Chapitre 39 - A n'importe quel prix

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Je quittais le lit de William au milieu de la nuit, je n'avais pas réussi à dormir ; en réalité, la peur de faire un cauchemar en présence de l'homme me terrifiait. J'avais pour habitude de dormir seule, les verrous de ma chambre bien fermés, je quittais sa chambre puis sa maison sur la pointe des pieds, ne souhaitant pour rien au monde réveiller sa famille.

Le chemin entre sa maison et la mienne n'était fort heureusement pas très long, avec une marche rapide, j'y étais en quelques minutes. Ouvrant la porte fermée, je remerciais intérieurement ma mère de ne pas l'avoir verrouillée, j'étais partie sans mes clefs et l'idée de la réveiller pour qu'elle m'ouvre ne m'enchantait pas vraiment.

Je ne montais pas directement dans ma chambre à l'étage, préférant aller me remplir l'estomac avec un passage par la cuisine. Ouvrant le frigo, je n'y trouvais rien d'intéressant, en me retournant, je tombais nez à nez avec Sky, sursautant, je reculais.

- Je me disais bien avoir entendu du bruit.

- Aux dernières nouvelles, j'habite encore ici.

J'ouvris un placard, y sortant des barres chocolatées.

- Je t'ai vu embrasser William.

- Excuse-moi, tu n'as pas une petite-copine à surveiller ?

- Je ne sors plus avec Bloom, on a rompu quand t'es partis,

Je croquais dans ma barre de céréales,

- Alors tu es jaloux, génial.

- Je n'ai pas dis ça.

Je m'assis sur le plan de travail, le regardant, il attrapa une barre de céréale à son tour.

- Alors tu ne verras pas d'inconvénient à ce que je te dise que j'ai couché avec lui.

Son regard semblait se durcir mais avec la quasi-obscurité de la pièce, je ne pouvais en être sûr.

- Si ça peut te rassurer, tu aurais pu me plaire, dans d'autres circonstances, continuais-je, insolente.

C'était vrai ; s'il n'y avait pas eu mon passif, mon envie permanente de me reconstruire, ni tout mes souvenirs foireux ; Sky aurait pu être mon genre : présent, patient, mignon, protecteur, il m'aurait certainement plu, seulement, je n'étais pas prête à me mettre avec quelqu'un, j'étais bien trop brisée pour laisser un homme entrer dans ma vie. Avec Will, c'était simple, je jouais à la Cassie normale, pas celle qui s'endormait avec des envies de suicides plein la tête. Il avait hérité du bon côté du rideau, pas l'autre, celui obscur, dont on détourne la tête lorsque l'on passe à côté.

Sky, c'était tout autre chose, si on venait à se fréquenter, cela ne tiendrait pas, je ne tiendrais pas ; il en connaissait bien trop sur moi, il ne pouvait pas être en mesure de me canaliser, je n'y arrivais pas moi même alors comment pouvait-il ?

- On a jamais voulu que tu nous haïsses autant.

Et bien il fallait réfléchir avant. De nombreuses fois, je regrettais de ne pas m'être battu, qu'est-ce qui se serait passé si je n'avais pas capitulé ? Aurions-nous gagné ? Serais-je en vie ? Une multitude de questions se bousculaient dans ma tête sans trouver de réponse, les réponses, elles appartenaient au passé, passé que j'avais sacrifié pour le bien de tous.

- Vous avez prit huit putain de mois Sky.

- On a pas arrêté de te chercher, jour et nuit, j'te le promets.

J'étais si énervée contre moi, contre ma stupidité et contre tout ce qui m'arrivait depuis que j'étais née que mes amis prenaient toute cette colère que j'avais trop de fois gardé. Eux, ils pouvaient la recevoir alors que si j'ouvrais les yeux, je n'y survivrais pas. Je n'étais pas assez forte pour me détester encore plus.

- Vous êtes arrivés trop tard.

- Cass, s'il te plaît.

- Ne m'appelle pas comme ça,

L'homme s'approcha, déposant sa barre chocolatée entamé sur le marbre froid du plan de travail, à côté de ma cuisse.

- Si c'est vraiment ce que tu veux, faire une croix sur les mondes magiques, alors je respecterais ta décision. Mais tu dois me le dire, droit dans les yeux.

Il s'approcha. Je ne bougea pas d'un iota, sentant son corps se glisser entre mes cuisses, il s'arrêta bien trop près. Déposant son index sous mon menton, il me força à le regarder, yeux dans les yeux ; je n'avais pas d'échappatoire. Je devais répondre, sans plus attendre.

- Dis-le Cass.

- Je..

Je m'arrêtais, en venant ici, j'étais sûre de ma décision mais maintenant qu'il me posait un ultimatum, tout me semblait incertain, jouant avec ma joue, il attendait patiemment ma réponse.

- Je ne veux plus rien avoir à faire avec les mondes magiques. C'est terminé.

Ce n'est pas ce que je voulais mais c'est ce dont j'avais besoin. Il me fallait me couper des autres mondes pour survivre, Sky ne pourrait jamais le comprendre. Il n'avait pas eu à rester huit putain de mois dans l'entrepôt, il n'avait pas eu abandonner magie et amis, il n'avait pas été torturé, il n'avait rien connu de tout ça. Non, l'homme restait toujours du côté éclairé du monde. Nous étions diamétralement opposés. Il lâcha ma joue, reculant puis quittant la cuisine ; je lui avais donné ma réponse et elle semblait lui déplaire, je ne pouvais pas faire autrement.

J'avais besoin de survivre, à n'importe quel prix.

Le Destin de Cassie - Tome 1 - TERMINEEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant