RUN

9.

Voilà trois jours qu'ils sont là, enfermés dans leur chambre, blottis l'un contre l'autre sur le sol. Ils ont mis tout ce qu'il y avait dans la chambre près de la porte pour être sûrs que personne n'arriverait à la forcer. La veille, il y a eu plusieurs tentatives, les angoissant tellement que l'envie de manger de Jimin n'est revenue que cette nuit. Ils ont partagé une pomme, seul aliment qu'ils avaient à disposition dans leur chambre puis ont essayé de dormir un peu.

Ce matin tout était calme dans l'hôpital. Plus de cris, plus de bruit assourdissant, juste un calme absolu et presque morbide. Jimin est resté un moment les yeux ouverts à côté d'un Hoseok paisiblement endormi et loin de la dure réalité. Il l'enviait presque de pouvoir profiter de quelques heures de sérénité en plus tandis que lui fixait la porte en se demandant ce qui allait se passer à présent que l'hôpital semblait ne plus fonctionner comme avant. Il s'accroche à Hoseok dans l'espoir qu'il puisse changer les choses. C'est son hyung, il a toujours été là pour lui et il trouve toujours des solutions pour chaque problème. Mais l'espoir est vain cette fois-ci. Ils sont bloqués et la situation dépasse de loin ce qu'ils auraient pu imaginer. Malgré tout, sa présence lui est rassurante. S'il avait été seul qui sait ce qu'il aurait fait...

Ils vont essayer de sortir de cette chambre, voilà ce que son ami lui a dit en se réveillant. Il ne reste plus qu'à attendre le bon moment.

Attendre toute la journée dans un silence total est presque une torture. Jimin ne cesse de fixer la porte en se demandant quand elle claquera à nouveau. Et surtout ce qui leur serait arrivé s'ils n'avaient pas barricadé leur chambre.

La lumière s'éteint tout à coup, les faisant réagir. Ils sursautent, se regardent dans la pénombre et le premier réflexe de Jimin est de se tourner vers la fenêtre. Lorsqu'il réalise que toute la ville est plongée dans le noir, Hoseok et lui se lancent un regard chargé d'inquiétude. Les choses n'évoluent pas de la meilleure des manières pour eux. Serait-ce le début de la fin ? Si la ville entière n'est plus alimentée, c'est mauvais signe n'est-ce pas ?

Pendant plus d'une heure, Jimin continue de fixer sa ville endormie tandis qu'Hoseok fait les cent pas dans la pièce. Il semble en pleine réflexion, comme s'il tentait de trouver un moyen de survivre à ces prochains jours qui les attendent. Puis, pendant un moment de folie pure, le brun s'arrête et se tourne vers lui.

-- Demain j'essaierais d'aller dans les cuisines nous chercher à manger.

Jimin l'observe comme s'il allait lui dire qu'il plaisante et que jamais de la vie il ne le laisserait là, tout seul, sans savoir s'il reviendrait un jour. Mais ça n'est pas le cas. Il allait lui répondre quand la porte se met soudainement à trembler. La poignée bouge et quelqu'un essaie de la forcer, grognant sous l'effort.

Hoseok rejoint Jimin, le protégeant de son corps mais le roux est piqué par la curiosité. Hier il n'a pas pu aller voir qui essayait d'entrer, aujourd'hui il veut savoir. Il veut comprendre ce qui se passe dans l'hôpital. Alors il contourne son hyung et s'approche prudemment de la porte. Il entend le brun essayer de l'en dissuader mais ne l'écoute pas. Pourquoi aurait-il le droit de savoir et pas lui ?

La petite fenêtre est recouverte d'un linge. Jimin tend le bras, tremblant, le cœur battant la chamade tandis que la porte claque toujours. Bientôt il saura de quoi ils se cachent, il saura ce qui se passe dehors. Il prend le tissu entre ses doigts et compte mentalement.

1...

Il prend une grande respiration, serrant le linge pour se donner le courage de le tirer.

2...

Il ne doit pas faire marche arrière. Il doit savoir.

3.

Il retire le tissu d'un coup sec et écarquille les yeux. Il reste figé, paralysé devant cette vision qui s'offre à lui. Un murmure lui échappe, un simple prénom qu'Hoseok attendait sûrement d'entendre pour agir, n'y croyant pas lui-même. Alors le brun s'empresse de tout retirer près de la porte tandis qu'il reste là, fixant ce visage qu'il pensait ne plus jamais revoir. Lorsque Hoseok arrive enfin à ouvrir la porte, il regarde cette silhouette entrer, sentant une profonde tristesse l'envahir en même temps qu'un soulagement immense.

-- Jin-hyung, arrive-t-il à articuler.

Le blond regarde dans leur chambre et leur tend une lampe torche et des masques, le visage dur et le regard vide. Du sang tache ses vêtements, ses mains et le haut de son visage, le reste étant caché par un masque en tissu noir. Des éclaboussures par-ci par-là qui inquiètent aussitôt les deux hommes.

-- Tu es blessé ? demande Hoseok choqué, s'empressant de mettre l'un des masques que leur hyung leur a donné tout en donnant l'autre à Jimin.

Jin observe le brun, puis Jimin, sans aucune expression particulière. Cela fait quelques années qu'ils ne se sont pas vues et pourtant il ne semble pas en ressentir une quelconque joie. Les deux hommes reculent tout à coup lorsqu'il sort une arme immense de son dos.

-- Suivez-moi, ordonne-t-il d'une voix tranchante.

Et il sort de la pièce sans un mot de plus. Les deux amis s'observent, surpris. Jimin n'avait pas imaginé leurs retrouvailles ainsi. Il se voyait prendre son hyung dans ses bras, s'excuser et lui dire à quel point il avait manqué au groupe et à quel point sans lui rien n'était plus pareil. Au lieu de ça, Seokjin s'est montré froid, distant et...étrange.

Il a changé, pas de doute là-dessus. Mais qui est-il devenu et où est le Seokjin qu'il aimait tant ?