Gardiennes

Chapitre 6

2 octobre 2015

  -Lexa-

Tic. Tac. Tic. Tac.

L’horloge sonna. Il était vingt-et-une heure et aucune des deux sorcières ne parlait depuis déjà
cinq bonnes minutes. Le professeur de sortilèges abaissa sa tasse de thé et la posa sur la soucoupe en porcelaine face à elle. Elle avisa l’assiette de scones, en prit un et poussa l’assiette plus près de son élève. Lexa soupira mais en prit un.

- Je suis en conflit avec moi-même, murmura-t-elle en grignotant le pain. Le professeur Slughorn a fait une proposition que je ne pouvais pas refuser et qui va m’aider à réaliser mon but mais…
Le professeur Trikru la regardait sans mot dire, laissant son élève le temps de s’exprimer.
- Il a demandé à Clarke Griffin de me donner des séances de tutorat sur la vie moldue et s’attend à ce que je passe les vacances de Noel chez elle. Il s’est arrangé avec le recruteur et le Directeur de
la Brigade de Gardiens du Secret pour que cela compte comme mon premier stage.
La Serpentard s’interrompit, jetant un œil à son professeur.

- C’est une excellente nouvelle, dit le professeur Trikru, le regard impassible.
Sourire ne faisait pas parti des habitudes de la femme, comme Lexa l’avait appris durant ces
nombreuses années. Mais elle parvenait à déchiffrer les émotions de son professeur en lisant entre les lignes. Et là, elle était contente pour elle.
- C’est tout ce que tu as toujours voulu, non ? Mais je suppose que le problème vient de l’identité
de ton tuteur, suggéra la femme noire en finissant son scone. Il m’a semblé comprendre que les
anciennes rivalités entre les maisons ne guidaient pas tes actions alors que reproches-tu à Clarke Griffin ? De ce que j’ai pu observer depuis sa première année, Miss Griffin est sociable, populaire,
aimable avec ses paires et très intelligente. Lexa ferma les yeux, pensive. Que pouvait-elle lui dire ?

Comment exprimer ce qu’elle ressentait ?

- Elle… Elle ne m’a rien fait et je ne la déteste pas, assura Lexa. C’est son comportement avec moi
qui m’agace, ajouta-t-elle sans comprendre pourquoi.
Ou plutôt si, elle comprenait pourquoi mais ne voulait pas se l’avouer.
- Elle est différente avec toi ? Elle est méchante ? Te harcèle ? S’inquiéta l’ainée.
Du moins, derrière le visage impassible de la femme, Lexa reconnut de l’inquiétude.

Non, elle est tout ça, tout … tout ce que vous avez dit –aimable, intelligente, etc.- mais je ne
comprends pas pourquoi elle est comme ça en permanence avec tout le monde, pourquoi elle est
comme ça avec moi ? Elle ne me connait même pas et elle agit comme si on était amies !

- C’est donc sa familiarité qui te dérange ? Devina le professeur de sortilèges.
- C’est possible, marmonna Lexa.
La Serpentard, ayant fini son scone, reprit sa tasse de thé qui avait refroidi mais la bu tout de
même à petites gorgées.
- Vous allez passer beaucoup de temps ensemble avec ces leçons et ton stage lors des vacances de
Noël, tu vas devoir t’y faire, dit juste la femme noire. Être amie avec elle pourrait t’être bénéfique. Lexa serra les dents et posa sa tasse sur la soucoupe face à elle.

- Je ne peux pas être amie avec elle, dit la jeune fille en fixant ses pieds. Devoir être polie avec elle lors de ces leçons et la laisser m’appeler Lexa, ça passe encore, mais passer Noel avec sa famille,
avec elle, et être amicale, c’est dépasser mes limites.

- Les limites sont faites pour être repoussées, dit sagement la plus âgées des deux sorcières. Tu as
toujours eu une excellente maitrise de soi, Lexa. C’est ce qui t’as permis de contrôler ta magie
autour des moldus toutes ces années. Mais tu as aussi appris à repousser tes limites. C’est ce qui
fait de toi la sorcière que tu es aujourd’hui : préfète, excellente élève, future Gardienne du Secret.

Pourquoi ne pas à nouveau repousser tes limites, par exemple, en te faisant de nouveaux amis ?
Lexa ouvrit la bouche pour informer la sorcière qu’elle avait des amis -merci beaucoup- mais elle fut devancée :

- Ne crois pas que je ne sois pas au courant de ce qu’il se passe Lexa. Tu es proche d’Anya et de
Lincoln Woods mais ce sont tes seuls véritables amis. Je sais que tu passes du temps avec les autres élèves de ta maison que lorsque tu ne peux pas faire autrement et que tu n’adresses pas la parole aux élèves des autres maisons à moins que ce n’y soit contrainte en cours ou lors de tes
responsabilités de préfète. Lexa serra les lèvres. C’était la vérité, elle ne pouvait pas le nier. Pour se  faire des amis, il fallait s’ouvrir un minimum et elle détestait se montrer vulnérable. C’était comme ça  : elle aimait la tranquillité et n’était du coup pas une personne très sociable.

- Tu devrais laisser une chance à Miss Griffin, conclut le professeur Trikru.
Le problème était que Lexa s’était déjà montrée vulnérable une fois et qu’elle l’avait amèrement
regretté. Elle savait que Clarke Griffin n’était pas elle mais qu’est-ce qui lui garantissait qu’on ne la blesserait pas une seconde fois ?