Born to lose you T1 (Réécriture)

5 - Un tour en taxi

Haven

- Bonjour, votre destination s'il vous plaît ?

Mes premiers pas dans la ville seront sûrement compliqués, je ne sais pas vraiment par où commencer mes recherches. La zone est si grande et malgré mes trouvailles pendant le trajet dans l'avion je ne suis pas devenue guide touristique en quatre heures.

- On va dire... le centre-ville, déposez-moi où cela vous arrange.

La femme qui conduit le taxi laisse échapper un léger sourire. Elle doit avoir la quarantaine passée, ses mains semblent habituées au volant .

- Tu sais ma petite, ça fait bien des années que je travaille sur ces routes et crois-moi, j'en ai croisé du monde. Des nombreuses filles comme toi avec un sac à dos et un peu d'argent dans les poches se sont assises ici.

Elle accélère pour s'engager sur l'autoroute et me laisse perplexe face à ses paroles, essayant de comprendre ce qu'elle souhaite me faire passer comme message.

- Enfin bref..., est-ce que tu connais un peu cette ville ? Je suppose que non, alors je vais te faire le petit résumé auquel chacun de mes clients a le droit. Sauf ceux qui n'ont pas l'air très marrant, eux je ne leur propose qu'un bonjour.

Pour une première rencontre, je suis un peu étonnée, mais elle sait faire la conversation alors je la laisse dans son discours. Ses mots sortent naturellement de ses lèvres si rapidement que j'en suis surprise.

- Après de nombreuses années d'occupation espagnole puis mexicaine, les Etats-Unis reprennent la Californie en 1848. Je ne vais pas te mentir mais tout ce qui se passe avant cette date, j'en ai absolument aucune idée.

J'avoue que je ne portais pas vraiment attention à son discours au début mais elle commence à m'intéresser.

- Bref, après c'est la ruée vers l'or dans les années 1848 et 1849, une période vraiment passionnante à étudier. Si je m'y connais un peu c'est qu'une de mes filles est étudiante en histoire à l'université. Et à chaque repas de famille je dois choisir entre l'écouter elle ou mon beau-frère un peu lourd.

Je pouffe de rire en mâchouillant mon vieux chewing-gum. Les collines de la ville se dessinent peu à peu dans mon champ de vision. Je perçois aussi les quelques lignes de bâtiments se faufilant entre les touches vertes.

- Cette époque influe un nouveau souffle à la ville, tous les aventuriers se ruent ici, désolée pour le mauvais jeu de mot. Il est joli ton pantalon de quelle marque provient-il ?

Cette interruption me perturbe par la façon qu'elle a de changer de sujet en à peine quelques secondes. Je pose mon regard sur mes cuisses, je ne me sépare jamais de ce jean, il est confortable et ça fait déjà plusieurs années que je le traîne.

- Un Levi's je crois, mais je ne vois pas le rappo...

- AHAH, je suis sûre que tu ignores qu'en 1847, monsieur Lévi Strauss s'est installé à San Francisco et qu'il y a créé ses premiers jeans. Même que pendant la guerre, son entreprise fournissait les soldats de l'armée américaine.

- Sur ce coup-là, j'avoue que votre repas de famille a eu raison de mes connaissances.

La baie se dessine à son tour sur ma droite et je sens que l'arrivée se rapproche de plus en plus, ainsi que sûrement des réponses à mes nombreuses questions. 

J'ai toujours eu un lien particulier avec Tommy, comme une connexion qui me permet de sentir s'il est proche ou non de moi. Et à ce moment précis, j'ai bien l'impression de n'avoir jamais été aussi proche de la vérité.