Born to lose you T1 (Réécriture)

8 - Arrogant

Haven

Devant moi se tient un homme à la carrure plutôt imposante mais son visage reste camouflé derrière la capuche d'un sweat noir épais. Aucun de nous deux n'ose s'approcher de l'autre, je reste tétanisée, les mains agrippées à la bretelle de mon sac à dos. 

Il avance de quelques pas, sa main se met à bouger et toutes les images des films d'action que j'ai vu dans ma vie me reviennent, j'ai l'impression qu'il va sortir une arme. Mais quand son visage est soudainement ébloui par la faible lueur d'un lampadaire, il se décide à le dévoiler totalement.

- Tommy ?

Je n'ai aucun doute sur son identité à ce moment précis, c'est lui et personne d'autre, même après ces années. 

Il a les mêmes traits de visage qui ont torturé mon esprit ces derniers jours, non, ces dernières années. Je suis toujours assise sans bouger, pétrifiée par l'accumulation de questions qui se pointent alors.

- T'as bien grandi depuis le temps...

Mon corps se met en route au son de cette voix, mes membres s'activent et je saute littéralement sur mes deux pieds. 

Mon premier réflexe est de m'accrocher à son cou, aussi fort que je le peux, en espérant ne plus jamais le voir disparaître. Malgré la chaleur émanant de ses bras enroulés derrière mon dos, cela semble si irréel.

- Comment ?

Ma voix est dure, mais j'ai besoin de comprendre, je me sépare de lui pour fixer mon regard au sien. Ces douloureux yeux bruns scintillants me déstabilisent et ramènent en moi un nombre incalculable de souvenirs. 

Il relâche un soupir et regarde le ciel pendant un moment, sa capuche s'échappe de l'arrière de sa tête. Sous la puissance de la lune et l'ampoule grésillante du lampadaire je peux l'observer davantage. Son visage est plus mûr qu'auparavant, son teint un peu pâle et les poches sous ses yeux témoignent d'un flagrant manque de sommeil.

- Il y aura de l'orage ce soir... si je me souviens bien tu adorais ça non ?

- Un orage ? Tu te fous de moi j'espère, je viens de découvrir que tu reviens du royaume des morts, tout ce que tu trouves à me dire c'est qu'il va pleuvoir cette nuit.

Un demi-sourire presque arrogant vient teinter le bord de sa lèvre et il ne se détache toujours pas de l'image obscure que dévoile le ciel. Une goutte d'eau solitaire atterrit alors entre ses deux sourcils et vient glisser sur le bord de son nez. Il revient enfin à moi et libère un petit ricanement.

- Tu vois je te l'avais dit.

Sans contrôler mon action, ma main se heurte directement à la joue de mon abruti de frère. Je ne regrette aucunement ce geste mais espère qu'avec, il réagira enfin.

- Cinq années ont passé Tommy alors arrête de me raconter de la merde et explique-moi.

Une goutte glisse elle aussi sur la froideur de ma joue mais elle ne vient pas du ciel. Elle est aussi seule que moi à l'heure actuelle.

- Tu me dois des excuses, des réponses, n'importe quoi.

Tommy frotte sa joue droite, et détourne à nouveau son regard comme s'il craignait de croiser le mien.

- Je ne peux pas...

- Comment ça tu ne peux pas.

Le silence dans lequel il nous plonge me déchire de l'intérieur.

- Donc on fait quoi maintenant. On s'assoit en attendant que ton tant attendu orage, qui a l'air de t'intéresser bien plus que moi visiblement, nous tombe dessus.