Lorsque Peter claqua la porte, Isabelle et Maeva était toujours immobile dans la cuisine. Isabelle car elle ne comprenait pas et Maeva parce qu'elle ne comprenait que trop bien. C'est la mère qui rompit en premier le silence:
-T'es fière de toi? Cracha-t-elle naturellement.
Maeva se tourna vers elle, les yeux exorbités par son culot. Elle ria en soufflant du nez de manière exaspérée.
-T'es sérieuse là? Tu crois vraiment que je suis fière!
-C'est toi qui t'es mise dans cette situation je te signale. Tu m'as menti délibérément, tu LUI as menti délibérément ! S'énerva la mère en indiquant du doigt la porte d'entrée.
- Et tu penses que je l'ai fait par plaisir! Dit Maeva un ton plus haut, les larmes lui montaient aux yeux.
-Alors pourquoi m'as-tu menti?
-A ton avis! Parce que je savais déjà que tu ne voudrais rien entendre! Que tu me reprocherais encore 1000 et une choses! Parce que quoi que je fasse, ce n'est jamais assez bien pour toi! Parce que j'ai l'impression de sans cesse te décevoir! Que tu n'es jamais fière de moi! Alors je te cache des choses, je te cache mes échecs, je te cache mes erreurs, je te cache mes craintes! Parce que tu ne veux pas d'une fille faible! Et je finis même par te cacher mes réussites, mes batailles, mes fiertés! Tout simplement parce que j'ai peur que ça ne soit pas suffisant, pas assez grandiose, pas assez parfait!
Maeva venait d'hurler et les larmes coulaient purement et simplement sur son visage.
Isabelle l'a regarda, elle n'avait plus les mots.
-Maeva... Bien sûr que je suis fière de toi...
-Et bien on ne dirait pas. Dit Maeva, les yeux levés au ciel pour éviter le regard de sa mère. Tu passes ton temps à me rappeler mes tords; tu n'aides pas assez à la maison, tu n'as pas d'ami(e)s, tu t'enfermes sans cesse dans ta chambre, t'es la grande alors tu pourrais faire un effort pour ne pas te disputer avec ton frère, tu tires tout le temps la tête, tu pourrais aller plus souvent sur la tombe de Chris et grand-père, tu devrais aller plus voir ta mamy,...
-Parce que c'est vrai!
-Peut-être mais tu ne fais que ça! Tu ne fais que critiquer! Tu ne fais QUE ça! Répondit Maeva le visage crispé par la tristesse. Tu ne me dis jamais ce que je fais de bien, tu ne me demandes jamais vraiment comment je vais, tu me remets sans cesse en doute, parfois je me demande même si tu me fais confiance.
-Mais bien sûr que je te fais confiance!
Une larme dégringola sur le visage d'Isabelle.
-Alors tu m'aurais cru si je t'avais dit que Lyndsay m'avait piégé?
-Bien sûr!
-Maman?
-Non, c'est vrai... Mais pourquoi ta meilleure amie t'aurais fait ça en même temps!
-Pas "pourquoi ta meilleure amie t'aurais fait ça" mais plutôt "pourquoi ton ancienne meilleure amie t'as fait ça". Elle l'a fait maman, ce n'est pas une hypothèse.
-Oui mais pourquoi a-t-elle fait ça! Tu ne lui as rien fais toi?
-Tu vois... Tu doutes encore de moi...
-Non c'est pas ce que je voulais dire, c'est une affirmation, je sais que ma fille n'aurait pas fait quelque chose pour provoquer ça.
-Je me suis juste fais un ami.
-C'est pour ça qu'elle s'est arrangée pour t'envoyer en retenue?
-Oui.
Maeva ne pleurait plus, elle avait repris son calme et était devenue distante de la conversation.
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Tu me manques tellement
Fiction généraleUne perte inattendue... Un deuil plus qu'imprévu... Et c'est toute l'enfance de Maeva qui se change en un questionnement sans relâche. Mais ce n'est que des années plus tard, suite à un rencontre peu conventionnelle, que Maeva voit enfin les répons...