Gardiennes

Chapitre 30

Lexa-
Les quatre derniers jours chez les Griffin furent à la fois calmes et agités. Chez cette famille, une
énergie chaleureuse et accueillante était toujours présente invitant chaque personne proche d’eux à
se sentir bien à tout instant. Lexa, qui n’était pas la personne la plus sociable, discutait volontiers
avec Jake et Riley -après que ce dernier ait décidé de surpasser sa gêne- comme elle ne l’avait jamais
fait avec quiconque d’autre. Cette façon de vivre fit émerger chez Lexa des envies qu’elle ignorait
avoir. Elle, qui avait réussi à devenir quelqu’un de plutôt correct -dirait-elle si on le lui demandait-
toute seule, en grandissant dans un orphelinat où elle était solitaire et où la seule personne qui avait
un semblant d’affection pour elle était une femme qui lui rendait visite une fois par mois jusqu’à lui
avouer qu’elle était professeur dans une école de magie -école qu’elle rejoindrait lors de ses onze
ans-, désirait soudainement pouvoir ressentir cela constamment. Ce sentiment d’appartenance. A un
groupe.
A une famille.
Quitter les Griffin provoquait chez elle une appréhension qu’elle n’avait jamais ressentie.
Oh, elle avait Clarke maintenant. Sa petite amie.
Elle ne s’habituerait jamais à ces mots ensemble.
Clarke. Sa petite amie.
Mais ce qu’elle appréhendait surtout était leur retour à Poudlard.
Alors oui, Anya et Lincoln lui manquaient. C’étaient ses amis après tout. Ses seuls amis. Ses
meilleurs amis. Mais la dynamique allait changer. Et elle ne savait pas comment. Et ça, elle
l’appréhendait. Alors oui, ces derniers jours avaient été calmes et agités à la fois. Entre le réveillon du
Nouvel An que les Griffin fêtaient chaque année avec les Jaha, les discussions courtoises qu’elle avait
eu avec Wells se muant en discussions animées et amusantes quand Clarke les avait rejoints, les feux
d’artifices à minuit que Clarke avait tenu à lui faire voir, la veille du départ pour Poudlard passée dans
la chambre de Clarke, dans ses bras, devant la télévision et les regards tendres échangés, Lexa avait
passé les meilleures vacances de Noël de sa vie.

Une mornille pour tes pensées ? Lexa cligna des yeux, ne s’étant pas rendue compte qu’elle
s’était perdue dans ses pensées. Clarke était allongée, la tête posée sur les genoux de la Serpentard
et tournée vers l’écran. Les doigts de Clarke touchaient légèrement la peau de son bras, bougeant de
haut en bas, comme la caresse d’une plume. La blonde s’était tournée vers elle.
- On retourne à Poudlard demain, murmura Lexa, les yeux fixés devant elle.
- Hm, hm, acquiesça Clarke mais elle la laissa continuer.
- Ce ne sera pas pareille là-bas. On est dans deux maisons différentes, nos amis ne se côtoient pas,
on va moins se voir…
- On arrivait bien à se voir pour le tutorat, dit-elle. Je suis sûre qu’on arrivera à se voir pour… eh bien, se voir, rit Clarke avec un sourire en coin.
- Oui, oui, dit distraitement Lexa car ce n’était pas cela qui l’embêtait le plus. Tu sais, j’ai envoyé
paitre pas mal de garçon ces trois dernières années. Tout le monde pense que je suis froide, que je
suis coincée et tout un tas d’autres choses auxquelles je ne préfère pas penser…
- Les professeurs et la plupart des élèves ont beaucoup de respect pour toi et t’admirent, rétorqua
Clarke, les sourcils froncés. Je ne vois pas où tu veux en venir…
Lexa soupira et prit son courage à deux mains. Parler d’elle n’était pas facile.
- Seuls Anya, Lincoln et le professeur Trikru savaient pour mon ex petite-amie, dit-elle tout bas.
Quand on reviendra au château, je crains la réaction des gens quand ils apprendront que je suis
en couple mais surtout que je suis en couple avec toi…
Comprenant ce que Lexa sous-entendait, Clarke leva le bras pour poser sa main sur la joue de la
brune. Avec son pouce, elle caressa sa peau, passant son pouce sur ses lèvres, et la regarda droit
dans les yeux avec un sourire plein de tendresse.
- Tu es populaire, tout le monde t’aime, tu es sorti avec Wells Jaha puis Finn Collins et
maintenant… dit Lexa de plus en plus vite.
- Tu t’en fais toujours trop, lui fit remarquer sa petite amie en l’interrompant. Si c’est ce qui
t’inquiète ou te mets mal à l’aise, on n’est pas obligé de crier sur tous les toits qu’on est ensemble, tu
sais. On peut très bien agir comme on l’entend et les gens se feront leurs propres idées sur ce qu’il se
passe entre nous. On peut même le dire à nos amis pour qu’ils nous soutiennent, soit dès notre
retour au château, soit plus tard.
Clarke se redressa et s’approcha du visage de la Serpentard.
- Personnellement, je m’en contre fiche de ce que diront les gens sur moi ou sur nous, lui
murmura-t-elle. Je sors avec une fille ? Et alors ? Je sors avec Lexa Woods ? Non, mais tu t’es vue ?
Ajouta-t-elle avec un clin d’œil. L’avis de mes amis compte, bien sûr, mais Raven et Wells ont su me
rassurer. L’avis des autres ? Je m’en fiche ! Plus rien ne me fait peur maintenant que je sais que mes
sentiments pour toi me sont rendus.
Lexa lui sourit timidement.
- Et puis, qui pourrait mieux te comprendre que Gustus Rouhani ? J’ai remarqué que vous vous
étiez rapprochés dernièrement.
- J’aime bien Gustus, reconnut Lexa. Il m’oblige souvent à ne pas le laisser seul avec Rider et Echo,
ce qui ne me plait pas vraiment, mais on se comprend, c’est vrai…
- Et si quelqu’un dit quelque chose de déplacé, je te rappelle que tu es une Préfète-en-Chef, tu
peux leur enlever des points ou leur donner une retenue pour insulte envers une personne
d’autorité.
- Je ne peux pas abuser de mes pouvoirs, dit Lexa avec un sourire amusé.
- Alors c’est moi qui les punirai pour t’avoir insulté, rétorqua Clarke avec un sourire.
- Comment fais-tu pour trouver les bons mots ? Ceux qui effacent tous mes doutes ? Demanda-t-
elle à la blonde après quelques secondes de silence.

Ce doit être un don, tu sais, un truc de petite amie que tu ne découvres que lorsque tu es en
couple. Peut-être que toi aussi tu as un don que tu ignores, il suffit de le trouver, ajouta la Gryffondor
en faisant osciller ses sourcils avec un sourire amusé.
Lexa éclata de rire et prit les joues de Clarke en coupe entre ses mains, posant son front contre le
sien.
- Si seulement j’avais réagi plus tôt, dit-elle avec tendresse. On serait ensemble depuis plus
longtemps.
- Mieux vaut tard que jamais, répondit la blonde en haussant les épaules.
Elles se réinstallèrent comme précédemment pour regarder à nouveau la télévision. Quelques
minutes plus tard, Clarke se retourna vers Lexa avec un sourire tout sauf innocent.
- Au fait, en parlant des garçons que tu as envoyé balader… Ils ont tous fini à l’infirmerie mais
personne ne sait pourquoi… La rumeur la plus vraisemblable est que tu as rétréci leur sexe. Est-ce
que c’est vrai ?
Lexa rougit, soudainement gênée par ses actions.
- Oui et non…
Toute ouïe, Clarke se redressa, son sourire commençant à grandir.
- Comment ça « oui et non » ?
- Je ne le rétrécissais pas…
Elle se racla la gorge ; elle devait être aussi rouge qu’une tomate.
- J’augmentais leur taille jusqu’à ce qu’il touche le sol… Avoua-t-elle timidement. Certains disaient
que je n’avais pas connus de « vrais hommes », capables de me faire « sentir bien », d’autres se sont
vantés de leurs attributs, alors j’ai… agis dans leur sens.
Le silence causé par l’étonnement de Clarke fut brutalement coupé par celle-ci.
- Par Merlin, s’exclama Clarke en riant aux éclats. Je les imagine trop courir « la queue entre les
jambes » jusqu’à l’infirmerie, ajouta-t-elle en mimant des guillemets, des larmes de rire coulant sur
ses joues.
Lexa la rejoint dans son rire, sa bonne humeur étant contagieuse.