé. Cela fait plusieurs jours qu'il n'y a pas eu d'orage et étonnamment cela me manque, la vie et le temps paraissent trop calmes comme ça. 

Je longe donc les rues jusqu'à la station de métro la plus proche, j'ai eu le temps d'étudier précisément le plan de la ville et de me rappeler le chemin qui mène à mon lieu de rendez-vous. 

J'appréhende un peu de revoir Oren après tout ce temps, nous avons beaucoup discuté depuis notre rencontre mais jamais de vive voix et encore moins en face.

- Excusez-moi, vous savez si cette ligne mène au centre-ville ?

Une vieille dame que je n'avais pas vu approcher me murmure ces mots avec une voix faible et rongée par le temps. Elle tient un sac à main très coloré et un parapluie fermé dans l'autre. Elle me sourit et je me rappelle la question qu'elle vient de me poser.

- Il me semble que oui.

- Merci beaucoup et bonne journée.

À croire que je m'inscris bien dans le paysage maintenant même si les codes de la vie ici ne sont pas encore très clairs pour moi. 

J'arrive au café et je remarque tout de suite Oren adossé au mur, une cigarette presque complètement consumée à la main. Il l'écrase dans un cendrier et vient à ma rencontre lorsqu'il m'aperçoit.

- J'avais peur de ne pas te reconnaître après tout ce temps.

- Cela ne fait que deux semaines et tu n'as pas arrêté de me parler par message.

- Tu n'es pas en train de te plaindre de ça quand même.

Évidemment que non, c'était une distraction très agréable et bénéfique pour moi. En réponse à mon sourire il vient tendre son bras pour m'inviter à entrer. 

Je m'installe à la table même de notre rencontre et j'attends qu'il ramène la commande. Le soleil se lève à peine sur la ville et tout commence à s'activer.

- J'espère que je ne t'ai pas fait lever trop tôt mais je dois partir travailler après.

- J'essaie de garder un rythme à peu près sain donc ça me va, dans quoi est-ce que tu travailles d'ailleurs, je ne t'ai jamais demandé.

Il s'assied en face de moi et dépose deux tasses sur la table.

- J'ai du mal à rester en place donc je change souvent mais en ce moment je bosse à la rédaction d'un journal. Ce n'est pas le New York Times mais c'est plutôt cool.

Ça ne m'étonne que très peu qu'Oren soit doué en termes d'écriture, ses mots dans les messages qu'ils m'envoient paraissent très réfléchis à chaque fois. Et il a l'air au courant de tout, apte à s'exprimer sur la plupart des sujets d'actualités.

- Et toi alors, tu ne m'en as pas vraiment parlé mais comment ça se passe avec ton frère? Tu vis seulement avec lui?

- Pour l'instant j'habite chez un de ses amis avec lui mais j'espère que cette situation n'est que temporaire. Mon but en venant ici n'était que de le retrouver, et aussi incroyable que cela puisse paraître je l'ai atteint. Mais plus rien ne me rattache vraiment à Olympia donc je pense m'installer ici à terme.