Chapitre 26 - Trois nuits trois quarts

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1 AN PLUS TÔT.

La trappe s'ouvrit sur ce qui ressemblait au reste d'un sandwich, c'était le troisième jour que je n'avais rien avalé si ce n'est une eau tellement jaune qu'on aurait pu la confondre avec de la pisse. Aujourd'hui avait été ma quinzième tentative de fuite et comme toujours, on m'avait si puni que mes plaies allaient prendre des semaines avant de cicatriser. Le schéma était toujours le même, alors que les sorciers m'emmenaient faire un exercice, j'en profitais pour les envoyer valser contre le mur ; puis les autres arrivaient, puis ils prenaient le même tarif.

Une fois à l'extérieur du bâtiment, j'étais encerclée par les gardes, c'est alors que je remarquais une énième installation électrique ; j'étais sa prisonnière. Ls gardes tentaient de m'arrêter, c'est le coup presque fatal de Darkar qui me stoppait dans ma si bonne lancée.

De retour à la cellule, c'est la nourriture qui venait à manquer, l'eau qui en venait à être toxique, la voix de l'homme que je détestais tant résonnait inlassablement dans ma tête. Étais-je assez courageuse pour mettre fin à mes jours ? Certainement pas, j'avais essayé à de multiples reprises et à chaque fois, je n'étais pas assez rapide, les sorciers avaient le temps de m'arrêter.

Je ne recommencerais plus, s'il vous plaît.Je ne recommencerais plus, s'il vous plaît.Je ne recommencerais plus, s'il vous plaît.Je ne recommencerais plus, s'il vous plaît.Je ne recommencerais plus, s'il vous plaît.Je ne recommencerais plus, s'il vous plaît.Je ne recommencerais plus, s'il vous plaît.Je ne recommencerais plus, s'il vous plaît.Je ne recommencerais plus, s'il vous plaît.Je ne recommencerais plus, s'il vous plaît.

Ses hurlements s'arrêtèrent au bout de trois longues heures de supplication. Le pauvre sandwich ne me paraissait même plus appétissant, isolée depuis trois long jours, je n'avais plus eu aucun contact humain. La seule chose qu'il me restait, c'était les étoiles. Elles, elles me donnaient rendez-vous tous les soirs, elles, elles n'arrêtaient jamais de briller.

J'adorais les observer, faible souvenir de ma vie d'avant, celle que j'avais enterré depuis belle lurette. D'autres élèves, à Alféa, devaient regarder les étoiles au même moment, partout à travers le monde, les gens observaient les étoiles, qu'en était-il des sorciers ? Observaient-ils les étoiles ou ces dernières ne préféraient pas les éclairer ? Cette pensée me fit faiblement sourire.

Au petit matin, la porte s'ouvrit sur des soldats, je les suivais sans discuter. A quoi bon cela aurait servi ? J'étais devenue leur chose, grâce à Darkar, il pouvait faire ce qu'ils désiraient de moi, je n'y verrais même pas l'ombre d'un inconvénient. C'est dans une petite pièce qu'ils m'emmenèrent, m'y enfermant, cette pièce n'avait pas de lumière, elle était éclairée avec de la magie mais cette même lumière s'éteignit quand les gardes refermèrent la porte.

C'est alors que j'entendis la porte s'ouvrir à nouveau, laissant entrer un.. Comment décrire ce que je ne voyais pas ? J'entendais seulement son râle, cette chose ne pouvait pas être humaine. Et elle se dirigeait droit vers moi, je l'arrêtais juste à temps dans un nuage de flammes qui l'éclarait.

Un brûlé.

J'avais vu des images avec maman, laissant une boule de flamme éclairer l'endroit, j'en vis d'autres arriver en courant, une dizaine se dirigeait droit vers moi. Même avec toute la bonne volonté du monde, je ne réussissais pas à tous les tuer, finissant par capituler sous les coups.

C'est allongée sur un lit que je me réveillais, transpirante de douleurs, mon corps disait stop. Pour la première fois depuis une éternité, mon corps n'avait plus la force de continuer, une demi-dizaine de sorciers étaient penchés sur ce dernier qui leur hurlait de laisser tomber.

- S'il vous plaît, laissez-moi mourir, s'il vous plaît..

Je croisais le regard d'un sorcier, il semblait.. Désolé ? Ce n'est pas pour autant qu'il ne secouait pas la tête négativement à ma supplication. Je sombrais de nouveau. Les jours suivants, j'avais le droit au même entraînement, les premiers étaient autorisés avec de la lumière tandis que pour les suivants, Darkar m'interdisait toute source de lumière.

Le schéma se répétait inlassablement, je voulais mourir, les sorciers me sauvaient et le lendemain, que mes blessures aient le temps de cicatriser ou non, je devais recommencer. Cela ne s'arrêtait que lorsque je tenais suffisamment longtemps contre les brûlés.

Assise face au mur de ma cellule, je grattais de mes ongles le mur. C'était mon 1120 ème jour dans cet hôtel de l'horeur. Et personne n'était toujours venu, malgré les punitions de mes tentatives de fuite, je ne devais pas abandonner l'idée de quitter cet endroit. Il le fallait, pas pour maman ni pour les autres, mais pour moi. Je savais que je n'y mourrais pas tant que les sorciers seraient toujours là à rafistoler mon corps. Je ne pouvais pas faire de cette vie mon éternité.

Mes ongles en sang, je les essuyais sur le vieux peignoir que j'avais eu lors de la deuxième semaine ici. Il me fallait un plan pour sortir, meilleur que celui de la dernière fois et des fois d'avant, je devais être plus maligne que Darkar, l'avoir à son propre jeu.

J'allais quitter cet endroit, dans trois nuits trois quarts. 

Le Destin de Cassie - Tome 1 - TERMINEEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant