Apprends-moi

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟑𝟓

第 𝟯𝟱 章

Je rejoins la table, Robby sur mes talons. Nous prenons les places de la fois précédente sans même nous concerter. Mon père nous gratifie d'un grand sourire, tout comme ma mère qui vient poser le plat de ce soir au centre de la table.

- Vous avez fini les étagères ? demande mon père.

Je lance un bref regard à Robby qui répond positivement. Mon père sourit davantage puis tourne son regard vers moi.

- Tu te sens prête pour la semaine prochaine ? Plus que douze jours ma fille.

- J'ai hâte. En plus, Robby et moi n'allons pas être associés à un dojo donc le challenge est deux fois plus gros.

Comme nous n'avons pas une équipe, une salle de karaté répertorié, Robby et moi sommes seulement deux, alors que face à nous, il y aura des équipes de dix. Nous allons devoir tous les laminer pour gagner la compétition, et peut-être même devoir s'affronter pour déterminer le meilleur de nous, mais c'est rare. Il y a peu de chance que nous soyons face à face.

- Tu as raison.

- Bon, tenez les enfants, intervient ma mère pour nous servir.

Elle prend nos assiettes et les remplit, avant de les reposer devant nous. J'attends que tout le monde soit servis et commence à manger.

- Tu vas rentrer comment ce soir, Robby ? demande maman.

- À pieds comme tous les soirs.

- Tu n'avais pas une voiture ?

- Elle est à mes parents. Je ne l'utilise que pour aller au centre commercial ou chez des amis en ville.

Ma mère acquiesce en fourrant une fourchette pleine dans sa bouche.

- Tu veux qu'on te ramène ? Tu ne va pas faire le trajet tous les soirs, ajoute maman.

- Ne vous en faites pas Christelle. Je vais me débrouiller.

- Enfin Robby ! Ça ne se refuse pas. Tu habites vers le lac n'est-ce pas ? Grace tu vas le ramener.

Je m'étouffe avec mon verre d'eau.

- Pardon ? Je n'ai pas conduit depuis... Portland.

Depuis que j'ai eu un petit accident avec mes amis.

- Justement. Tu te remettras dans la bain comme ça, proclame-t-il en souriant.

Je soupire et baisse les yeux vers mon assiette. Nous avons eu beaucoup de chance ce jour-là.

Il était tard. Nous revenions d'une session et d'une soirée à faire n'importe quoi. On avait tous bu mais j'étais la plus sobre, alors j'ai pris le volant pour les ramener. Antonin – alias Tony – tenait Clelia sur ses jambes tandis Mariam et Timmy dormaient l'un sur l'autre. Oliver était sur ma droite, à la place passager. Quand nous buvions, Oli et moi avions l'habitude d'être plus proche, plus ambiguë. Alors ce soir là, étant donné que les autres dormaient ou étaient occupés, il a passé sa main sur ma cuisse et sur mon entrejambe, là n'était pas le problème. Les problèmes sont venus quand nous avons commencé à nous embrasser et que je ne me préoccupais plus de la route. Derrière nos deux amis encore réveillés chantaient et criaient, toujours dans l'euphorie de la soirée quand soudainement, j'ai vu des phares nous éblouir. Paniquée, j'ai mis un grand coup de volant sur la droite et nous avons atterri dans un fossé. C'est assez brouillon dans ma tête mais je me rappelle d'Oli, c'est vraiment le seul visage lors de l'accident dont je me rappelle. Il était sonné et répétait mon prénom, son visage saigné et il avait une grande plaie sur le côté du visage, puis je me suis évanouie et réveillée à l'hôpital.

C'est aussi à cause de ça que nous avons déménagé de Portland. Deux ou trois jours plus tard, sans avoir revu une seule fois mes amis, nous étions partis en direction de la Californie, soit ici.

- Grace ? m'interrompt une voix.

Je relève les yeux et croise le regard de ma mère. Je lui souris, elle me tend la carafe d'eau afin que je me serve un verre.

- Tu as fini ton assiette Robby ?

- Oui, c'était super Christelle. Merci encore.

- C'est normal ! dit ma mère de façon plus qu'enjouée.

Mon père me tend ses clés que je récupère d'une main tremblante. Il le voit bien.