Chapitre 1

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11 septembre 2017-Clarke-

Le calme qui régnait dans le couloir dans lequel elle s'engagea à l'instant était saisissant tant elle s'était habituée aux ronflements des portraits des couloirs précédents qui avaient résonnés durant la totalité de sa ronde. Elle commença à avoir sérieusement froid, alors elle mit, sans grands résultats, ses mains dans les poches de sa robe mais c'est une cape ou des gants qu'il lui aurait fallu avoir.

A la fin du couloir, elle arriva au premier escalier menant aux étages supérieurs. Il était vingt-trois heures quarante et, ayant finis sa ronde, elle se rendait vers le portrait de la Grosse Dame sur le palier du septième étage.

La fatigue commençait à l'envahir ; il ne lui restait plus que cinq escaliers à monter. Enfin, plus que, plus que... Avec ses jambes lourdes et sa mâchoire qui menaçait de rester coincée à chacun de ses bâillements, ces escaliers semblaient aussi tortueux à monter que les trois cent trente-cinq marches menant au beffroi de la tour Elisabeth. Et cette tour étant un édifice moldu, ses escaliers ne ne menaçaient pas de vous jeter par-dessus bord à tout moment en changeant de position sans prévenir.

Allez Clarke, t'y es presque... Encore un petit effort...

Mais au détour de l'escalier menant au palier du sixième étage, la jeune femme vit quelqu'un d'autre parcourir l'escalier dans l'autre sens.

-Woods ? L'interpella-t-elle, étonnée.

De longs cheveux bruns cascadant sur son épaule, une cravate verte et argent, des yeux verts étincelants, le teint halé et le visage stoïque : oui, c'était bien Alexandra Woods, la préfète de Serpentard en haut des escaliers.

Sauf qu'elle n'avait normalement rien à faire là puisque qu'elle devait faire sa ronde dans les cachots ; Lincoln Forest, préfet de Poufsouffle, s'occupait de vérifier le parc, le terrain de Quidditch et le Grand Hall ; Mandy Hurckle, préfète de Gryffondor, du troisième au quatrième étage ; Sean Barton, préfet de Serpentard, du cinquième au sixième étage ; Wells vadrouillait au septième étage et vérifiait les remparts et les tours pendant qu'elle-même parcourait le premier et le deuxième étage.

- Tu es bien loin de ton itinéraire de ronde, lui fit-elle remarquer, curieuse de ce fait.

- Je viens de ramener deux élèves que j'ai surpris dans un placard à balais : Eloïse Drogmith de

Poufsouffle et Nathan Gwendal de ta maison, répondit l'autre préfète en mettant l'emphase sur l'avant-dernier mot. Clarke fut amusée par la pique de la brune. Sa maison n'était pas parfaite ; il lui arrivait à elle aussi de surprendre des élèves de Gryffondor en dehors de leurs dortoirs après le couvre-feu et de devoir leur retirer des points.

- Maintenant que j'ai terminé ma ronde, je retourne aux cachots, dit-elle avec un air ennuyé pour mettre fin à la conversation.

La blonde souhaita une bonne nuit à la fille de Serpentard qui ne lui répondit pas. Lorsque la brune fut sortie de son champ de vision, Clarke s'ébroua, se rendant compte qu'elle était restée immobile et que ses paupières commençaient à se fermer. Alors elle reprit son ascension jusqu'au portrait de la Grosse Dame qui, bien que de mauvaise humeur d'avoir été réveillée à une heure si tardive, ne ne tarda pas à la faire entrer sans faire d'histoire. Après tout, elle était préfète et revenait de sa ronde, elle n'était pas un élève sorti après le couvre-feu alors que c'était contre le règlement !

En rejoignant les escaliers menant à son dortoir, Clarke pressa deux garçons de deuxième année d'aller se coucher. Il y avait encore trois élèves de sixième année et deux de son année dans la salle commune. Elle ne leur dit rien : ils étaient assez âgés pour prendre la responsabilité de se lever à l'heure le lendemain ou assumer d'arriver en retard en cours.

Heureusement, elle ne devait faire de ronde que deux fois par semaine -les mardis et vendredi- et, le mercredi, elle n'avait pas cours avant neuf heures. Sinon, ce jour-là, elle ne savait pas comment elle tiendrait avec seulement six heures de sommeil.

Une fois face à son lit, elle se changea en pyjama et se coucha sous les couvertures, le tout sans réveiller ses camarades. Le poêle au centre du dortoir était allumé : il diffusait une douce chaleur dans la pièce et la faible lueur de son feu invitait au repos. Elle s'installa confortablement, serrant son oreiller d'un bras, allongée sur son côté droit. Elle n'avait jamais sur dormir autrement que dans cette position, autrement qu'en serrant son oreiller, comme s'il représentait quelqu'un auprès d'elle. Frottant son visage dans la taie qui sentait bon la lessive, elle pensa à sa famille.

A sa mère, chirurgienne, qui usait d'une lessive à la lavande dont elle adorait les fragrances et qui faisait de merveilleux gâteaux quand elle en avait le temps.

A son père, ingénieur, avec qui elle avait appris à observer les étoiles depuis toute petite et qui l'aidait à faire ses devoirs d'astronomie pendant les vacances d'été.

A son frère Riley, de trois ans son ainé, qui commençait sa troisième année de droit et qui ne cessait de la taquiner en affirmant qu'elle était la fierté de la famille.

A son petit frère Aden, âgé seulement de onze ans, qui venait d'entrer au collège et qui, chaque année, refusait de la lâcher pour la laisser prendre son train mais qui avait toujours des étoiles dans les yeux lorsqu'elle lui parlait de son monde.

A Denver, son Terrier australien âgé de huit ans, qui était affectueux mais très glouton, qui n'avait peur de rien –d'ailleurs, il s'était à plusieurs reprises battu avec des chiens plus grands que lui- et avait les poils si courts qu'il ressemblait à un rat mouillé lorsqu'elle le lavait.

Elle n'était à Poudlard que depuis une dizaine de jours mais déjà sa famille lui manquait énormément. Elle songea brièvement à leur écrire une lettre le lendemain soir, avant de bailler de nouveau.

Emmitouflée sous ses couvertures épaisses et réchauffée par le poêle, elle ne mit pas longtemps avant de s'endormir.

GardiennesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant