Gardiennes

Chapitre 38

Dimanche 20 mars
- Qu’est-ce que tu aimerais savoir ?
Après avoir déballé son cadeau d’anniversaire -une bougie en forme et aux couleurs d’un
tournesol et au parfum vanille
- et s’être allongée dans le canapé, Lexa avait pris Clarke dans ses bras et cette dernière avait émis
le vœu qu’elle lui parle d’elle.
- J’aimerais juste en savoir plus sur toi, sur ton enfance, ce qui a fait de toi ce que tu es
aujourd’hui.
-Tu peux me poser toutes les questions que tu veux sur moi aussi et je te répondrai, ajouta Clarke.
Lexa qui, pourtant n’aimait pas parler d’elle, accepta assez facilement de répondre à toutes les
questions qu’elle lui poserait. Pour la mettre à l’aise, la Gryffondor proposa que la brune commence.
Après un long moment de réflexion, elle posa sa première question à la blonde.
- Quand as-tu su que tu aimais les filles ?
Clarke sourit, les joues roses.
- L’été avant notre cinquième année. Je venais de rompre avec Wells en juin. Nous avions
convenu d’un commun accord que nous étions mieux en tant qu’amis. J’ai commencé à rester plus
tard dehors la première semaine et j’ai rencontré une touriste américaine qui restait chez sa tante
pour l’été. Elle était flatteuse, taquine et tactile. Je rougissais tout le temps et elle trouvait ça
adorable. Je ne savais pas que j’aimais les filles à ce moment-là mais, grâce à elle, j’ai fini par le
réaliser. Ça m’a aussi permis de retrouver un semblant de normalité dans mon amitié avec Wells.
J’étais tellement confuse sur ce que je ressentais avec elle qu’il est devenu mon confident. Et ce
n’était même pas gênant finalement. Et toi, quand as-tu su ?

Quand j’avais treize ans, commença-t-elle avec hésitation, j’avais le béguin pour la nouvelle fille,
Costia. Il ne s’est rien passée la première année puis elle m’a approché et m’a dit qu’elle me trouvait
jolie. Les choses en ont amenées à une autre, on est sorti ensemble pendant un an et demi puis… elle
est parti, finit-elle en se rongeant l’ongle du pouce.
- Que s’est-il passé ?
- Elle est parti vivre chez une tante. Je l’ai appris la veille de son départ mais elle le savait depuis
deux semaines. Quand je lui ai demandé pour quoi elle ne m’avait rien dit, elle m’a juste répondu
qu’on s’était bien amusées et que toutes les bonnes choses avaient une fin.
- Mais c’est horrible… Chuchota Clarke en prenant Lexa dans ses bras et en l’embrassant sur la
tempe.
- Quand tu dis que c’était une nouvelle fille… Tu veux dire qu’elle avait emménagé dans le même
quartier que toi ? Demanda la blonde qui supposait, comme l’avait dit son père, que Lexa habitait
avec quelqu’un de sa famille.
Sans sortir des bras de sa petite amie, la brune prit une grande inspiration avant de lui parler :
- Je vis dans un orphelinat, dit-elle après avoir hoché la tête négativement. Depuis la mort de ma
mère. J’avais environ cinq ans.
Clarke ne dit rien, enfonçant davantage son visage dans le cou de la Serpentard. Imaginer la petite
Lexa perdre la seule figure parentale qui lui restait et habiter soudainement un orphelinat rempli
d’enfants et d’adultes inconnus la rendait extrêmement triste.
- Enfin, je vivais dans un orphelinat… Je suis majeure donc je ne compte pas y retourner et le
ministère offre la possibilité d’habiter un appartement tous frais payés à Londres durant toute la
durée de la formation donc…
La blonde posa un baiser qui se voulut apaisant dans le cou de sa petite amie avant de relever la
tête avec un sourire.
- Parlons de choses plus heureuses, d’accord ? Quel a été ton premier signe de magie dont tu te
souviennes ?
Lexa eut une moue pensive puis un sourire nostalgique.
- Ma mère était très malade et je me rappelle qu’elle ne souriait pas beaucoup. Alors pour la faire
rire, je me déguisais avec les vêtements que je trouvais dans l’armoire de sa chambre. Une fois, j’ai
eu la drôle d’idée de mélanger les vêtements. Je me suis donc retrouvée en robe avec des escarpins,
une cravate et un chapeau haut-de-forme. Le problème, c’est que, comme tu dois t’en douter, la
robe trainait au sol. Après seulement quelques pas disgracieux, je me suis pris les pieds dans le tissu,
le chapeau, bien trop grand, m’est tombé sur les yeux et, complètement aveuglée, je me suis étalée
de tout mon long sur le sol.
Les détails de l’histoire de Lexa aidant, Clarke n’eut aucun mal à s’imaginer la scène et éclata de
rire.
- Ma mère a ri aussi fort que toi, se rappela la brune. Ça lui a fait beaucoup de bien, je crois. En
tout cas, ça lui a donné assez d’énergie pour se redresser et s’assurer que j’allais bien. Et toi ?

La blonde souffla pour se calmer avant de parler :
- Je devais avoir trois ou quatre ans, se rappela-t-elle en rougissant, et mes parents évitaient de
me donner des sucreries parce que ça m’excitait trop. J’avais le droit à un bonbon ou à un cookie par
jour et ma mère veillait au grain car mon père ne pouvait pas résister à ma moue et m’en donnait
parfois un deuxième voire un troisième. Un jour, ma mère a catégoriquement refusé que je mange
un cookie en dessert si je ne mangeais pas mes carottes. Je suis devenue toute rouge de colère mais
je n’ai ni pleuré, ni crié, ni mangé mes légumes. Puis la boite à cookie a lévité du comptoir de la
cuisine jusqu’à la table et il s’est ouvert. Mes parents étaient bouche-bée et moi, j’étais heureuse de
pouvoir manger des cookies. Après avoir bien rit et avoir taquiné Clarke sur sa gourmandise, Lexa la
regarda avec un sourire taquin.
- Alors comme ça, les sucreries t’excitaient quand tu étais petite ?
- J’étais une vraie pile électrique, confirma Clarke en riant.
Heureusement, Lexa savait ce qu’était une pile et avait déjà entendu l’expression.
- Mais la méthode de maman a marché et maintenant je peux manger des sucreries, en quantité
raisonnable quand même, sans devenir une boule de nerfs.
- Donc les sucreries ne te font plus cet effet ?
- Non, réfuta-t-elle avec un sourire malicieux en approchant sa bouche de celle de la brune. Toi
par contre… Ajouta-t-elle en entamant un baiser langoureux.
Et Lexa s’y obligea sans se plaindre.