Gardiennes

Chapitre 10

14 octobre 2015

Les filles de son dortoir étaient sorties une demi-heure plus tôt pour aller prendre leur petit déjeuner. Anya venaient de quitter le dortoir après s’être assurées qu’elle ne voulait pas qu’elle reste. Anya était l’une des seuls à savoir avec Lincoln et le professeur Trikru et comprenait donc qu’elle ait besoin de temps seule.

Lorsque sa meilleure amie eut fermé la porte, Lexa jeta un sort d’alarme qui l’avertirait siquelqu’un venait à monter les escaliers puis sorti son pendentif de sous sa robe.

Il était en métal cuivré, le matériau ancien patiné avec le temps, et en forme de roue dentée. Elle ignorait si la forme avait eu une signification ou si son aïeul l’avait simplement trouvé dans la terre et posé sur un anneau.

Le dit ancêtre avait fabriqué avec les outils de l’époque un anneau pour son épouse avant que
celle-ci ainsi que de nombreuses autres femmes de la tribu Caloosa ne soient enlevées par les envahisseurs espagnols. Ramenées en Espagne puis jetées dans des mariages forcés, leurs
descendances s’éparpillant en Europe, les gènes Caloosa s’étaient répandus et l’anneau transmis de génération en génération jusqu’à sa mère.

Cet anneau était la dernière chose qu’il lui restait de la femme qui lui avait donné la vie, femme dont il lui restait peu de souvenirs à part cette histoire de tribu dont elles descendaient toutes les
deux et quelques mots d’une langue ancienne qu’elle se plaisait à prononcer de temps à autres.

Elle le caressa du bout des doigts, presque avec nostalgie, puis le remit sous sa robe. Elle prit une grande inspiration, se débarrassant de la tristesse qui accompagnait ses souvenirs, préférant s’imprégner de la force qui se dégageait de ce pendentif reposait contre son sternum.
Caloosa signifiait « hommes puissants », lui avait dit sa mère. Non pas homme, comme « être humain de genre masculin », mais Homme avec un grand « H ». Les membres de la tribu Caloosa
étaient des guerriers et, depuis la mort de sa mère, Lexa avait toujours pensé à eux lors de moments difficiles afin de rester forte. Enfant, elle rêvait fréquemment que de puissants et forts guerriers avec des peintures de guerre sur le visage venaient la chercher à l’orphelinat, la ramenaient sur leurs terres ancestrales, lui apprenaient à être une guerrière et faisaient d’elle leur princesse.

Aujourd’hui, elle ne faisait plus ces rêves de petite fille mais honorait son héritage en étant une guerrière des temps modernes, brandissant sa baguette plutôt qu’une lance ou une hachette. Aussi devait-elle se montrer forte. Aussi devait-elle embrasser ses faiblesses pour mieux les comprendre
et les changer en force.

Elle prit sa décision.

-Clarke-

Clarke se triturait les mains, incroyablement nerveuse. Lexa et elle s’étaient plutôt bien entendu
dernièrement et la première séance de tutorat s’était bien passée.
Alors pourquoi était-elle à ce point nerveuse ? Elle se secoua mentalement. Elle avait réussi à sembler si confiante l’autre soir et, habituellement, elle parvenait à ne pas se ridiculiser devant Lexa. Alors qu’est-ce qui lui arrivait ?
Il fallait qu’elle se ressaisisse.

La Serpentard arriva à l’heure.
Ses cheveux lâchés et tombant sur son épaule faisaient des vagues alors qu’elle rejoignait le  même bureau que la dernière fois, face à Clarke.

- Bonjour Griffin, dit la brune.
- Salut Lexa, sourit la blonde. Toujours pas décidée à m’appeler par mon prénom ?

Elle avait presque envie de la supplier de le faire. Mais la Serpentard se contenta de hausser un sourcil impertinent pour toute réponse.

- Ce n’est pas grave, j’arriverais à t’en convaincre finalement. Alors, pour aujourd’hui, je me suis dit qu’on pourrait perler des technologies moldues. Est-ce qu’il y en a qui t’intéresse et dont tu voudrais parler ?

- Tu as parlé d’ordinateurs et d’internet la dernière fois, dit Lexa après réflexion. J’ai déjà entendu ce terme, je sais qu’il faut un ordinateur pour l’utiliser mais c’est tout.

- Internet est un endroit immatériel qui regorge d’informations. On dit qu’il est virtuel. Internet est mondial et peut te donner toutes les informations que tu lui demandes -enfin presque toutes,
ajouta Clarke avec hésitation.
Un ordinateur, c’est un outil à la pointe de la technologie qui permet de consulter internet, de jouer, d’utiliser des outils qui te permettent d’écrire, de dessiner ou encore écouter de la musique. Tu peux même discuter par écrit ou oralement avec une personne habitant de l’autre côté de la planète.

- Les moldus ont fait ça, dit Lexa avec un peu d’étonnement ainsi qu’une pointe d’admiration.
- Oui, et c’est en constante évolution. Les premiers ordinateurs dont je t’ai fait la description simplifiée ont été créés vers la moitié du vingtième siècle et étaient tellement grands et lourds
qu’on ne pouvait pas les déplacer. Maintenant les ordinateurs sont très légers et compacts. J’en ai un à la maison et il rentre parfaitement dans mon sac de cours.

- Tu pourras me le montrer ? Demanda Lexa, montrant beaucoup d’intérêt comme elle s’y attendait.

Clarke sourit, moins nerveuse au fil du tutorat. Elle pensa que la surprise prévue pour la sortie à Pré-au-Lard allait vraiment ravir Lexa. - Bien sûr ! Je vais même te montrer un téléphone portable dans deux semaines !
La brune la regarda fixement sans rien dire pendant un moment puis cligna des yeux.

- Et comment comptes-tu t’y prendre ? Finit-elle par demander, curieuse.
- Je garde toujours mon téléphone dans ma valise, expliqua Clarke. Si mes parents ou mon frère ont du retard pour venir me chercher à la gare, ils m’envoient un message.
- Sauf que la magie et la technologie moldue ne font pas bon ménage, fit remarquer Lexa, les sourcils froncés.

Clarke sourit grandement, ravie, face à la palette d’émotion que la Serpentard affichait depuis le début de leur séance ; c’était un changement soudain, inattendu mais fortement apprécié.

- Uniquement si la technologie moldue est en train de fonctionner, dit la blonde. Mon portable est éteint et je ne l’allume que lorsque j’ai passé la barrière de la voie neuf trois-quarts. D’ailleurs, lors de la sortie à Pré-au-Lard, je t’attendrai devant la barrière donnant vue sur la Cabane Hurlante.
C’est l’endroit le plus isolé en magie du village, donc tu pourras utiliser mon téléphone.

Elle vit Lexa se redresser légèrement, excitée par l’idée, et sourit, voyant qu’elle avait piqué son intérêt.

- Je propose maintenant que nous parlions des électroménagers, dit Clarke.

La brune se réinstalla confortablement sur sa chaise, prête à l’écouter. Clarke remarqua qu’elle
n’avait pris aucunes notes depuis le début, sans doute trop absorbée parce que disait la Gryffondor
que pour en perdre une miette.