Chapitre 36

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Samedi 12 février
Une aiguille trottait dans sa cage de verre et son tic-tac entêtant était le seul bruit audible au-delà
des respirations saccadées se répercutant dans la petite pièce. Elles s’apaisèrent quelques minutes
plus tard et un silence assourdissant s’abattit alors sur la pièce. Posant sa tête sur son bras, Gustus
riva son regard sur Rider. Ce dernier regardait le plafond, l’air pensif, une main dans ses cheveux,
l’autre tenant le drap arrivant à sa taille.
- Hé ! Dit doucement le jeune Rouhani en caressant la joue de son amant avec le dos de ses
phalanges. Arrête de te torturer.
Rider soupira mais ne regarda pas Gustus quand il parla :
- J’ai reçu une réponse de mon avocat.
- Toujours la même ?
- Seul mon père et celui d’Echo peuvent annuler le contrat. Et sans raison valable, aucun des deux
ne le fera.
- Alors trouvons une raison valable, dit Gustus.
Ce n’était pas la première fois qu’ils avaient cette conversation et ils avaient déjà épuisé toutes
leurs idées. Un meilleur parti pour Echo ou une plus riche héritière pour Rider aurait pu faire annuler
le contrat. Si leurs parents respectifs n’étaient pas meilleurs amis depuis Poudlard et partenaires
commerciales. Ils étaient persuadés, dès la naissance d’Echo, qu’elle et Rider seraient parfaits l’un
pour l’autre. Ils avaient grandis ensemble, avaient partagés leurs jouets, avaient eu la même
nourrice, avaient assistés aux galas de Noel du Ministère et aux divers bals des Seigneurs aux bras
l’un de l’autre. Tout avait été fait pour qu’un jour ils se marient. Mais Echo et Rider ne s’aimaient pas.
Du moins, pas comme ça.
Echo était sans conteste la meilleure amie de Rider. Il la considérait même comme la sœur qu’il
n’avait jamais eue avant que ce fichu contrat ne l’oblige à se familiariser avec l’idée que, dans un jour
proche, il l’épouserait et qu’elle devrait lui donner des héritiers.
Rien que d’y penser, il avait envie de vomir.
Gustus était à la fois un soulagement et une douleur. Le premier car le jeune Rouhani l’aimait en
retour et le comprenait. Le second car l’hériter Cross ne trouvait aucune échappatoire à sa situation :
il souffrait de ne pas pouvoir être avec Gustus autant que ce dernier allait souffrir lorsque le mariage
aurait lieu. Car alors Rider ne pourrait plus voir Gustus comme ils le faisaient à Poudlard.
- Mes parents savent que je ne me marierais jamais avec une femme, lui dit soudainement
Gustus. Je leur en ai parlé il y a un an. Mon père ne l’a pas très bien pris au début. Mais ma mère m’a
soutenu et lui a parlé. Il commence à se faire à l’idée.
Rider tourna enfin la tête vers l’autre garçon.
- On pourrait s’enfuir ensemble. Ma famille n’est ni noble ni ancienne mais, si tes parents te
coupent les vivres, j’ai les moyens de nous faire subsister en attendant que tu trouves un travail.
- Tu sais très bien qu’on ne peut pas faire ça, Gus…

Rider ferma les yeux et se pinça l’arête du nez.
- L’avocat a aussi parlé des conséquences si le contrat n’était pas respecté. Si je meurs ou qu’Echo
meurt, nous sommes libérés de toute obligation. Mais si nous sommes toujours en vie…
Il tourna sa tête pour regarder son amant dans les yeux.
- …nous perdrons notre magie.
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Il leur avait fallu se rendre au plus près de la Cabane Hurlante afin d’avoir du réseau et appeler les
parents de Clarke avec son téléphone portable, ce qui expliquait que leurs vêtements aient eu le
temps d’être recouverts de neige et que leurs doigts soient engourdis par le froid. La neige craquait
sous leurs pieds alors qu’elles marchaient vers la taverne la plus proche. Lorsqu’elles s’y
engouffrèrent, Lexa et Clarke ressentirent la chaleur parcourir leur corps entier et leurs vêtements
humides sécher presque instantanément.
- Choisis une table, je vais commander, proposa la brune.
La Gryffondor lui sourit et l’embrassa chastement avant de se diriger vers le fond de la salle. Lexa
marcha vers le bar où Mme Rosemerta essuyait des pintes, le sourire aux lèvres.
- Vous formez un bien joli couple, lui dit-elle lorsqu’elle fut assez près pour l’entendre.
Lexa rougit. Non pas par gène, mais par timidité et presque par fierté. Qui ne le serait pas au bras
de Clarke ?
- Merci.
- Il est bien rare de voir deux jeunes sorcières s’affirmer aussi courageusement en public. De nos
jours, c’est bien dommage, ajouta-t-elle avec les lèvres pincées. Enfin bref, qu’est-ce que je vous sers
?
- Deux chocolats chauds, s’il vous plait, demanda-t-elle en déposant dix mornilles et neuf noises
sur le comptoir.
- Allez vous asseoir avec votre petite amie, je vous apporte ça toute de suite, lui répondit-elle avec
un clin d’œil.
Lexa la remercia puis alla rejoindre Clarke. La blonde s’était assise à la dernière table, juste à côté
de la fenêtre. Elle s’installa à côté d’elle et lui embrassa la joue.
- J’aime regarder la neige tomber, dit Clarke en se tournant vers elle. Mais bien installée au chaud.
J’ai horreur du froid, ria-t-elle.
Lexa acquiesça. Elle était plus habituée au froid, à cause du chauffage défectueux de l’orphelinat,
mais elle ne l’appréciait pas non plus. Elle prit les mains glacées de Clarke dans les siennes et souffla
dessus pour les réchauffer. La tavernière arriva avec deux grandes tasses et leur fit un grand sourire
en les posant devant elles.
- Avec un supplément guimauves pour ces demoiselles, dit-elle avec un clin d’œil.

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