Chapitre 12

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-Lexa-

- Tu permets que je lui parle une minute ? Lui demanda Griffin avant qu’elle n’ait eu le temps de
répondre. Reste-là, d’accord ?
Que lui répondre ? La Gryffondor était déjà parti avant même d’avoir fini sa question. Lexa se détourna, le regard dirigé vers la Cabane Hurlante.
Pour empêcher les souvenirs des tout premiers moments à l’orphelinat après la mort de sa mère de s’ancrer à l’avant de son esprit, elle répéta quelques-uns des mots qu’elle connaissait dans un
ordre aléatoire : kru, nomon, trimani, klir, yuj, moba, keryon, skai, niron, heda, hodness, gona, gonplei, houmon, strika, beja, moshof, moba, goufa, yongon. Ces mots d’une langue ancienne avaient le don de l’apaiser.

Sa mère avait pour habitude, comme sa mère et sa grand-mère avait dû le faire avant elle, de l’appeler « ai gona strika », « ai hodness » et « ai yongon ». Mon petit guerrier, mon amour et mon
enfant. Alors qu’elle se répétait ces trois surnoms affectifs, elle entendit Griffin revenir vers elle.

- Eh bien, fais savoir à Riley qu’il a intérêt à ce que ce nouveau cahier soit sur mon lit le jour où je descendrais du Poudlard Express sinon il devra se rendre à l’université avec des vêtements roses.

Je t’aime aussi papa, dit Griffin quelques secondes plus tard. A bientôt.
La Gryffondor marcha jusqu’à elle et resta à ses côtés, silencieuse. Elle la vit se triturer les mains, signe de nervosité. Il était clair que la blonde ne savait pas quoi dire.

Lexa décida de parler la première pour faciliter les choses.

- Tu l’as dit à ton père ? Demanda-t-elle.
- Oui, répondit Griffin après hésitation. Je suis désolée, j’aurai du le lui dire avant pour éviter…

La tristesse ? Le malaise ? Se demanda Lexa. Était-ce ce que la blonde ressentait ou ce qu’elle pensait que la Serpentard ressentait ? Était-ce la
mort de ses parents ou la cause de la mort de son père qui dérangeait la Gryffondor ? Que savait elle au juste ?

- Qu’est-ce que tu sais Griffin ? Sur mes parents ? Demanda-t-elle, sa voix aussi faible qu’un murmure.
Elle ne tourna pas la tête vers sa camarade, préférant observer les feuilles rouges, orange et
jaunes tomber des arbres et voler au grès du vent avant d’atterrir sur le sol humide.

- Je sais juste que tu les as perdus très jeune. Ton père puis ta mère, à quelques années d’intervalle.
C’est tout ce que je sais, se contenta de dire Griffin. Lexa soupira. Tout le corps enseignant connaissait la vérité sur ses parents ; Anya et Lincoln savait surement mais ne lui en parlait jamais. Un psychologue avait tenté de la faire parler les premiers mois à l’orphelinat mais elle n’avait pipé mot :
elle avait très mal vécu la mort de sa mère et ne se souvenait pas de son père.

Elle avait finalement fait le deuil de sa mère et avait, depuis des années, décidé de redorer le blason de la famille Woods en essayant de faire oublier aux sorciers britanniques les liens entre sa famille et le dernier Seigneur
des Ténèbres.

- As-tu déjà entendu parler de Titus Woods ? Demanda-t-elle à la blonde en humidifiant ses lèvres, soudainement sèches.
- Non. Est-ce que c’est ton père ?
- Oui.

La brune hésita. Elle n’aimait pas s’ouvrir mais le professeur Trikru avait raison : elle devait laisser sa chance à Griffin et cette dernière n’avait été rien d’autre que gentille avec elle. Aussi elle prit une grande inspiration avant de lâcher le morceau.

- C’était un disciple de Voldemort. Quand il a été vaincu par Harry Potter, ma famille a fuis. Ma mère m’a raconté que nous ne restions pas au même endroit très longtemps mais ça n’a pas
empêché les aurors de nous retrouver quand j’avais deux ans, ajouta-elle en serrant les poings. Il a été jugé coupable et exécuté peu de temps après son arrestation. Ma mère n’a pas subi de procès.

Le ministère a jugé qu’elle avait fuis pour ma sécurité.
Lexa se mordit la lèvre. La suite était douloureuse car ce n’était pas des faits qu’on lui avait raconté mais dont elle se souvenait.

- Ma mère était gentille et aimante mais toujours très faible. Elle est morte trois ans plus tard,emportée par la maladie ou, peut-être, par le chagrin. Je ne sais pas trop.

Elle sentit une touche légère et douce contre sa main avant que celle de Griffin n’entoure son poing, son pouce caressant ses phalanges. Ça l’apaisa.

- Tu n’étais pas obligée de me raconter tout ça, dit doucement la Gryffondor. Pourquoi l’avoir fait ?
- Pour éviter les questions. Pour éviter les situations comme celle-là, répondit Lexa en haussant les épaules.
Elle vit la blonde se mordre la lèvre inférieure.

- Tu as quand même une question, soupira la Sepentard. Vas-y, pose-la.
- Non, dit Griffin en secouant la tête. Ça ne me regarde pas.

Lexa tourna la tête pour la regarder, curieuse. Elle connaissait beaucoup de gens qui aurait
demandé même si ça n’était pas de leurs affaires. La blonde la regarda à son tour en penchant la tête et lui sourit. Lexa détourna le regard, rougissante, et se tourna vers Pré-au-Lard.

- Je vais rentrer au château. Tu m’accompagnes ? Demanda-t-elle finalement.
- Seulement si tu m’appelle par mon prénom, la taquina la blonde.
- Je me rends compte maintenant, dit Lexa après réflexion, que ça pourrait être compliqué de t’appeler Griffin dans une maison pleine de Griffin, répondit juste la Serpentard en se dirigeant vers le village.

Alors, tu viens Clarke ?

Regardant la Gryffondor par-dessus son épaule, elle vit cette dernière sourire lorsqu’elle l’entendit prononcer son prénom. Lexa reprit sa marche et sourit en entendant les pas précipités de la blonde qui la rattrapa pour marcher à ses côtés. Elle dissimula son sourire dans son écharpe lorsqu’elle fut
arrivée à sa hauteur et elles rentrèrent en silence au château.

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