-"Je me sens vraiment pas bien"
C'est ça, c'est exactement ça. Il n'est pas bien, il a mal. Il est seul, couché sur son lit... et il pleure. Il a l'impression qu'on lui comprime la poitrine, c'est léger mais ça l'empêche d'inspirer complètement. En tout cas c'est l'impression qu'il a. Il regarde la photo de sa mère et il pleure.
Un caillot de sang c'était formé dans sa tête à cause de sa chute. Ce ridicule petit caillot c'était décrocher et avait commencer à se déplacer. Jusqu'à son coeur. Empêchant ainsi son bon fonctionnement. Elle avait fait un arrêt cardiaque.
Heureusement, les médecins étaient là. Ils lui ont fait un massage cardiaque. Ils l'ont réanimé. Ils ont dû l'emmener d'urgence au bloc. Opération à coeur ouvert. Ils ont réussi à enlever le caillot. Ses constantes sont stables. Mais elle est sous respirateur. Elle est encore faible. Les médecins espèrent qu'il n'y aura pas d'autre caillot. Ils ont dit qu'ils ne savaient pas si elle y survivrais. Si son coeur le supporterait. S'il supporterait une deuxième réanimation.
Son coeur... C'était son coeur.
Son coeur était faible. C'est quand même un signe fort, le coeur. Le coeur c'est la représentation physique, physiologique, matériel de l'amour. Et son coeur à elle, il avait cessé de fonctionner.
C'était un bref instant mais comment peut-on aimer si le coeur s'arrête, abandonne, faillit à sa tâche? Quand on est mort, peut-on encore aimer? Notre coeur ne fonctionne plus, il ne bat plus, alors comment peut-on encore aimer? Peter pleure. Pendant un court instant, sa mère avait cessé de l'aimer complètement. Oui, elle était revenue. Son coeur s'était remis à battre. Mais si ça n'avait pas été le cas? Il ne lui a jamais vraiment dit qu'il l'aimait. Ou du moins plus depuis qu'il avait grandi. Comme si, avec l'âge, on apprenait aux gens à tout cacher, tout camoufler. Comme si on nous demandait de ne pas étaler nos émotions. Comme une espèce de pudeur sentimentale... Débile. Complètement débile. Complètement débile et pourtant on le fait. On le fait tous. Et lorsqu'on ne le fait pas, quand on ose dire ou montrer à nos proches qu'on les aime, on dirait qu'on les gêne. Comme si on leur avait en fait annoncer un truc dégoutant. C'est débile. Aujourd'hui, Peter avait failli perdre sa mère sans jamais lui avoir réellement dit "je t'aime". Et si elle n'avait pas survécu, si elle s'était éteinte? Elle ne l'aurait plus jamais aimé? Les gens lui aurait dit que si mais, en réalité, qu'est ce qu'ils en savent? On ne peut que garder des souvenirs de nos morts. On ne peut que se souvenir de l'amour qu'ils nous portaient avant, quand ils vivaient. D'ailleurs c'est pour ça qu'on parle d'eux au passé. Parce qu'il nous reste seulement des souvenirs de leur amour. Que des bribes d'eux, d'eux avant, d'eux en vie. Mais les souvenirs c'est subjectifs. Les souvenirs c'est vagues. Les souvenirs c'est falsifiables. Son amour n'aurait alors été qu'illusion?
C'est douloureux. C'est horrible. Cette sensation. C'est tellement. Indescriptible. Peter n'a pas les mots.
- "Tu peux venir?"
Il a besoin d'extérioriser. Il a besoin d'aide. Il a besoin d'être écouter. Besoin de parler. Besoin de pleurer. Besoin de s'excuser. Besoin de tellement de chose sans savoir lui même lesquelles.
C'est fou comme on peut être désorienté quand on perd quelqu'un qu'on aime. Même pour un bref instant. Quand la personne est encore là près de nous, on ne voit pas à quel point elle impact notre vie, on ne réalise pas l'importance de sa présence. Mais quand on la perd... C'est tout un monde qui s'écroule, c'est son image qui est brisée. C'est dur de réaliser qu'on ne la verra plus jamais tant qu'on ne l'a pas vécu. On ne se rend pas compte à quel point sa perte va créer un manque profond en nous tant qu'on n'a pas risqué de la perdre ou qu'on ne l'a pas perdu.
Peter se demanda si Maeva pourrait comprendre. Avait-elle déjà perdu quelqu'un? Avait-il eu raison de lui demander de venir? Ses larmes se calmèrent un peu en pensant à Maeva. Il était heureux qu'elle ait accepté de venir.
On sonna à la porte. Peter se dit à lui même:
-Allez, reprend toi!
Il ouvrit la porte.
Mais quand il l'a vit, là, devant chez lui, il fondit à nouveau en larme. En la voyant il réalisa qu'il allait devoir lui expliqué toute l'histoire et toute ses réflexions lui revinrent en pleine figure, d'un seul coup. Comme une claque. Une énorme claque, douloureuse. Il tomba dans ses bras. C'est la seule chose qu'il pu faire sur le moment. Mais il sentit immédiatement qu'elle n'était pas à l'aise, qu'elle ne savait pas quoi lui dire, qu'elle était surprise. Peter réalisa qu'il devait dire quelque chose pour rompre ce malaise:
-Merci, merci d'être venue. Parvint-il à dire entre deux sanglots.
Mais le malaise était toujours là, il le sentait, c'était palpable. Elle lui proposa de rentrer dans la maison. Il l'emmena alors vers le salon où il s'effondra sur le canapé. C'est là que la question fatidique retenti:
- Que se passe-t-il Peter?
L'image de sa mère lui revint en mémoire. Il l'imagina, agonisante sur son lit d'hôpital, inconsciente. Avait-elle eu mal? Est-ce qu'elle souffrait encore maintenant? Ces sanglots reprirent de plus belle. Mais étrangement ça lui faisait du bien. Il avait l'impression que chaque larme versée là, maintenant, devant Maeva, était un petit poids qu'on lui enlevait de la cage thoracique. Lui permettant ainsi de se sentir plus léger, avec l'impression de mieux respirer malgré son nez complètement bouché. Mais déjà Maeva tentait de le calmer.
C'est fou ce que les gens ont peur quand il voit quelqu'un pleurer, on dirait qu'il tente de les calmer au plus vite comme si les larmes étaient dangereuses. Mais pour l'instant, ses larmes à lui étaient surtout nécessaires, réparatrices, libéralisantes.
Mais Maeva insistait. Et Peter comprit, il ne pourrait pas décharger tout les poids qu'il porte sur sa poitrine. Pas devant elle. Elle allait sûrement faire comme tous les autres,une fois qu'il serait calmer, elle changerait de sujet pour ne plus le voir pleurer. Elle se sentirait ainsi soulagée, pensant bien faire en l'aidant à arrêter de pleurer. Mais en réalité, lui, il avait besoin de parler. Il avait besoin qu'on l'écoute, besoin de pleurer. Il avait besoin de sentir chaque larme couler sur sa joue, jusqu'à son menton. Il avait besoin qu'on l'aide à se décharger de toutes ses questions pesantes.
Mais il se calma, pour elle. Et il se sentit bête, bête d'avoir pleurer ainsi devant quelqu'un qui le connaissait à peine, bête d'avoir pleurer devant quelqu'un tout court. Il s'excusa plusieurs fois. Elle lui dit que ce n'était rien mais lui se disait en lui même qu'il avait tout gâché. Il ne se sentait pas mieux car il n'avait pas extériorisé mais en plus il avait peur d'avoir gâché toutes ses chances avec elle en pleurant ainsi. Il se sentait con.
Mais Maeva fit une chose à laquelle il ne s'attendait pas, elle ne changea pas de sujet contrairement à ce à quoi il s'attendait. Elle lui demanda même ce qu'il s'était passé, pourquoi il était dans cet état. Peter réalisa qu'il avait encore une chance, une chance de s'alléger mais aussi une chance avec elle s'il arrivait à lui expliquer et à se soulager tout en restant calme. Il lui demanda alors un mouchoir pour bien remettre ses idées en place, souffler, se calmer et surtout se préparer à lui expliquer. Calmement, il devait le faire calmement. Elle était là pour lui, il pouvait bien faire ça pour elle. En plus, il avait eu droit à trois câlins au total, ça valait bien un petit effort pour rester calme.
-Alors voilà...
Il lui raconta tout. De temps en temps des larmes coulèrent sur ses joues mais il lui dit tout. Calmement. Et elle l'écouta attentivement, laissant ses quelques larmes coulés en liberté.
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Alors? Qu'avez-vous pensez de ce chapitre? Est ce que vous avez apprécier avoir le point de vue de Peter pour une fois? Que pensez-vous qu'il va arriver suite à cette discussion?
Dites moi tout en commentaire! Et n'hésitez pas à me laisser une petite étoile! Ça fait toujours plaisir...
Bisous bisous. Et n'oubliez pas de dire aux gens que vous les aimer, ils ne sont pas éternels... Et même s'ils vous remballes au premier abord sachez qu'ils vous ont entendu et que ça a tout de même un impact. Ils le sauront malgré tout.
VOUS LISEZ
Tu me manques tellement
Fiction généraleUne perte inattendue... Un deuil plus qu'imprévu... Et c'est toute l'enfance de Maeva qui se change en un questionnement sans relâche. Mais ce n'est que des années plus tard, suite à un rencontre peu conventionnelle, que Maeva voit enfin les répons...